En cette période de confinement déstabilisant, le monde entier a des envies de vacances sous d’autres cieux que les siens. Y compris les Américains, contraints comme la plupart à un bouclage à l’intérieur de leurs propres frontières. La Smithsonian Institution leur révèle le Vieux Continent au fil des pages de son magazine mensuel, tel qu’il fut implanté sur le sol américain par les premiers émigrés désireux de garder le lien avec leurs contrées d’origine. Ce périple donne notamment le choix entre le Pays basque au cœur du Nevada, la Norvège dans l’État de Washington, les Pays-Bas dans le Michigan, la Grèce en Floride, la République tchèque au Texas, la Pologne dans le Connecticut, l’Allemagne dans l’État de Washington, la Suède dans le Kansas, l’Italie en Californie, l’Espagne en Floride ou encore la France en Louisiane. Partout, on peut retrouver d’une manière intacte des us et des coutumes venus d’ailleurs et cultivés dans toute leur authenticité au pays de l’Oncle Sam. Voici cinq de ces escales, « transferts » géographiques qui ont transformé la nostalgie et le mal du pays en forces vives.
Le Pays basque au cœur du Nevada
La petite ville de l’État du Nevada, nommée Winnemucca, compte 7 788 habitants et une grande concentration de restaurants basques. Une grande partie de ses terres appartient à des Américains originaires du Pays basque. Le premier groupe de leurs ancêtres était arrivé là en 1660 en tant qu’explorateurs, suivi d’une seconde vague en 1850, poussée par la ruée vers l’or. Selon Xabier Irujo, actuel directeur du Centre d’études basques à l’université du Nevada, la première génération d’émigrants s’était concentrée sur son intégration.
Après s’être bien imprégnée des us et coutumes américains, la seconde génération a pu se charger de faire revivre ses racines. Aujourd’hui à Winnemucca, on entend parler l’euskara, le dialecte basque, on se nourrit des spécialités du pays d’origine, (Pinxta, morue salée et Pastel vasco). On joue aussi à la pelote basque et on danse les traditionnelles Aurresku, Romerías et Jota. Des traditions appréciées de tous, même par la new generation qui laisse éclater sa basquitude durant un festival annuel très fréquenté.
« Little Norway on the Fjord » dans l’État de Washington
Située sur une péninsule de l’État de Washington, la ville de Poulsbo (10 927 habitants) a toujours été un havre pour les Norvégiens d’origine dont le parler a été considéré comme la première langue de cette ville américaine jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. En 1975, le roi de Norvège Olav V a même rendu visite à cette communauté. Jusqu’à présent, l’architecture, la culture et tous les aspects du mode de vie de la mère patrie restent omniprésents dans ce coin de l’État de Washington.
Les Pays-Bas dans le Michigan
Avec ses champs de tulipes à perte de vue et ses moulins à vent, la ville de Holland (33 327 habitants), dans l’État du Michigan, qui porte bien son nom, est la réplique même de la vraie campagne néerlandaise. Son nom lui a été donné par des émigrés calvinistes séparatistes hollandais arrivés là en quête de liberté religieuse, et qui avaient acquis des terrains dans cette région du Michigan pour s’y installer. Aujourd’hui, dans ce Holland made in USA, on peut découvrir, via une reconstitution historique animée, un artisan sculptant un sabot ou apprendre à interpréter la Klompendans, la traditionnelle danse des sabots.
La Grèce en Floride
Avec une personne sur dix d’origine grecque sur 25 000 résidents, Tarpon Springs en Floride peut se targuer d’avoir la plus grande concentration de Grecs dans une ville américaine. Tarpon Springs, ville côtière en bordure de Tampa vit intensément au diapason de la culture hellénique et des effluves de la gastronomie grecque émanent des nombreux restaurants situés sur un boulevard baptisé... Dodécanèse. Près de cent ans après que des plongeurs eurent émigré dans ce coin de Floride en quête d’éponges de mer, qu’ils avaient d’ailleurs baptisé la capitale du monde des éponges, les racines grecques de Tarpon Srings perdurent. À tel point que cette région a accumulé les jumelages avec plusieurs villes des bords de la mer Égée parmi lesquelles Kalimnos, Symi, Halki.
La République tchèque au Texas
Dans la petite ville de West, située entre Dallas et Austin, s’est élevée la Czech Heritage Capital of Texas, abritant la plus grande population d’émigrés tchèques des États-Unis. C’est aussi la capitale et le paradis des kolaches, ces petits gâteaux faits à partir de pâte feuilletée fourrée de confiture d’abricots ou de cerises. Cette spécialité, proposée par les nombreuses pâtisseries tchèques qui ont fleuri à West, est d’ailleurs devenue l’un des mets préférés des petits déjeuners des habitants de cette localité.
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