Hani Bohsali, président du syndicat des importateurs de produits alimentaires. Photo ANI
Le président du syndicat des importateurs de produits alimentaires au Liban, Hani Bohsali, a dénoncé vendredi dans un communiqué la contrebande de denrées subventionnées par la Banque du Liban (BDL), un phénomène qui, en plus d’être illégal, « épuise » les réserves de devises de la Banque centrale qui financent les mécanismes de subvention et « empêchent des familles nécessiteuses d’assurer leurs besoins quotidiens ». Il a appelé les autorités concernées à prendre des mesures pour retrouver et condamner les contrevenants.
Cette déclaration survient alors qu’un trafic de médicaments subventionnés qui se sont retrouvés sur le marché congolais a été mis en lumière en début de semaine et que des photos de produits alimentaires vendus dans d’autres pays, notamment en Turquie, avec des étiquettes affichant des prix en livres libanaises, ont été relayées par certains médias.
Un scandale supplémentaire pour un Liban en crise depuis plus d’un an et demi. Un pays dont 55 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, selon le dernier chiffre de l’Escwa, alors que l’exécutif se prépare à rationaliser les mécanismes actuels de subvention qui concernent plusieurs catégories de produits stratégiques (carburant, blé, médicaments, matériel médical) ou considérés comme de première nécessité.
Le CES pour un système de cartes
Hani Bohsali a en outre souligné « les réserves de son syndicat quant au mécanisme actuel de subvention sur les produits alimentaires ». Selon lui, un système basé sur une carte de financement serait plus à même de répondre aux besoins des plus pauvres. Une idée partagée par le Conseil économique et social (CES), présidé par Charles Arbid, qui a suggéré au cours d’une réunion virtuelle hier le lancement d’« une carte de financement alimentée par un solde en devises pour une période déterminée ». Cette carte serait accordée aux familles dans le besoin, soit « la majorité » de la population. Le concept de carte d’achat permettant d’acquérir certains produits est également la piste privilégiée par le ministère de l’Économie et du Commerce qui a coopéré avec la Banque mondiale pour mettre en place un mécanisme de ce type.
La sécurité alimentaire du pays, en confinement strict depuis le 14 janvier pour cause de pandémie de Covid-19, est en danger, ont averti ces derniers jours des commerçants et des industriels, qui ont également appelé cette semaine à une réouverture des supermarchés et des usines. Hani Bohsali avait ainsi mis en garde contre une « réduction de moitié des stocks alimentaires » en raison d’une baisse spectaculaire de l’activité, faisant chuter les liquidités nécessaires à l’importation.
Avec la chute des réserves de la BDL, une rationalisation des subventions est sur la table depuis plusieurs mois, mais sa perspective fait craindre une réduction drastique du pouvoir d’achat des Libanais, déjà sérieusement amputé par la dévaluation de la livre libanaise, les restrictions bancaires et un taux d’inflation élevé. Hier, la livre s’échangeait à 9 000 livres le dollar sur le marché noir selon le site Lebaneselira.org, soit près de six fois son taux officiel ancré à 1 507,5 pour un dollar.
commentaires (2)
Est ce que notre armée a les capacités d’arrêter la contrebande vers la Syrie, OUI ou NON? Si oui, pourquoi elle ne le fait pas! Car elle a des ordres politiques de ne pas le faire vu les contrebandiers....Si non, alors ne nous parlez plus d’impôts, de taxes, de TVA et surtout pas du Prestige de l’Etat et que tous les gouvernants rentrent chez eux et nous foutent la paix.
Lecteur excédé par la censure
11 h 44, le 07 février 2021