
De gauche à droite, Mona Fayad, Nadim Chéhadé, Régina Kantara, Lokman Slim et Sara Assaf. Photo tirée de la page Facebook de Mona Fayad
L’intellectuelle et essayiste Mona Fayad, l’une des figures de proue de la résistance culturelle chiite au Hezbollah, ne cache pas sa colère après l’assassinat de Lokman Slim, qu’elle interprète comme un « message » et une « leçon ». Elle répond aux questions de L’Orient-Le Jour.
Mme Fayad, comment réagissez-vous à l’assassinat de Lokman Slim, que vous avez bien connu ?
C’est moins de la tristesse que de la colère que je ressens, et une forte détermination à poursuivre le combat. Lokman a été assassiné au Sud, un fief du Hezbollah, et il n’en était pas à sa première menace. C’est pour moi un assassinat que ses auteurs ne cherchent pas du tout à cacher. Il veut dire : Attention, nous sommes là ! Et ce n’est que le début ! On veut effrayer les opposants et les souverainistes parmi les chiites. Lokman Slim était l’une des voix majeures de cette opposition. Son assassinat est parfaitement étudié et ciblé. Mais nous ne nous laisserons pas intimider. Nous ne nous tairons pas.
Ce message s’adresse-t-il uniquement aux opposants chiites ou revêt-il une dimension nationale ?
Cet assassinat doit servir de leçon à tous ceux qui croient encore que le Hezbollah peut s’amender et rentrer dans les rangs. À tous ceux qui doutent encore que les Libanais sont sous occupation. Cet acte ne s’adresse pas seulement aux Libanais, mais aussi à la communauté internationale. C’est un défi lancé au président Macron, qui croit encore à la distinction entre le Hezbollah et son « bras armé ». C’est un défi lancé au président Michel Aoun et au professeur d’université qui exerce aujourd’hui la fonction de Premier ministre sortant, et à tous ceux qui n’osent pas relever le défi que représente le Hezbollah. C’est un défi à tous, Arabes, Européens et Américains : Vous qui voulez relever le pays, voyez qui est en face de vous et pesez bien les moyens que vous comptez employer pour le faire !
Comment réagissez-vous personnellement à cette liquidation physique. Ne vous effraie-t-elle pas ? Et n’êtes-vous pas, de ce fait, tentée de répondre à la violence par la violence ?
Jamais ! À cet acte, notre réponse doit être plus que jamais de réclamer que l’État et ses forces de sécurité fassent leur devoir et nous protègent. C’est à l’État libanais de protéger ses citoyens. Nous devons répondre massivement, comme libanais, à ce défi. Pas question de recourir aux moyens violents dont ils se servent. Je suis contre la violence. Ce qui s’est passé est un défi lancé à nos forces de sécurité. Sur le plan personnel, certes, la question de ma propre sécurité se pose. Je suis mère et grand-mère comblée de deux adorables petits-enfants. Les miens seraient heureux que je choisisse de me mettre en sécurité hors du Liban. Mais il n’en est pas question. Ce n’est pas aujourd’hui que nous commencerons à perdre les pédales et à avoir peur !
commentaires (5)
JE M'INCLINE DEVANT LA RÉSONANCE DE CES BELLES PAROLES COURAGEUSES PATRIOTIQUES DE MADAME MONA FAYAD. L'ÉTAT DOIT LA PROTÉGER ET PROTÉGER LES LIBANAIS. MALHEUREUSEMENT ON N'A PLUS D'ÉTAT PRATIQUEMENT PARLANT DEPUIS QUE L'ÉNNEMI DE L'ÉTAT AOUN L'A VENDU AUX IRANIENS, COMME SI CET ÉTAT L'APPARTENAIT PERSONNELLEMENT. MERCI MADAME FAYAD.
Gebran Eid
11 h 58, le 05 février 2021