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Nos Lecteurs ont la Parole

Crise, krach... boum ?

Un étranger qui visiterait aujourd’hui la République libanaise pourrait croire qu’il vient d’être submergé par un raz-de-marée. Plutôt calme et feutrée il y a quelques années, elle retentit maintenant des éclats et des partis. Les opinions, jusqu’alors confidentielles, s’expriment parfois avec une violence et une liberté impensables encore il y a peu. Le peuple n’a pas hésité, dernièrement, à apporter le secours de la rue à ceux qui s’opposent aux décisions, au marasme économique et l’incertitude de vivre honorablement et paisiblement dans leur pays.

L’issue de la formidable partie de bras de fer qui s’est engagée entre le peuple et la classe dirigeante est encore incertaine. La crise financière et la banqueroute menaçante ne laissent à ceux qui gouvernent qu’une étroite marge de manœuvre en attendant qu’un gouvernement soit mis en place. Car une certitude est désormais acquise depuis le gouvernement Diab : les réformes tellement attendues ne verront pas le jour de sitôt. Une double difficulté se présente pour les gens du pouvoir : mettre fin à l’agitation qu’il a provoquée par des atermoiements, des paroles vides de sens ou par un silence mortel.

Nous vivons au jour le jour. Nous n’avons plus un sou en caisse et l’on s’attend d’un moment à l’autre à ce que le gouvernement suspende ses paiements. Pourtant, cela fait plus de deux ans maintenant que les gouvernements successifs cherchent à faire prévaloir leurs solutions, mais il faut reconnaître que les problèmes financiers de la République ne sont pas nouveaux. Pendant fort longtemps, les ministres les ont résolus, au moins temporairement, en recourant à des expédients. Ceux-ci ont été de deux sortes : l’annulation de force d’une partie de la dette ou encore le recours massif à l’emprunt, à l’instar de ce qu’avaient fait bon nombre de républiques bananières. Mais aujourd’hui, ces moyens paraissent dépassés. Emprunter est devenu impraticable, même aux taux les plus élevés, tant le crédit de l’État s’est dégradé.

Que faire ? Attendre des jours meilleurs. Jouir et bien vivre et manger le budget. Ne rien croire, tout exploiter; compromettre à la fois deux choses saintes, l’honneur et la foi. Rendre tout le monde ridicule. Mais on nous dit : n’allez-vous pas un peu loin ? N’êtes-vous pas injuste ? Concédez-leur quelque chose. N’ont-ils pas essayé de nous éclairer ? de nous donner un argent de poche pour combler le déficit budgétaire familial ? Nous avons déjà « apprécié » ces mesures à leur juste valeur.

La formation de l’avenir ? Mais cette formation prendra du temps car la classe dirigeante est inapte à entreprendre le changement. Elle se sent hideuse. Elle ne veut pas de portrait, surtout pas de miroir. Elle se réfugie dans la nuit. Si on la voyait, elle en mourrait. Or elle veut durer. Elle n’entend pas qu’on parle d’elle, qu’on la raconte. Elle a imposé le silence autour d’elle. Certes, ces politiciens s’agitent, rendons-leur cette justice : ils ne restent pas un moment tranquilles ; ils sentent autour d’eux avec effroi la solitude et les ténèbres ; ceux qui ont peur la nuit chantent, eux se remuent. Ils font rage, ils touchent à tout, ils courent après les « projets » ; ne pouvant créer, ils décrètent ; ils cherchent à donner le change à leur nullité. C’est le mouvement perpétuel ; mais hélas ! cette roue tourne à vide.

La seule façon de redonner au président et à son « gouvernement » les moyens qui leur manquent consisterait à augmenter les impôts. Mais ceux qui supportent actuellement la majeure partie du fardeau fiscal ne pourraient tolérer un alourdissement de leurs charges.

Dans l’immédiat, l’État doit vivre avec un déficit budgétaire annuel énorme, sans compter la dette publique qui s’élève à 94 milliards de dollars.

Seul un gouvernement technocrate dévoué capable et libre de tout engagement politique peut permettre la remise en ordre des finances publiques et donner aux Libanais l’espoir de continuer à vivre en paix.


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Un étranger qui visiterait aujourd’hui la République libanaise pourrait croire qu’il vient d’être submergé par un raz-de-marée. Plutôt calme et feutrée il y a quelques années, elle retentit maintenant des éclats et des partis. Les opinions, jusqu’alors confidentielles, s’expriment parfois avec une violence et une liberté impensables encore il y a peu. Le peuple n’a pas...

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