Levon Ourishian est un flâneur invétéré dont les fans sur Instagram célèbrent les photos ozonées depuis plusieurs mois. Son compte, baptisé The Stray Compass, la boussole errante, dit bien ce qu’il veut dire. Épris de liberté, il semble aussi insouciant du parcours que du lieu d’arrivée. « Je publiais des photos que j’avais prises montrant les magnifiques montagnes, paysages et nature du Liban lors de mes randonnées et campings », confie-t-il. Mais tout comme le jeune inventeur suédois du célèbre sac Fjällräven, il réalise très vite qu’il a avant tout besoin de légèreté et de confort pour aller plus loin et oublier les limites. « À un moment donné, j’ai senti le besoin d’avoir un sac à dos suffisamment robuste pour durer longtemps et supporter les traitements extrêmes sans avoir cet aspect froid des accessoires contemporains. Je voulais quelque chose qui se marie bien avec les couleurs et les textures de la terre. Tous ceux que j’ai trouvés étaient trop génériques, bon marché ou trop chers. Et bien sûr, rien de local », explique l’aventurier qui décide ainsi de créer le sien qu’il baptise The Discoverer. « The Discoverer est le premier modèle que j’ai cousu. Au début, je ne cherchais qu’à façonner un sac à dos pour moi-même, sans aucune intention de le vendre. Mais je me suis épris de ce processus qui consistait à tout faire moi-même, de A à Z, et à me retrouver avec un produit que je cherchais initialement à acheter », raconte Levon Ourishian. Le sac terminé, il publie quelques photos. Les abonnés de The Stray Compass commencent à montrer de l’intérêt. Il se résout à en fabriquer d’autres et à les vendre sur commande. Dans la foulée, le créateur, qui continue à écouter ses propres besoins, se lance dans la fabrication d’autres produits et modèles, dont une trousse fonctionnelle et une élégante veste multipoches.
C’est ainsi qu’il s’insère sans le savoir dans une niche qui rassemble une clientèle d’amateurs et de puristes. Ses propres besoins, décidément, répondent à ceux de ses abonnés, comme lui déçus par les articles disponibles sur le marché soit trop chers, soit trop peu attrayants. « Tous nos articles sont fabriqués à la main par nos soins dans notre petit atelier au Liban », précise cet esthète du grand air converti directeur de création, qui ajoute : « J’étais le seul designer derrière la marque jusqu’à il y a quelques semaines, lorsqu’un ami cher est monté à bord. »
L’évolution de The Stray Compass continue à se faire de manière organique, tous les articles étant encore réalisés sur commande. Selon son niveau de complication, chaque modèle nécessite entre un et quatre jours de fabrication. Tous les éléments et matériaux sont sélectionnés dans une palette de couleurs naturelles, des textures et des formes organiques « qui se marient bien avec la nature », insiste Ourishian pour qui cette exigence est incontournable, ainsi que la qualité des produits et des finitions. « Nous voulons pousser les gens à toujours dire oui à toutes les aventures, à être en harmonie avec la nature, à croire au Liban et à en prendre soin, car il a plus que jamais besoin de nous », professe Ourishian, un homme heureux, somme toute, qui consacre son confinement à préparer de grandes évasions.