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Société - Développement

Dawrati, Green Track, Fawra... Dix initiatives libanaises financées par la France

« Le but est de permettre à ceux qui investissent de rester dans le pays et de continuer à y croire », explique Ina Pouant, directrice adjointe de l’IFL et attachée audiovisuelle régionale.

Dawrati, Green Track, Fawra... Dix initiatives libanaises financées par la France

Green Track entend démocratiser le tri et le reyclage dans le nord du pays. Photo Facebook/greentrack.lb

Dix projets de développement portés par des Libanais ambitieux sont incubés depuis plusieurs mois par un programme financé par la France. De quoi redonner espoir aux entrepreneurs de 16 à 40 ans, à l’heure où le pays est confronté à une grave fuite des cerveaux provoquée par la crise économique galopante. Lancé par les services de coopération et d’action culturelle de l’ambassade de France à Beyrouth et l’Institut français du Liban (IFL), le programme « Omdi », qui signifie en arabe « aller de l’avant » et « laisser le passé derrière soi », s’est donné pour mission d’aider ces projets à se faire une place sur le marché local.

« Omdi a pour objectif de soutenir les initiatives locales de la jeunesse libanaise, en phase avec les mouvements qui traversent la société », explique Ina Pouant, directrice adjointe de l’IFL et attachée audiovisuelle régionale. « Le but est d’aider la jeunesse à maintenir son engagement, et de permettre à ceux qui investissent de rester dans le pays et de continuer à y croire », indique-t-elle à L’Orient-Le Jour. « Il y a plus d’énergie que jamais chez les jeunes, constate Mme Pouant. Nous voulons les inciter à travailler avec les municipalités et à mener des projets de démocratie participative. »

Tri, recyclage, soins de santé...

Quatre des dix projets parrainés par Omdi s’occupent principalement de tri à la source et de recyclage : à savoir Green Track (Tripoli), Precious Plastic Lebanon (Feytroun), Reseco (Ghbaleh, Mont-Liban) et Sharing Municipalities (Aïn el-Rihane, Mont-Liban). Un intérêt qui en dit long sur les besoins pressants dans le domaine de la gestion des déchets ménagers dans le pays. Management of Agricultural Waste Biomass, une société créée à Tyr, travaille pour sa part à la production d’un biocarburant destiné à être utilisé comme ressource énergétique verte en exploitant la composition de la biomasse des déchets des moulins à huile.

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Dawrati lutte contre la précarité menstruelle des Libanaises et des migrantes dans tout le pays, Fawra est un média indépendant né dans la foulée du soulèvement populaire d’octobre 2019, The Gold Clinic est une clinique médicale créée par un étudiant en médecine à l’Université américaine de Beyrouth et qui offre des consultations gratuites aux seniors vivant dans la précarité. Youth Against Corruption est une initiative qui contribue à contrôler et à prévenir la corruption de manière plus innovante et plus efficace. Quant à l’initiative Hydroscientist, il s’agit d’un projet scientifique breveté par les ministères de l’Économie et du Commerce, et de l’Industrie. Les chercheurs à l’origine du projet ont créé un filtre en polyuréthane dopé au charbon actif à base de tiges de banane pour traiter la pollution de l’eau et faciliter la désalinisation de l’eau de mer.

Sélectionnées parmi 200 candidats par Omdi, ces microentreprises bénéficient d’une aide financière et d’un encadrement assuré par l’incubateur d’innovation sociale Makesense. Celui-ci conçoit et accompagne des programmes d’impact, et des collaborations entre des citoyens engagés et des entrepreneurs sociaux pour s’attaquer collectivement aux problèmes sociaux et environnementaux. Un site internet dédié à Omdi a été lancé en juin dernier

Fawra Media, un organisme de presse indépendant, fait partie des projets soutenus par Omdi Photo Facebook/fawramedia

« Que les règles ne soient plus taboues »

Les auteurs de deux projets ont partagé leur expérience avec L’Orient-Le Jour. « Avec Omdi et Makesense, nous voulons travailler à institutionnaliser Dawrati », explique Line Masri, qui a monté cette initiative avec une amie, Rana Haddad, pour combattre la précarité menstruelle « Nous avons présenté une demande pour être reconnues comme une ONG. Nous aimerions être considérées comme une entreprise sociale. Notre but est, à terme, d’aider les femmes à être autonomes », explique-t-elle. « Nous avons suivi une série de cours en ligne avec des spécialistes qui nous ont aidées à monter un business plan, à mettre en place une structure. Chaque projet bénéficie également d’un mentor qui le conseille », ajoute Line, dont le projet a été lancé en mai 2020. « Nous avons distribué deux millions de serviettes hygiéniques dernièrement à travers le pays, à des Libanaises, ainsi qu’à des migrantes et des travailleuses domestiques. Nous voulons faire en sorte que la question des règles ne soit plus taboue », explique encore Line Masri.

Dawrati a déjà organisé des sessions de sensibilisation à Beyrouth, Saïda et Tyr. « Pour Noël, nous avons mené une campagne de distribution de serviettes hygiéniques aux femmes qui venaient d’accoucher à l’hôpital de la Quarantaine », indique la jeune femme. Ces derniers mois, de nombreuses femmes rencontrent de plus en plus de difficultés à acheter des serviettes hygiéniques, dont les prix ont flambé avec l’inflation.

L'ONG Dawrati combat la précarité menstruelle grandissante au Liban.

Recyclage à Tebbané et Jabal Mohsen

Khodr Eid, 30 ans, a lancé Green Track en 2016. Il a pu bénéficier d’un coup de pouce offert par Omdi pour poursuivre ses activités et tenter de conquérir de nouveaux marchés. « Je suis en contact permanent avec mon mentor. J’ai reçu une aide de 10 000 dollars qui va me permettre de réaliser plusieurs projets, dont la distribution de brochures pour sensibiliser au recyclage », explique le jeune homme.

Green Track est née d’un projet sur le tri des déchets effectué dans le cadre d’un cours suivi par Khodr à l’École supérieure des affaires il y a quelques années. Aujourd’hui, cette ONG est très active à Tripoli, ville dont le jeune homme est originaire. « J’ai commencé à faire de la sensibilisation dans les quartiers de Tebbané et Jabal Mohsen il y a plusieurs années. Ma mère et des femmes du quartier m’ont aidé en rencontrant les habitants et en effectuant à leur tour un travail de sensibilisation », raconte Khodr à L’OLJ. Aujourd’hui, 47 familles issues de ces quartiers populaires pauvres trient leurs déchets recyclables et les déposent chez Green Track. Le jeune homme est actuellement en négociation avec plusieurs municipalités pour tenter d’implanter le tri à la source et le recyclage dans d’autres localités du pays.

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