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Culture - Portrait d’artiste

Quand Maya Tabet Noun remet le pied à l’étrier

Le documentaire de la cinéaste, « Nasmet tango » (« Une brise de tango »), tourné à Deir el-Qamar, a reçu le prix de l’audience du Festival du cinéma arabe Collab de Los Angeles (AFFC) qui s’est tenu virtuellement début décembre. Un film qui la ramène vers sa passion première :

le 7e art.

Quand Maya Tabet Noun remet le pied à l’étrier

Maya Tabet Noun : « J’ai envie de faire des films qui inspirent. » Photo DR

Au XXIe siècle, le 7e art demeure le meilleur moyen de traduire des expressions diverses à travers des images. Et ceci, Maya Tabet Noun l’a compris depuis longtemps. Comment aurait-elle pu ne pas sentir le souffle de ce phénomène magique alors que son père, Sylvio Tabet, le producteur libanais, l’a nourrie de cinéma depuis son enfance ? À travers plusieurs et divers projets cinématographiques, elle va tenter d’explorer ce medium, mais aussi de faire un voyage intérieur qu’elle partage avec le spectateur. Après une pause de quelques années (due à des circonstances familiales), elle remet aujourd’hui le pied à l’étrier. Après le documentaire Nasmet tango, qui vient de recevoir une récompense chère à son cœur, celle de l’audience au Festival du cinéma arabe Collab de Los Angeles (Arab Film Fest Collab, AFFC), elle s’applique déjà à l’écriture d’une fiction en puisant, dans son vécu personnel, un florilège d’émotions.

L’amour du spectacle

La caméra, elle l’a apprivoisée très jeune, dès l’âge de 8 ans, en apparaissant dans des publicités réalisées par son père. Son goût poussé pour la scène la faisait porter maints rôles et déguisements lorsqu’elle jouait dans des pièces de théâtre concoctées par elle, en compagnie de ses amis. Avec une joie exquise, elle les présentait devant les voisins par pur plaisir. Lorsque ses parents divorcent, son père Sylvio Tabet s’installe en France, abandonne la publicité pour se consacrer au grand écran, et la jeune Maya reste au Liban. À l’âge de 17 ans, sa décision est prise. Elle fera elle aussi du cinéma. « J’avais observé mon père lorsqu’il travaillait sur le plateau de tournage de The Cotton Club de Francis Ford Coppola, un film dont il était le coproducteur avec Robert Evans. Moi-même, j’ai été à la fois stagiaire et figurante dans ce film. » Une expérience exaltante lors de laquelle elle suit tout le processus cinématographique avec attention et passion. « J’ai passé deux mois à New York avec mon père qui était très présent dans la démarche cinématographique puisqu’il s’est arrangé pour sauver le film alors que ce dernier souffrait de nombreux problèmes financiers. » La jeune femme poursuit par la suite des études de cinéma à Los Angeles, mais n’arrive pas à lancer sa carrière. Elle est aussi rattrapée par la vie conjugale puis familiale. Elle décide de mettre donc son travail en veilleuse, en attendant l’occasion de combler sa passion pour le 7e art.

Pour mémoire

Le tango souffle sur les villages

Avec Nasmet tango, réalisé il y a deux ans, avant la vague du coronavirus, elle a le sentiment de commencer sa carrière. « Ce sont mes premiers pas. J’avais mis de côté mes rêves de cinéma car ma fille avait été très malade. J’ai voulu me consacrer entièrement à elle, affirme-t-elle. Aujourd’hui, l’épreuve est passée et mes deux filles ont grandi. Je peux donc accorder plus de temps à ma carrière et lui assurer un second envol. » Nasmet tango est un court documentaire né d’une initiative commune. « J’avais fait, à Los Angeles, la connaissance de la célèbre danseuse et enseignante argentine Monica Orozco qui m’a appris, alors que j’étais au creux de la vague, à gérer mon mental tout en retrouvant l’équilibre du corps. Nous avons pensé exporter cette initiative au Liban, dans le village de Deir el-Qamar, en y donnant un séminaire. » C’est de là qu’est né le documentaire. Parmi les habitants du village qui participent à la danse, la caméra s’attarde sur Fadia et Élie, deux protagonistes du film qui sont le reflet de nombreux couples en difficulté aujourd’hui et qui vont apprendre à « se guérir » en dansant. « Ce film est un peu ma carte de visite, confie la cinéaste. J’avais déjà réalisé pour l’ordre de Malte en 2006 un court documentaire de 30 minutes, Nafhet amal, qui a eu son petit succès. Nasmet tango, auquel je m’étais accrochée, a été interrompu par la seconde maladie de ma fille. Aussitôt son traitement terminé à Memphis, on a entamé le montage puis la promotion. »

Pour Maya Tabet Noun, ce sont des histoires de vie qui se mettent au cinéma, du réel qui se mélange à la fiction, donnant à l’histoire plus de puissance. « J’ai envie de faire des films qui inspirent et qui aient une charge émotionnelle qui capte l’intérêt du spectateur. Par ailleurs, si je reconnais que la technique manque un peu à mon travail, je suis confiante, le temps et l’expérience pourront parer à ce manque. Je m’y mets donc. » Ainsi soit-il…

1973

« J’avais sept ans et j’allais chaque samedi au cinéma. Le samedi où je suis allée voir “Gone With the Wind” (“Autant en emporte le vent”), j’ai ressenti mon premier élan pour la magie du 7e art.

1982

« À cause de la guerre, nous nous étions réfugiés à la montagne. Durant cet hiver-là, j’ai tourné mon premier film, “Il était une fois...”, avec mon frère et mes amis. »

1983

« J’avais 17 ans. J’ai travaillé comme stagiaire sur le tournage du film “The Cotton Club” réalisé par Francis Ford Coppola. C’est là que j’ai eu la confirmation que je voulais poursuivre des études de cinéma à Los Angeles. »

1998 et 2001

« Naissance de mes filles, qui m’a comblée d’un bonheur incomparable. »

2008

« Un dur défi à relever, la maladie de ma fille, qui aujourd’hui est guérie de deux cancers. »

2015

« Le tournage de “Nasmet tango” (“Une brise de tango”) me redonne l’opportunité d’entamer ma carrière et une nouvelle phase dans ma vie. »


Au XXIe siècle, le 7e art demeure le meilleur moyen de traduire des expressions diverses à travers des images. Et ceci, Maya Tabet Noun l’a compris depuis longtemps. Comment aurait-elle pu ne pas sentir le souffle de ce phénomène magique alors que son père, Sylvio Tabet, le producteur libanais, l’a nourrie de cinéma depuis son enfance ? À travers plusieurs et divers projets...

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