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Société - Indexation des frais universitaires

Les étudiants libanais laissent éclater leur colère et crient leurs revendications

Des échauffourées ont éclaté dans la soirée entre les universitaires et les forces de l'ordre devant l'AUB. 
Les étudiants libanais laissent éclater leur colère et crient leurs revendications

Des étudiants manifestants, samedi 19 décembre à Beyrouth, contre l’augmentation des frais d’inscription, liée à la chute de la valeur de la livre libanaise. AFP / ANWAR AMRO

Quelques centaines d'étudiants se sont rassemblés samedi à Beyrouth, dans le quartier commerçant de Hamra, à l'occasion d'une "journée de la colère" organisée pour protester contre l'indexation des frais universitaires au taux de 3.900 livres libanaises pour un dollar, au lieu du taux officiel de 1.500 livres. Lors de ce sit-in, organisé par les regroupements et clubs laïcs ou indépendants des formations politiques libanaises dans les principales universités privées du pays, les jeunes manifestants ont fait entendre différentes revendications concernant notamment l'importance de la transparence et de l'implication du corps estudiantin dans les prises de décision des institutions d'enseignement supérieur. 

"Les étudiants sont en première ligne du combat politique", "Le mouvement étudiant national ne pliera pas" ou encore "Nous voulons des conseils étudiants élus", pouvait-on lire sur les pancartes et banderoles brandies par les participants. "Pour une nation libre et laïque", chantaient-ils, reprenant également des slogans du soulèvement populaire du 17 octobre 2019, encadrés par une forte présence policière et militaire. 

Transparence et participation

Un porte-parole du mouvement a ensuite cité dans un discours les différentes revendications du mouvement, à commencer par le retour des universités sur la décision de dollariser leurs frais de scolarité, et l'intervention de l'État sur cette question. Les étudiants réclament aussi une meilleure transparence financière de la part des établissements et une participation améliorée des étudiants dans les prises de décision administratives. 

Plus tard, un cortège s'est formé avant de sillonner les rues de la capitale libanaise, au rythme des slogans et des chants révolutionnaires, appelant entre autres à "la chute des partis et des chefs de file datant de la guerre civile".

Dans la soirée, des échauffourées ont éclaté entre les forces de l'ordre et les manifestants lorsque ces derniers ont voulu entrer sur le campus de l'AUB. Les policiers ont alors lancé du gaz lacrymogène en direction des universitaires encore sur les lieux, dont certains ont répliqué en jetant des projectiles dans leur direction. Après avoir été dispersés par la brigade antiémeute et l'armée, certains manifestants s'en sont pris aux devantures de banques du quartier, dont ils ont brisé les vitres, et on bloqué les rues avec des bennes à ordure. D'après le groupe Facebook Akhbar al-Saha, qui couvre les différentes actions du soulèvement populaire, un jeune homme aurait été arrêté. 

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Les frais des études ont été indexés au cours deux dernières semaines par plusieurs universités privées du Liban, notamment l'Université américaine de Beyrouth et l'Université libano-américaine, au taux de 3.900 livres libanaises pour un dollar, au lieu du taux officiel de 1.500 livres, comme c'était le cas jusqu'à présent. Cette décision avait déjà été dénoncée par les étudiants lors de plusieurs sit-in devant les universités, ainsi que dans des rassemblements de jeunes du mouvement Amal et du Parti socialiste progressiste, devant le ministère de l'Éducation. 

Le taux de 3.900 livres est observé par les banques pour quelques transactions, ainsi que chez les changeurs agréés, sur un nombre très limité d'opérations de change, tandis que le taux officiel de 1.500 livres est devenu quasiment virtuel, sauf par exemple pour les versements de la majorité des salaires. Depuis le début de la crise financière et économique au Liban, il y a plus d'un an, les banques ont imposé des restrictions aussi drastiques qu'illégales sur les retraits des dépôts. La monnaie nationale, indexée sur le dollar, a connu une forte dévaluation. Il faut ces derniers jours plus de 8.500 livres pour un dollar au taux du marché noir.
Le ministre sortant de l'Éducation Tarek Majzoub avait demandé aux universités privées, lors d'un Conseil pour l'enseignement supérieur, de fixer leurs frais d'études au taux officiel pour les étudiants libanais. 

Parallèlement à la polémique sur l'indexation des frais universitaires, les dernières semaines ont été marquées dans le milieu estudiantin par les victoires consécutives des clubs laïcs et d'étudiants non liés aux partis politiques traditionnels dans des scrutins organisés dans les différentes universités pour élire les représentants étudiants. Forts de ces succès électoraux, l'association Mada, qui souhaite organiser les mouvements estudiantins à l’échelle nationale, a réuni samedi à midi au théâtre Tournesol, quartier Tayouné à Beyrouth, tous les représentants des mouvements laïcs des universités libanaises. L'association souhaite créer une organisation commune pour la défense des droits des étudiants dans tout le Liban et fait de la lutte contre la dollarisation des frais universitaires un de ses principaux chevaux de bataille. 


Quelques centaines d'étudiants se sont rassemblés samedi à Beyrouth, dans le quartier commerçant de Hamra, à l'occasion d'une "journée de la colère" organisée pour protester contre l'indexation des frais universitaires au taux de 3.900 livres libanaises pour un dollar, au lieu du taux officiel de 1.500 livres. Lors de ce sit-in, organisé par les regroupements et clubs laïcs ou...

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