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Politique - Partis

Geagea définit ses priorités : des législatives anticipées pour « en finir avec le pouvoir actuel »

Le leader des FL se dit déterminé à mener la bataille pour le maintien de la loi électorale actuelle.

Geagea définit ses priorités : des législatives anticipées pour « en finir avec le pouvoir actuel »

Samir Geagea communiquant avec ses partisans via Zoom. Photo Aldo Ayoub

« Le meilleur livre à lire à l’heure actuelle ? “Comment en finir avec le pouvoir en place’’. » C’est ainsi que le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, a répondu à une question portant sur le meilleur ouvrage qu’il conseille à ses partisans.

Mais en réalité, cette affirmation, marquée d’ironie de la part du leader des FL, est loin d’être une simple réponse à une question. Elle résume la bataille que Meerab mène aujourd’hui, face à un pouvoir qu’il juge défaillant.

Au vu de son actuel positionnement politique, il est normal aux yeux de certains observateurs de voir le leader de Meerab attaquer le pouvoir en place. Il s’agirait pour lui d’une façon d’attirer un plus large public, notamment dans les rangs du mouvement de contestation qui brandit toujours le fameux slogan « Kellon yaani kellon » (tous veut dire tous).

Mais Samir Geagea ne perçoit pas les choses sous cet angle. Pour lui, la bataille vise surtout à en finir avec une classe politique dont les piliers sont « catastrophiques ». Il s’agit du Courant patriotique libre et du tandem Amal-Hezbollah. Le chef des FL définit ainsi clairement son objectif pour la prochaine phase et ne voit qu’un moyen pour y arriver : des législatives anticipées. À travers cette position, il converge avec plusieurs parties hostiles au pouvoir en place, qui exercent des pressions dans ce sens depuis la tragédie du 4 août dernier. Mais au vu de ses rapports en dents de scie avec nombre de ces parties, notamment le courant du Futur et le Parti socialiste progressiste, M. Geagea compte d’abord sur sa propre base populaire pour mener à bien cette bataille. « Je veux que vous soyiez prêts pour les législatives anticipées comme si elles se tenaient demain », a-t-il lancé, lundi soir, à l’adresse de quelque quatre mille partisans FL, lors d’une réunion tenue à Meerab via l’application Zoom, Covid-19 oblige.

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Il s’agit de la toute première fois que le chef des FL communique avec un aussi grand nombre d’adhérents en même temps, sachant qu’il tient des réunions régulières tant avec le directoire de sa formation qu’avec les partisans FL à travers le monde.

Il va sans dire que dans ce genre de meetings, généralement tenus à huis clos, les positions politiques sont affirmées plus facilement. « Il faut en finir avec la majorité actuelle à travers des élections anticipées et tous nos efforts iront dans ce sens dans la prochaine phase », a lancé M. Geagea, avant de s’étendre sur les raisons de l’impasse actuelle. « Ce sont le CPL et le tandem chiite qui se tiennent derrière la crise actuelle, dans la mesure où ils détiennent la présidence de la République, mais aussi une majorité à la Chambre et au sein du gouvernement », a-t-il poursuivi. Une position qui s’inscrit dans la continuité de ses récentes diatribes contre le pouvoir en place.

Samir Geagea semble toutefois conscient que plusieurs obstacles entravent la tenue d’élections législatives, notamment la réouverture du débat autour de la loi électorale. En dépit de l’opposition chrétienne radicale à toute modification de la législation actuelle (la proportionnelle appliquée à quinze circonscriptions avec vote préférentiel au niveau du caza), le président de la Chambre, Nabih Berry, insiste pour que la loi actuelle soit remplacée par une formule prévoyant la proportionnelle appliquée au Liban en tant que circonscription unique.

Après avoir réussi, à trois reprises, à reporter sine die les discussions concernant cette question conflictuelle, Samir Geagea semble plus que jamais convaincu de sa démarche : « La loi actuelle est la meilleure (pour les chrétiens) depuis 50 ans. Et ceux qui proposent d’autres moutures prétendant vouloir abolir le confessionnalisme politique sont ceux qui portent le discours confessionnel », a-t-il estimé dans une pique en direction de Nabih Berry, même si les rapports entre les deux parties sont généralement bons.

Le mouvement de contestation et le gouvernement

Sur ce point portant sur la loi électorale, le leader des FL converge avec le CPL et diverge avec le mouvement de contestation. Mais il semble de plus en plus attaché à son positionnement actuel. Il s’efforce de réfuter toutes les intentions prêtées à sa formation de s’infiltrer dans les rangs de la thaoura et de vouloir en profiter politiquement. « Nous étions les premiers à plaider en septembre 2019 pour la formation d’un cabinet de spécialistes indépendants et à évoquer la tenue des législatives anticipées », martèle-t-il.

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Mais il reconnaît que le mouvement de contestation a marqué un point important face à la classe dirigeante, de laquelle M. Geagea prend bien soin de se distancier. Il rappelle ainsi que son parti a claqué la porte du gouvernement Hariri au lendemain des manifestations d’octobre 2019. « Le mouvement de contestation a frappé les partis au pouvoir de plein fouet et mis un terme aux mensonges. Les effets de cette action pourraient se faire sentir lors des prochaines législatives », estime le chef des FL, soulignant que c’est grâce au mouvement de contestation que des chefs de gouvernement et des ministres sont poursuivis en justice (dans l’affaire du 4 août), et qu’aucune formation n’ose nommer une personnalité politique pour le prochain gouvernement. « Il n’est actuellement question que de spécialistes, même s’ils seront choisis par les protagonistes politiques », précise-t-il.

Sauf qu’en dépit de cela, le processus gouvernemental bute toujours sur des obstacles principalement liés au partage du gâteau. Un bras de fer qui semble loin de prendre fin. « La mise en place du gouvernement sera difficile, parce que la majorité actuelle est dans l’incapacité de mettre sur pied une nouvelle équipe », déplore M. Geagea. Et ce, en dépit de la pression exercée par la communauté internationale, à une semaine de la visite du chef de l’Élysée, Emmanuel Macron, à Beyrouth le 22 décembre. « Le président français doit venir au Liban pour le peuple libanais d’abord, mais il ne peut plus parier sur la classe dirigeante » a enfin estimé Samir Geagea.

« Le meilleur livre à lire à l’heure actuelle ? “Comment en finir avec le pouvoir en place’’. » C’est ainsi que le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, a répondu à une question portant sur le meilleur ouvrage qu’il conseille à ses partisans. Mais en réalité, cette affirmation, marquée d’ironie de la part du leader des FL, est loin d’être une simple...

commentaires (6)

Cinéma de voyou ...

aliosha

18 h 53, le 16 décembre 2020

Tous les commentaires

Commentaires (6)

  • Cinéma de voyou ...

    aliosha

    18 h 53, le 16 décembre 2020

  • Nous ne sommes pas nés hier .: l'opportunisme continue et bat son plein . Si c'est ca la politique , ce n'est donc que du mensonge

    Lecteurs OLJ 2 / BLF

    13 h 47, le 16 décembre 2020

  • Désolé Monsieur Geagea : Depuis votre faute LOURDE cad l’accord de MEERAB . Nous voilà dans la mouise. Faute impardonnable. Désolé. Aucune confiance en vous aussi.

    LE FRANCOPHONE

    08 h 52, le 16 décembre 2020

  • « Le président français doit venir au Liban pour le peuple libanais d’abord, mais il ne peut plus parier sur la classe dirigeante » a enfin estimé Samir Geagea. A bon entendeur...

    Citoyen libanais

    07 h 05, le 16 décembre 2020

  • On comprend bien que le Hezbollah, Amal et CPL sont merdiques, mais les FL et autres sont tout aussi merdiques… Bref, une crotte divisée

    Fadi Chami

    06 h 38, le 16 décembre 2020

  • Est ce que de nouvelles élections législatives vont profondément changer le paysage politique actuel ? Soyons lucides, à part un éventuel rééquilibrage entre les FL et le CPL et les Kataeb pour les sièges chrétiens et dito pour les sièges sunnites, le reste de la chambre sera comme l’actuelle. Des nouvelles têtes de la société dite civile émergeront sans doute mais resteront bien orphelines. En tous cas, quels que soient les résultats, le Hezbollah maintiendra sa mainmise sur la vie politique grâce à ses armes. Tous les autres discours ne sont que du bla bla

    Lecteur excédé par la censure

    05 h 55, le 16 décembre 2020

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