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Nos Lecteurs ont la Parole

À quarante ans, c’est une nouvelle jeunesse

À quarante ans, c’est un âge qui marque une étape dans la vie, un seuil mystérieux qui se situe entre le premier gros choc, causé par l’achat de la maison, et le suivant, quasi fatal, qui viendra quand les enfants aborderont les études supérieures. C’est le moment précis où le réfrigérateur et la machine à laver – qu’on a eu tant de peine à payer – n’en peuvent plus, et où il faut absolument les remplacer, ainsi que le tapis et les housses où les enfants ont fait des taches qu’on ne peut plus enlever : c’est le moment où les branches mortes des arbres chênes doivent être coupées avant la prochaine pluie.

Au milieu de tout cela, on a ses quarante ans et, comme on a acquis une certaine expérience, on se rend compte qu’on s’en tirera. Une vague sensation de libération s’empare de nous à l’idée que nous pouvons maintenant oublier tout ce qui concerne La Revue du Liban, le journal Le Réveil et l’éditorial de la revue Spécial. Nous sommes nous-mêmes, et pas n’importe qui, un homme qui entre la tête haute dans l’été de la vie. Fini d’avoir subitement la gorge serrée quand un personnage haut placé daigne nous adresser la parole. Nous avons beau nous tracasser pour nos enfants, en fin de compte, ils ont atteint cet âge magique, situé entre les premiers pas et la puberté, d’ou le fait qu’ils deviennent une compagnie charmante à éduquer amicalement.

Puisqu’il est trop tard pour acquérir une maîtrise réelle en un domaine nouveau, nous sommes libres d’essayer nos talents dans toutes les voies où nous n’avons pas encore osé nous engager. Nous pouvons, sans aucun complexe, nous adonner à la peinture, à la flûte ou à la marche. Qu’importe d’avoir l’air ridicule ! Et pour les mêmes raisons, nous pouvons refuser de danser le « cha-cha-cha » ou de plonger du tremplin le plus élevé dans une piscine olympique.

À quarante ans, on peut flirter dans les cocktails en toute simplicité, porter une casquette excentrique de capitaine de bord ou un nœud papillon fantaisiste, accepter de donner à un mendiant un billet généreux, regarder la télévision à une heure tardive, refuser de faire partie de vains comités d’école et choisir ses amis parmi les gens qui nous plaisent.

Et si, une fois rentrés à la maison, au moment de nous coucher, ouvrant la fenêtre pour humer l’air de la nuit, tandis qu’une musique douce vient comme un écho de loin nous rappeler de vieux souvenirs, nous sommes heureux de nous trouver là. Alors, tenons bon, cher ami, nous avons pris possession du royaume mystérieux de nos quarante ans qui fait démarrer une seconde jeunesse. Et c’est une de ces choses qui ne durent pas éternellement.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

À quarante ans, c’est un âge qui marque une étape dans la vie, un seuil mystérieux qui se situe entre le premier gros choc, causé par l’achat de la maison, et le suivant, quasi fatal, qui viendra quand les enfants aborderont les études supérieures. C’est le moment précis où le réfrigérateur et la machine à laver – qu’on a eu tant de peine à payer – n’en peuvent plus, et...

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