
Dans le cadre des réformes envisagées dans le secteur du médicament, la subvention des produits en vente libre sera arrêtée. Photo d’illustration Bigstock
Depuis que les discussions relatives à la rationalisation des subventions sur le médicament ont été entamées, un vent de panique plane sur la population qui craint ne plus avoir accès à différents traitements, d’autant que ceux-ci « risquent de renchérir », à l’instar « des médicaments en vente libre » qui sont les premiers à être englobés par cette mesure et « qui sont toujours essentiels ». Nombreux sont ceux à brandir, en exemple, le paracétamol.
Le dossier du médicament a ainsi été hier au centre de la réunion qu’a tenue la commission parlementaire de l’Administration et de la Justice, sous la présidence de Georges Adwan, qui a affirmé que « la loi sur le médicament figure en tête de liste des priorités de la commission ». Précisant que « l’État libanais a versé en un an quelque six à sept milliards de livres libanaises en subventions » dans différents secteurs (médicaments, carburants, produits alimentaires), le parlementaire a indiqué que « les deux tiers » de cette somme n’ont pas été utilisés « à bon escient » et que seul un tiers a pu bénéficier au citoyen.
L’objectif donc est de rationaliser la subvention en mettant en place des mécanismes susceptibles de profiter à la population. Dans le secteur du médicament, cela consiste, d’après M. Adwan, à « identifier les médicaments de première nécessité qui doivent être subventionnés, notamment ceux relatifs aux maladies chroniques et incurables, à arrêter la subvention des médicaments en vente libre et ceux qui ont un équivalent fabriqué au Liban », mais aussi à encourager l’importation des médicaments génériques approuvés par les agences mondiales du médicament et l’Organisation mondiale de la santé, ainsi que la production locale du médicament. « Cela permettra de baisser considérablement la facture de la santé au Liban », avance-t-il à L’Orient-Le Jour. « Parallèlement, il faut œuvrer pour la mise en place d’une agence nationale du médicament à l’instar de la FDA et de l’EMEA et la relance des activités du laboratoire central du médicament », ajoute M. Adwan. Et d’insister : « La subvention ne peut pas durer éternellement. C’est une phase transitoire, le temps que l’industrie locale décolle. »
Comment garantir qu’au final, ce soit le citoyen qui bénéficie de ces réformes? « Nous travaillons sur l’amendement de la loi sur l’ordonnance médicale unifiée de manière à supprimer la mention NS (non substituable), ce qui permet au pharmacien de remplacer le médicament par son générique, tout en s’assurant que celui-ci a les mêmes caractéristiques et efficacité que l’original », répond M. Adwan. Quid de la contrebande du médicament ? « Celle-ci n’aura plus lieu si la subvention est levée, puisqu’il sera acheté au prix réel, qui est pratiquement le même dans les différents pays de la région », assure-t-il.
M. Adwan explique dans ce cadre qu’il n’y a jamais eu de pénurie de médicaments au Liban. « Le problème, c’est que les gens qui souffrent de maladies chroniques ont accumulé leurs traitements pour plusieurs mois par peur qu’ils ne soient en rupture de stock, constate-t-il. Par ailleurs, certains importateurs ont rechigné à distribuer les médicaments pour les vendre à un prix plus cher, après la levée des subventions. Il faudrait mettre en place une stratégie pour une meilleure distribution et acquisition des médicaments. »
Pour le parlementaire, toutes ces réformes resteront toutefois lettre morte « en l’absence d’une autorité qui s’assure de la bonne gestion » des mécanismes prévus. D’où l’importance de « former un gouvernement d’indépendants et de spécialistes qui connaissent leurs dossiers et soient intègres ». « Nous n’avons rien inventé, insiste-t-il. Les réformes que nous proposons sont inspirées de normes appliquées dans plusieurs pays à travers le monde. Le Liban ne peut pas continuer à fonctionner comme il l’a fait jusqu’à ce jour. Nous avons une industrie locale qu’il faut encourager. Il faut aussi généraliser le générique. »
Depuis que les discussions relatives à la rationalisation des subventions sur le médicament ont été entamées, un vent de panique plane sur la population qui craint ne plus avoir accès à différents traitements, d’autant que ceux-ci « risquent de renchérir », à l’instar « des médicaments en vente libre » qui sont les premiers à être englobés par cette...
commentaires (2)
Les génériques ne sont pas un problème. La disponibilité de génériques contribue à la diminution du prix du médicament de marque. Il y avait le problème des copies quand je pratiquais au Liban il y a 10 ans. Des responsables du ministère de la santé favorisait les copies probablement par conflit d'intérêt. Les copies de médicaments sont dangereuses.
Aftimos Philippe
12 h 05, le 09 décembre 2020