Rechercher
Rechercher

Nos Lecteurs ont la Parole

La faute à qui ?

Le Liban est le pays des innocents. Personne n’a rien fait. Personne n’a rien dit. Et comme personne n’est découvert et qu’il faut trouver un bouc émissaire, la faute revient toujours aux Italiens.

Allez savoir pourquoi nous rejetons la faute sur ce peuple ami dans le fameux dicton arabe ! Ils ne nous ont rien fait de mal que je sache. Ils sont beaux. Ils sont gentils. Ils sont des as de la parlotte. Ils savent jouer au football.

Et puis, pourquoi devrait-on leur en vouloir ? À un certain moment, ils ont été les premiers investisseurs au Liban, les premiers qui ont osé entreprendre des travaux sur des sites sensibles.

Mais, c’est leur faute !

Bon, j’explique un peu pour ceux qui ne savent pas : « La “faute” est l’action volontaire ou non, ou encore l’omission qui porte atteinte au droit d’autrui en lui causant un dommage. »

Bon, j’admets la définition est un peu trop rébarbative, très dogmatique, très idéaliste.

Non ! Une faute, c’est beaucoup plus simple. Dans la pure définition libanaise, une faute c’est ce que font les autres et quand c’est nous qui la faisons, c’est notre droit car n’est pas humain celui qui ne se trompe pas.

Allez expliquer ça à un juge maintenant !

Personnellement, aux temps heureux de l’école lorsque les fautes s’apparentaient à un accent aigu, à quelques lettres en trop ou à une formule en moins, je n’ai jamais réussi à inculquer une telle définition dans la tête de mes professeurs.

Au Liban, l’action n’est jamais volontaire. Tout est fait par la grâce du bon Dieu ! (Et d’un papier signé aussi…). Donc rien n’est volontaire. Tout est fait à l’insu de la personne. Alors pourquoi la considérer engluée dans un fatras sans pareil ?

Ah ! Tiens après le « volontaire », il y a un « ou non ». Comment ça non ? Bon le mot a dû être mis par erreur, au Liban, tout est fait consciemment, bien et dans les formes requises. Et quand ça ne doit pas être fait, ça se fera d’une autre manière tout aussi volontairement. Par contre, personne ne sera au courant. Et quand ce sera déjà fait, ce ne sera pas nous. Mais les autres. Ah ! L’enfer, c’est les autres… Les Italiens tant qu’on y est !

Une omission, vous avez dit ? Omettre c’est oublier quelque chose. Et nous sommes très forts dans ce domaine. Tournons la page et aimons-nous les uns les autres en rejetant royalement et avec une grande noblesse d’âme et de cœur les fantômes du passé. Oublier n’est pas un crime. Loin de là ! Que de philosophes ont loué la force de l’oubli et combien ça apaise les esprits. Que c’est beau ! Il n’existe pas de crime par omission. S’ils sont omis, c’est que c’est fini. Ce n’est pas de notre faute. CQFD.

« Qui porte atteinte au droit d’autrui en lui causant un dommage. » On se calme s’il vous plaît. Nous avions déjà dit que l’enfer, c’est les autres et dans les autres, il y a autrui. C’est qui, d’abord, cet autrui qui se permet de se mêler de nos affaires et qui porte atteinte à notre dignité ? Quelle impertinence ! Quelle insolence ! En lui causant quoi ? Un dommage. D’abord, il faut savoir une chose : au Liban, on ne sait faire que du Bien. Même le Mal, nous le faisons bien. C’est tout vous dire le niveau de perfection auquel nous sommes arrivés. Du coup, si nous sommes parfaits et que la notion même de Mal est annihilée de nos dictionnaires, pourquoi nous imputer des erreurs dont nous ne sommes pas au courant ?

Et la caravane continue de passer. Et nous attendons toujours les fautifs.

Dieu merci ! Mamma mia ! Il nous restera toujours les Italiens.

Arrivederci.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Le Liban est le pays des innocents. Personne n’a rien fait. Personne n’a rien dit. Et comme personne n’est découvert et qu’il faut trouver un bouc émissaire, la faute revient toujours aux Italiens.Allez savoir pourquoi nous rejetons la faute sur ce peuple ami dans le fameux dicton arabe ! Ils ne nous ont rien fait de mal que je sache. Ils sont beaux. Ils sont gentils. Ils sont des as de...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut