Le cabinet international Alvarez & Marsal, que l’État a mandaté en septembre pour mener le volet juricomptable de l’audit de la Banque du Liban, a décidé de jeter l’éponge, après avoir conclu qu’il ne parviendrait pas à obtenir les documents nécessaires réclamés à la Banque centrale pour mener à bien sa mission, même à l’issue du délai supplémentaire de trois mois convenu le 5 novembre dernier.
Lors d'une visite au palais présidentiel, le ministre démissionnaire des Finances, Ghazi Wazni, "a informé le président de la République avoir reçu une lettre de la société Alvarez & Marsal pour mettre fin à l'accord signé avec le ministère des Finances pour l'audit juricomptable" de la BDL, a indiqué la présidence libanaise. "L'entreprise n'a pas obtenu les informations et les documents nécessaires pour commencer à mettre en œuvre sa mission", ajoute la présidence citant le ministre des Finances.
"Mesures convenables"
Le ministre sortant des Finances a fait savoir que le président Aoun l'a notifié que cette résiliation "nécessite forcément de prendre les mesures convenables dans l'intérêt du Liban", sans plus de détails sur la nature de ces mesures.
L’audit de la BDL, et plus précisément son volet juricomptable, qui vise à remonter à la source des transactions passées par l’institution pour détecter d’éventuelles fraudes, est une des principales réformes réclamées par les soutiens du Liban, qui traverse une grave crise économique et financière. Son lancement effectif est de fait un des prérequis pour le déblocage de l’assistance financière que le Liban a sollicité du Fonds monétaire international en mai – sans succès pour l’instant.
Mandaté en même temps que KPMG et Oliver Wyman - les deux autres sociétés chargées de prendre en charge d’autres volets de l’opération - Alvarez & Marsal avait adressé deux demandes d’informations préliminaires à la BDL afin de pouvoir commencer sa mission. Mais l’institution a à chaque fois refusé de les fournir, en se réfugiant derrière la loi sur le secret bancaire encore en vigueur dans le pays. Un argument jugé irrecevable par les promoteurs de l’audit, dont la ministre de la Justice Marie-Claude Najm. À l’issue des délais contractuels prévus, le cabinet et le ministère des Finances ont convenu de s’accorder trois mois de plus pour tenter de débloquer la situation.
Le 9 septembre, Alvarez & Marsal avait débuté "la première phase" de son audit juridique, mais la BDL n'a fourni que 42% des informations et documents en raison de la non-conformité de certaines données requises avec le Code de la monnaie et du crédit et la Loi sur le secret bancaire, selon la Banque centrale.
150.000 dollars en poche
Dans ce contexte, le fait qu’Alvarez & Marsal ait finalement décidé de sortir de la partie au bout de deux semaines peut vouloir dire que le ministère des Finances, qui devait contribuer à dégager une issue, n’a lui aussi pas joué le jeu.
Alvarez & Marsal – qui partira avec une commission de 150.000 dollars en poche, sans compter d’éventuels frais, conformément à la lettre du contrat- a été choisi au courant de l’été pour réaliser l’audit juricomptable après que l’exécutif ait successivement envisagé puis écarté le cabinet international Kroll et FTI Consulting. Le sort de cet audit a toujours été au cœur de plusieurs bras de fer au sein d’une classe politique jugée corrompue et incompétente par une partie de la population qui s’est soulevée pendant plusieurs mois depuis le 17 octobre 2019 contre le système en place.
Le Liban est englué depuis plus d'un an dans une profonde crise économique, sociale et politique. En sus d'une dépréciation historique de sa monnaie nationale et d'une hyperinflation, le pays est toujours sans gouvernement depuis plus de trois mois. En mai, les autorités libanaises avaient entamé des négociations avec le FMI pour obtenir une aide financière, mais le processus est depuis juillet au point mort, tandis que la communauté internationale, France en tête, exigent des réformes urgentes en contrepartie d'une aide qui n'ont toujours pas été mises en œuvre.
Ghazi Wazni, cad Berry est celui qui bloque. Come pour le contrôle des capitaux,,, Peut-on préciser les responsabilités au lieu de se laisser entraîner dans les meandres des arguments fallacieux ?
10 h 52, le 21 novembre 2020