Le processus gouvernemental fait toujours du surplace et la guerre des quotes-parts bat son plein. C’est dans ce contexte que la communauté internationale accentue la pression pour répondre à l’urgence, alors que le Liban doit mettre en œuvre au plus vite les réformes réclamées par les pays donateurs s’il veut pouvoir bénéficier d’une aide financière.
Parallèlement aux efforts français pour accélérer la mise en place d’un nouveau cabinet, le Conseil de sécurité de l’ONU a exhorté les partis politiques libanais à « former un gouvernement sans plus tarder », comme on pouvait le lire sur le compte Twitter de Jan Kubis, coordinateur spécial des Nations unies au Liban. Après avoir exposé devant lui la situation politique au Liban, le diplomate a fait savoir, sur Twitter aussi, que le Conseil de sécurité est favorable à un gouvernement « efficace, capable d’opérer les réformes, qui lutterait contre la corruption et œuvrerait pour la justice et la transparence ». Le Conseil de sécurité se joignait ainsi à Paris qui presse pour que le prochain gouvernement soit conforme à l’initiative politique présentée le 1er septembre dernier par le président français, Emmanuel Macron. Dans ses grandes lignes, ce projet stipule la formation d’un gouvernement de mission, constitué de personnalités compétentes et crédibles. La formation du gouvernement bloque pour l’instant en raison notamment des relations glaciales entre le Premier ministre désigné, Saad Hariri, et le leader du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, qui s’opposent non seulement sur l’attribution des maroquins mais aussi sur la nomination des ministres.
Pression russe
Cet état des lieux a poussé certains milieux politiques et médiatiques gravitant dans l’orbite du Hezbollah et ses alliés à évoquer une pression russe exercée actuellement sur le Premier ministre désigné, afin de le pousser à s’entretenir avec le leader du courant aouniste.
Sans vouloir se noyer dans la politique politicienne locale, une source proche de l’ambassade de Russie à Beyrouth se contente de déclarer à L’Orient-Le Jour que Moscou refuse de s’ingérer dans les affaires des pays indépendants. Et de faire valoir que la formation du cabinet est une question de souveraineté nationale relevant de la seule compétence des Libanais. Mais la Russie sera favorable à toute équipe ministérielle formée au Liban, et par les Libanais eux-mêmes. Cette prise de position, le nouvel ambassadeur de Russie à Beyrouth, Alexandre Rudakov, l’a exprimée devant le leader des Kataëb, Samy Gemayel, qu’il a rencontré hier à Bickfaya, apprend-on de source informée.
Au delà des prises de parole officielles, Moscou multiplierait actuellement les contacts avec les leaders libanais afin de parvenir à un déblocage. Mais la Russie ne semble pas être portée par une ambition nouvelle au pays du Cèdre alors que les principaux enjeux de la Russie au Liban concernent les dossiers en lien avec la Syrie. Ce qui lui importe le plus est la préservation de la stabilité du pays, sur le double plan politique et sécuritaire. Expliquant cette attitude, un proche de Moscou souligne que les Russes estiment que toute perturbation sécuritaire au Liban aura des répercussions négatives sur la scène syrienne où les Russes sont sur le terrain aux côtés du régime Assad. Et de rappeler que la Russie œuvre pour le retour des réfugiés syriens, dont l’écrasante majorité est au Liban. Moscou a donc vu d’un très bon œil la visite à Damas du ministre sortant du Tourisme et des Affaires sociales, Ramzi Moucharrafiyé, venu représenter le Liban officiel à la conférence articulée autour des réfugiés, tenue les 11 et 12 novembre, ajoute-t-on de même source, avant de faire savoir que le déplacement de Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères, à Beyrouth, est maintenu. Initialement prévue fin octobre, cette visite a été reportée, M. Lavrov ayant été atteint de coronavirus. Sa date pourrait donc être fixée ultérieurement.
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Si les protagonistes voulaient vraiment inclure Poutine dans la bataille et se tourner vers l’Est comme ils l’ont toujours déclaré, ils l’auraient fait depuis très longtemps. Mais heureusement pour le Liban ces prétendus coqs qui veulent continuer à chanter les pieds dans leur merde savent pertinemment que si Poutine est invité dans leur giron ils n’auraient plus leur mot à dire. Pour lui aucun coq ne doit chanter plus fort que lui, il sera le seul maître à bord comme il l’a montré en Syrie. D’où leur réticence à le mêler à leurs histoires. Ils seront relégués au rôle d’exécutants et tout irait dans le sens que lui seul décidera. Du coup plus de zaims ni de chefs.
Sissi zayyat
12 h 43, le 21 novembre 2020