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Politique - Gouvernement

Paris s’accroche à son initiative

« Rien ne peut secouer » les responsables politiques, estime le chef des Kataëb, Samy Gemayel, devant l’émissaire de Macron, Patrick Durel.

Paris s’accroche à son initiative

Le conseiller du président français Emmanuel Macron pour les Affaires de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, Patrick Durel (g.), s’entretenant avec le chef du parti Kataëb, Samy Gemayel. Photo ANI

« Le président Macron est très préoccupé par la situation. Rien n’a été fait depuis le 1er septembre, date de la deuxième visite du président français au Liban. Il faut absolument un gouvernement composé de personnalités compétentes et crédibles, et qui soit appuyé par la majorité, mais c’est aux Libanais de le former. » C’est ainsi qu’une source diplomatique française résume, pour L’Orient-Le Jour, la mission confiée par le chef de l’État français à son conseiller pour les Affaires de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, Patrick Durel, qui est reparti hier soir en France après avoir rencontré les responsables libanais. « Tous les responsables disent qu’ils soutiennent l’initiative française (prévoyant la formation d’un gouvernement de “mission” chargé de lancer des réformes structurelles, en échange d’une aide financière de la communauté internationale, NDLR), qu’ils vont respecter la feuille de route (présentée par la France le 1er septembre, et qui contient une série de réformes pour sortir le Liban de la crise, NDLR) et mettre en œuvre les réformes. Nous verrons dans les prochains jours s’ils tiendront parole. L’initiative française est toujours d’actualité », ajoute cette source, soulignant que M. Durel « n’est pas venu pour former le gouvernement ». Et d’annoncer la tenue prochaine d’une visioconférence de soutien au Liban dans le prolongement de celle qui avait été organisée le 9 août dernier.

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Venu activer le processus de formation du gouvernement, condition indispensable à toute aide humanitaire ou internationale, l’émissaire français repart avec une bonne connaissance des « problèmes d’attitude » qui le retardent. « Il a écouté plus qu’il n’a parlé. Il n’a pas apporté d’idées neuves, mais a insisté sur la nécessité de faire vite et sur le fait que sans gouvernement, la réunion du Groupe international de soutien au Liban (GIS), promise en septembre dernier, et la conférence CEDRE ne se tiendront plus », a commenté hier un observateur politique proche de Walid Joumblatt que M. Durel a vu jeudi.

La visite de M. Durel a coïncidé avec le dépassement de la seconde date butoir fixée par le chef de l’État français pour la formation d’un « gouvernement de mission ».

L’émissaire s’est réuni hier avec le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, celui des Kataëb, Samy Gemayel, des Marada, Sleimane Frangié, et des Forces libanaises, Samir Geagea, avant de s’envoler pour Paris. Il s’était entretenu jeudi avec le chef de l’État, Michel Aoun, le Premier ministre désigné, Saad Hariri, le président du Parlement, Nabih Berry, le chef du groupe parlementaire du Hezbollah, Mohammad Raad, ainsi que le chef du Parti socialiste progressiste.

Surplace

Lors de sa réunion avec le diplomate français, le chef du CPL a souligné, selon des propos rapportés par le site d’information Tayyar, organe du parti, que sa formation « facilitera la naissance du futur gouvernement » et qu’il est prêt « à accepter tous les points sur lesquels s’accordent le Premier ministre désigné et le président ». C’est, bien entendu, une façon de parler. On sait en effet que ces derniers sont en profond désaccord sur plusieurs points, en particulier sur le principe de la rotation des portefeuilles. Or M. Hariri a promis au tandem chiite Amal-Hezbollah que le portefeuille des Finances, que ce dernier considère comme stratégique en tant que levier de pouvoir pour cette communauté, lui serait accordé. Selon le CPL, cette atteinte au principe de la rotation doit ouvrir la voie à d’autres exceptions. Une chose inadmissible pour le Premier ministre désigné. M. Bassil est sous le coup de sanctions américaines depuis la semaine dernière pour « corruption et abus de pouvoir », ainsi que pour ses liens avec le Hezbollah.

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« Gebran Bassil maintient sa position concernant l’unification des critères pour la formation du gouvernement et le président Aoun s’oppose toujours de son côté à ce qu’une partie politique soit mise à l’écart dans le prochain cabinet (une allusion tant au chef du CPL fondé par le président qu’au député Talal Arslane). Le processus fait donc du surplace », rapporte notre correspondant politique Mounir Rabih.

Samy Gemayel et les « trois explosions »

Pour sa part, le leader des Kataëb, qui se pose en fer de lance de l’opposition politique au pouvoir, a pris fait et cause pour la France, affirmant l’avoir entendue « exprimer sa frustration face aux atermoiements des responsables libanais » et à leurs dérobades, notamment en ce qui concerne l’audit juricomptable de la Banque du Liban. Il s’agit là d’une des conditions pour que le Liban puisse envisager d’avoir accès à une aide internationale. Or ce dossier n’avance pas, le gouverneur de la BDL refusant de transmettre la majorité des documents requis.

« Patrick Durel est venu faire pression dans le sens de la formation du gouvernement, car les aides ne peuvent venir si le Liban ne prend pas ses responsabilités », résume pour L’OLJ Samy Gemayel. « Même si nous leur accordons une chance, ils (les responsables politiques) ne sauront pas la saisir », a encore estimé M. Gemayel dans sa déclaration publique. « Trois explosions ont eu lieu : la première, d’ordre socio-économique, la seconde populaire, et la troisième, une vraie, au port de Beyrouth. Si toutes ces explosions ne les ont pas secoués, rien ne pourra les secouer », a-t-il lancé. Au passage, M. Gemayel a rejeté toute idée d’un report des élections législatives de 2022. Interrogé à ce sujet, une source Kataëb a affirmé que cette question n’a pas été soulevée par l’émissaire français, mais que l’idée, émanant de cercles locaux et internationaux, circule en ce moment. Prévues à l’expiration du mandat de la Chambre, en mai 2022, ces élections précèdent de six mois la prochaine présidentielle, à l’expiration du mandat du président Aoun, le 31 octobre 2022. On voit clairement quel avantage pourraient tirer les forces en présence à faire élire le prochain président par la Chambre actuelle.

Le billet de Gaby NASR

Crépuscule des ânes

À Bnechï, le leader des Marada, Sleimane Frangié, a insisté, devant M. Durel, sur « la nécessité de déployer des efforts pour que le Liban arrive à bon port ». La rencontre s’est tenue en présence de l’ancien ministre Rony Arayji et du député Tony Frangié.

Enfin, l’émissaire français été reçu à Meerab par le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, en présence du député Pierre Abou Assi et de Roger Rajeh, du bureau des relations extérieures du parti. Une fois de plus, M. Durel a rappelé l’urgence, de peur que ne soient perdues les occasions la conférence du Groupe international de soutien au Liban et la conférence CEDRE. Le chef des FL a saisi l’occasion pour transmettre au président Macron une lettre dans laquelle il demande à la France d’appuyer sa demande, adressée à l’ONU, de former une commission spéciale internationale pour enquêter sur la double explosion du port de Beyrouth.

« Le président Macron est très préoccupé par la situation. Rien n’a été fait depuis le 1er septembre, date de la deuxième visite du président français au Liban. Il faut absolument un gouvernement composé de personnalités compétentes et crédibles, et qui soit appuyé par la majorité, mais c’est aux Libanais de le former. » C’est ainsi qu’une source diplomatique...

commentaires (5)

Vous savez ce que certains visent actuellement ? Pour terminer les exploits de corruption , on lit qu'ils sont entrain de discuter discrètement, de secouer les onces d'or qui dorment , en modifiant la loi de 1986. C'est peut-être la raison de l'insensibilité à toutes les mises en garde du danger qui guette le pays.

Esber

16 h 01, le 14 novembre 2020

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Commentaires (5)

  • Vous savez ce que certains visent actuellement ? Pour terminer les exploits de corruption , on lit qu'ils sont entrain de discuter discrètement, de secouer les onces d'or qui dorment , en modifiant la loi de 1986. C'est peut-être la raison de l'insensibilité à toutes les mises en garde du danger qui guette le pays.

    Esber

    16 h 01, le 14 novembre 2020

  • Le Hesbollah ne lâchera rien, il est une armée d'occupation et dicte aux gouvernements leurs parcours, comme les NAZI dictaient au gouvernement de Vichy son fonctionnement et volaient les trésors Français pour financer la guerre. Le scenario classique du modèle d'occupation. Il faut un débarquement extérieur qui a un intérêt, pour renverser la situation comme au Koweït durant la première guerre du golfe. Mais aucune grande puissance se mouillera, pour un Liban miné par l'intérieure avec son incurable cancer multiethnique.

    DAMMOUS Hanna

    14 h 21, le 14 novembre 2020

  • Le Président Macron a fait une erreur magistrale et impardonnable parce qu'il leur avait dit "on vous lâchera plus", donc les experts en procrastination, qui exercent leur savoir-faire dans le domaine de la procrastination avec doigté, procrastinent, sans surprise, ils ne savent rien faire d'autre. Il fallait leur dire dès le 5 août depuis les ruines du port, au plus haut de la capacité d'indignation de la planète; je vous donne 24 heures, pas une minute de plus, sinon vous serez tous sur des listes de sanctions, avec interdiction de sortir du pays et expropriations de tous vos biens et comptes bancaires dans le monde entier. A mon humble avis, l'initiative française est morte depuis longtemps, il est temps de l'enterrer car elle pue. Les émissaires ne peuvent rien faire quand le principal patron a essayé surplace 2 fois en moins qu'un mois d'intervalle, le 5 août et le premier septembre!

    Shou fi

    11 h 07, le 14 novembre 2020

  • DISENT ILS TOUS , CE N'EST PAS MOI C'EST L'AUTRE QUI DECONNE.

    Gaby SIOUFI

    10 h 20, le 14 novembre 2020

  • La seule chose qui pourrait les secouer et mettre hors d'état de nuire= un procés public pour chacun, du plus grand au plus petit, suivi d'une condamnation et incarcération effective ! - Irène Saïd

    Irene Said

    09 h 24, le 14 novembre 2020

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