Rechercher
Rechercher

Société - L’après-4 août

Don français de 11 millions d’euros en réponse à la double explosion du port

Les projets, financés par l’Agence française de développement, concernent des domaines variés tels que le logement, la santé, la formation professionnelle, la réhabilitation de quartiers et d’écoles.

Don français de 11 millions d’euros en réponse à la double explosion du port

Laudy discutant avec l’ambassadrice de France. Photo N.M.

Un ciel gris enveloppait Beyrouth hier. La saison des pluies a commencé et une grande partie des appartements et maisons dévastés par la double explosion du port le 4 août dernier sont toujours exposés à tous les vents. Au deuxième étage d’un immeuble à la rue Gouraud, Laudy s’affaire dans la maison bien rangée, malgré le chantier de reconstruction qui se poursuit depuis trois mois. « J’aime l’ordre », lance la septuagénaire. Dans le salon, les meubles ayant survécu à l’explosion sont couverts de draps pour les protéger de la poussière. La vitrine est vide et sur le dressoir trônent deux statuettes à l’effigie de la Vierge Marie devant lesquelles est posée une ampoule électrique. Sur les murs, le papier peint rouge est écorché à plusieurs endroits. Deux toiles en peinture et une autre en canevas ornent les murs. « C’est moi qui l’ai brodée », s’enorgueillit Laudy. Deux cartons neufs trônent devant la table à manger. « Une ONG m’a fait don d’une cuisinière et d’un lave-linge pour remplacer ceux endommagés par le sinistre, explique-t-elle. J’ai refusé de recevoir un frigidaire, puisque le mien marche toujours. Toutes les vitres et les portes ont été défoncées, mais plusieurs associations m’ont aidée à les arranger. »

Lire aussi

Explosions à Beyrouth : une nouvelle étude table sur une facture de 3,7 milliards de dollars

C’est dans sa chambre à coucher, où elle se trouvait le jour de l’explosion, que Laudy a reçu l’ambassadrice de France, Anne Grillo, le directeur de l’Agence française pour le développement (AFD) au Liban, Arthur Germond, et la délégation qui les accompagne. Sur le balcon, des ouvriers embauchés par le Conseil norvégien pour les réfugiés (Norwegian Refugee Council – NRC) travaillent inlassablement à la reconstruction de l’appartement. « La France va aider l’association (NRC, NDLR) à vous permettre de rester chez vous, dans cette maison que vous habitez depuis cinquante ans », assure Mme Grillo à Laudy, qui affirme de son côté « aimer la France qui s’est toujours tenue aux côtés du Liban » et le « président Macron » qu’elle a vu passer au-dessous de son immeuble au lendemain de l’explosion.

La conversation se déroule allègrement. La propriétaire des lieux revient sur les événements du 4 août et les dégâts occasionnés par la double explosion. De son côté, l’ambassadrice reprend le message lancé le 6 août par M. Macron qui avait déclaré « qu’il ne laisserait pas tomber les Beyrouthins et les habitants de ce quartier » . « Aujourd’hui, je suis là pour concrétiser cet engagement », dit-elle. La rencontre s’achève par une promesse de revenir prendre le café lorsque les travaux de reconstruction seront achevés.

L’AFD a signé hier huit conventions avec des ONG libanaises et internationales pour des projets de réponse à la double explosion du port. Photo Marc Fayad

Huit conventions de coopération

Par cette visite, l’ambassade de France et l’AFD ont voulu réitérer l’engagement du président Macron de soutenir les efforts de la société civile libanaise et des associations internationales qui assistent la population sinistrée. Un engagement qui s’est traduit par la signature de huit conventions avec des associations libanaises et internationales (voir par ailleurs) actives sur le terrain depuis le 4 août, lors d’une cérémonie organisée dans les locaux de l’ONG arcenciel à Jisr el-Wati.

« Au lendemain de l’explosion, l’AFD a souhaité proposer au peuple libanais une réponse en trois phases », explique à L’Orient-Le Jour M. Germond. La première phase revêtait un caractère d’urgence. Une enveloppe de 5 millions d’euros a ainsi permis de financer « des projets en cours notamment dans les domaines de la santé et de la santé mentale », poursuit-il. La deuxième phase, d’une valeur de 11 millions d’euros « en argent frais », a bénéficié à « huit partenaires qui travaillent dans les domaines du logement, de la santé, de la formation professionnelle, de la réhabilitation de quartiers et d’écoles » avec des projets qui s’étalent sur une période allant de huit à dix-huit mois, précise M. Germond. La troisième phase du projet devrait être lancée au début de l’année prochaine. D’une valeur de 9 millions d’euros, elle permettra à l’AFD « qui n’est pas un acteur d’urgence, mais principalement de développement », de revenir « sur le traitement les crises profondes que traverse le Liban comme le Covid-19, la sécurité alimentaire, la création d’emplois et le vivre-ensemble ». Un total donc de 25 millions d’euros.

Lire aussi

Beyrouth vole en éclats, la diaspora vole à son secours

Les huit projets lancés hier « vont permettre de répondre aux besoins de la population beyrouthine » sinistrée sur le plan matériel (reconstruction physique des logements et bâtiments endommagés) et mental. « Nous souhaitons aussi accompagner la relance économique du pays à travers le soutien financier à des petites entreprises et la formation rapide de jeunes pour qu’ils puissent aller sur les chantiers et permettre la réhabilitation des logements et des infrastructures », affirme M. Germond.

« Les conventions signées visent à concrétiser cette aide que nous souhaitons apporter dans tous les domaines, en nous appuyant sur des ONG françaises, libanaises et internationales », insiste de son côté Mme Grillo, affirmant qu’à travers ce projet, la France réitère son soutien aux Libanais. « Aujourd’hui, plus que jamais, nous le sommes encore, assure-t-elle. Quand nous nous engageons, nous concrétisons nos promesses. »

Les bénéficiaires de l’aide de l’AFD

Huit ONG ont été identifiées par l’AFD pour bénéficier des aides financières dans le cadre de la réponse à la double explosion du 4 août, et ce « sur la base de leur implantation sur la scène locale, leur crédibilité, leur capacité à analyser les besoins et à assister les populations les plus vulnérables ». Les bénéficiaires sont :

– Première urgence internationale, pour un projet visant à améliorer l’accès aux services de santé primaire de qualité des populations vulnérables au Liban, réalisé en partenariat avec Médecins du monde et l’ONG Amel ;

– Médecins du monde, pour un projet d’appui au Programme national de santé mentale. Dans ce cadre, une aide sera accordée à l’ONG Embrace, pour soutenir sa hotline. Sont également envisagées l’ouverture d’un centre pour les soins de santé mentale dans une zone directement affectée par l’explosion, l’installation d’une clinique sans rendez-vous de santé mentale à Hamra, la sensibilisation à la santé mentale et la mise en place de capacités dans les différents centres de santé primaire pour améliorer le dépistage des problèmes de santé mentale, ainsi que le financement des traitements médicaux et l’approvisionnement en médicaments pour combler le déficit résultant de la destruction de l’entrepôt de la Quarantaine ;

– arcenciel, pour un projet à trois volets : le recyclage de 5 à 15 000 tonnes de débris de verre résultant de l’explosion ; l’accès à l’emploi en œuvrant à la réinsertion professionnelle de 80 personnes handicapées à la suite de l’explosion ; et la réhabilitation du centre de Jisr el-Wati de l’ONG, partiellement endommagé à la suite de l’explosion ;

– Solidarité internationale et Croix-Rouge libanaise, pour la réhabilitation de 620 logements et de 10 écoles dans les quartiers les plus affectés, ainsi que la réhabilitation d’infrastructures collectives à Bourj Hammoud ;

– L’Institut européen de coopération et de développement (IECD), pour un projet ayant pour objectif d’assurer des formations courtes à 80 jeunes vulnérables pour l’acquisition de compétences techniques correspondant à des besoins urgents après l’explosion, la réhabilitation de plusieurs établissements de formation technique privés et publics ayant subi des dégâts et la formation des professeurs à l’enseignement à distance, ainsi que l’appui à 60 entrepreneurs affectés par l’explosion sous forme de financement de réparations et de formations en techniques de gestion en période de crise ;

– Mercy corps, pour un projet visant à soutenir des nano, micro et petites entreprises dans leur relèvement économique à travers des transferts monétaires ;

– Norwegian Refugee Council, pour la réhabilitation de logements endommagés par les explosions, tout en favorisant le développement local et la dynamisation des quartiers d’interventions ;

– Programme « Shabake », pour le renforcement des capacités d’organisations de la société civile libanaise en première ligne de la prévention et de la réponse aux crises au Liban.

Un ciel gris enveloppait Beyrouth hier. La saison des pluies a commencé et une grande partie des appartements et maisons dévastés par la double explosion du port le 4 août dernier sont toujours exposés à tous les vents. Au deuxième étage d’un immeuble à la rue Gouraud, Laudy s’affaire dans la maison bien rangée, malgré le chantier de reconstruction qui se poursuit depuis trois...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut