
La mosquée Mohammad el-Amine et la cathédrale Saint-Georges des maronites, symboles de la coexistence pacifique des religions. Photo d’archives Michel Sayegh/L’OLJ.
Samedi dernier, le patriarche maronite a mis en garde, dans une homélie prononcée à la fin des travaux annuels du saint-synode de son Église, contre des « plans secrets » dont le Liban ferait les frais et qui sonneraient la fin d’un pluralisme culturel et religieux pacifique qui fait son identité profonde. Il a noté à ce sujet « l’existence de plans régionaux et internationaux secrets et aux objectifs finaux inconnus, qui sont mis en œuvre, jour après jour et année après année, progressivement et par étapes, indépendamment des régimes existants et de la volonté des peuples ». « C’est pourquoi, a-t-il ajouté, nous renouvelons notre foi dans l’entité indépendante du Liban dans ses frontières internationalement reconnues (…) Notre Église estime que la préservation de l’entité libanaise mérite tous les sacrifices (…) C’est bien pourquoi, anticipant tous les dangers, nous avons proposé la neutralité active comme une ombrelle destinée à protéger le Liban en ces temps troublés. »
Mise en garde
Cette mise en garde est étroitement liée, à ses yeux, à la formation d’un nouveau gouvernement qui mènerait au Liban les réformes exigées par la communauté internationale, et sauverait le pays des affres d’un effondrement économique total synonyme de désordre et de misère. On ne peut s’empêcher de relever la véhémence que le prélat met à réclamer ce gouvernement, ni oublier les encouragements à « aller de l’avant » qu’il a lancés à Moustapha Adib et qu’il lance aujourd’hui à Saad Hariri. Il faut d’ailleurs mettre au crédit du patriarche d’avoir été l’un des premiers à réclamer la mise en place d’un gouvernement restreint fait de spécialistes qui prendraient à bras-le-corps les problèmes du pays. C’était deux ou trois ans avant l’initiative d’Emmanuel Macron.Mais que voit venir le patriarche Raï, que la communauté politique nationale ne voit pas, pour s’exprimer comme il le fait ? Selon une source bien informée proche du chef de l’Église maronite, le patriarche « se base sur un faisceau de données » qui ne lui sont pas nécessairement propres. Il va de soi que, quelque part, en réaffirmant sa foi dans « l’entité indépendante du Liban dans ses frontières internationalement reconnues », il affirme indirectement qu’il redoute une modification de ces frontières, assure en substance la source citée, mais même si c’est là pure précaution de sa part, le patriarche n’a pu ne pas réfléchir et interroger ses proches sur le sens des mises en garde du président français Emmanuel Macron et du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, qui ont établi tous deux un lien très fort entre la formation d’un « gouvernement de mission », des réformes profondes et la pérennité du Liban.
Macron : « Ce sera la guerre civile »
« Si nous lâchons le Liban dans la région, si en quelque sorte nous le laissons aux mains des turpitudes des puissances régionales, ce sera la guerre civile » et « la défaite de ce qui est l’identité même du Liban », avait déclaré en août dernier le chef de l’État français devant l’Association de la presse présidentielle à Paris.
Aux yeux du président français, le Liban « est peut-être l’une des dernières formes existantes de ce dans quoi nous croyons dans cette région : c’est-à-dire la coexistence la plus pacifique possible des religions (...), un modèle pluraliste qui repose sur l’éducation, la culture, la capacité à commercer en paix ». Des propos qui, aujourd’hui, prennent toute leur force avec le climat de guerre provoqué par la publication des caricatures du prophète de l’islam et les assassinats perpétrés par des fanatiques islamistes.
Ces propos constituent, aux yeux de certains, l’exégèse d’une déclaration antérieure du ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, qui parlait ouvertement, dans une déclaration à la radio française RTL, d’un « risque de disparition du Liban ». « Chacun sait ce qu’il faut faire mais il n’y a plus de gouvernement en ce moment au Liban », avait ajouté le responsable français.
Commentant la phrase « il n’y a plus de gouvernement » du chef du Quai d’Orsay, la source citée ajoute que « c’est moins le gouvernement d’expédition des affaires courantes de Hassane Diab que vise le responsable français, que l’absence de volonté politique du gouvernement et de l’affaiblissement général du pouvoir exécutif ».
La dérobade collective
Et de citer en exemple « la dérobade » de toutes les instances de l’État, qu’elles soient civiles ou militaires, personne ne voulant assumer la moindre responsabilité pour la catastrophe nationale qu’a représenté l’explosion du stock de nitrate d’ammonium au port de Beyrouth, le 4 août dernier. « Quelle plus grande dérobade collective peut-il y avoir que celle qui a suivi l’explosion du port ? » a commenté la source citée.
C’est bien cet affaissement du pouvoir central qui a permis aux États-Unis de traiter avec le Liban selon leurs conditions, sanctionnant l’ancien ministre des Finances Ali Hassan Khalil pour l’aide qu’ils l’accusent d’avoir apporté, en sous-main, au Hezbollah, et prenant langue sans autre forme de procès avec le président de la Chambre, Nabih Berry, au sujet du tracé des frontières entre le Liban et Israël. Et la source de commenter ces faits, en affirmant : « Ils ont négligé le chef de l’Etat et le ministre des Affaires étrangères, et ont négocié avec celui qui avait son mot à dire, comme si l’État n’existait pas. »
Pour Karim Bitar, directeur de l’Institut des sciences politiques de l’USJ, « les déclarations françaises, même si elles peuvent paraître alarmistes, émanent d’une inquiétude très sincère quant à l’avenir du Liban ». « Les responsables français, dit-il, sont effarés de voir que la classe politique reste autiste et n’a pas encore pris la mesure du danger qui guette le Liban. Ils voient ce pays s’enfoncer dans sa crise et des hommes politiques maintenir leurs vieilles habitudes, se disputant les parts du gâteau comme si rien ne s’était passé depuis un an. »
L’âme du Liban
« Contrairement aux individus, les nations ne meurent jamais, poursuit l’analyste. Ce n’est donc pas la disparition physique du Liban qui est en jeu. Ce qui est en jeu, et c’est bien plus grave, c’est que le Liban n’en vienne à perdre son âme et sa vocation historique, s’il devait y avoir de nouveau des insécurités, des crises à répétition et si le Liban revenait aux années de ghettos communautaires. C’est le risque de voir se perdre le “Liban-message” de Jean-Paul II. Ce serait bien plus inquiétant que la disparition physique du pays. »
« Mais on n’en est pas là, ajoute M. Bitar. Je ne pense pas qu’on se dirige vers un éclatement du Liban. Le pays reste unitaire, il est très difficile de le morceler. Mais, du fait de la faiblesse de l’État et de l’incapacité à transcender le communautarisme, on voit émerger des acteurs non étatiques plus puissants que l’État central et c’est cela qui est particulièrement inquiétant. C’est l’incapacité de créer une vision commune fondée sur la citoyenneté chez l’ensemble des Libanais. »
Depuis des années , surtout depuis la visite de Kissinger au Liban durant la guerre civile , je découvre sur de nombreux sites internet et dans de nombreux livres spécialisés les sombres desseins fomentés par les forces occultes américanosionistes contre le Liban et qui ont abouti au PLAN ODED YINON , adopté par Israel ! il suffit de taper ces mots sut google pour en avoir tous les détails . Je suis sidéré de constater que jamais personne au Liban n'a considéré une minute quelque plan de sauvetage pour esquiver les conséquences terribles de ce complot .
22 h 34, le 03 novembre 2020