Réorienter le dialogue intérieur et mettre en place un programme basé sur le pacte national et la Constitution pour tenter de « sauver le Liban ». Telle est l’ambition que se sont fixée plusieurs collectifs, dont l’Initiative nationale et le rassemblement de Saydet el-Jabal, représentés notamment par l’ancien député Farès Souhaid et l’analyste politique Radwan el-Sayyed, dans l’esprit de rétablir le vivre-ensemble à l’écart des armes illégales et à travers un retour aux constantes libanaises, notamment à l’esprit et au texte de la Loi fondamentale. L’idée s’est exprimée hier lors d’un colloque organisé au siège de l’ordre de la presse (Raouché), auquel ont notamment participé Aouni el-Kaaké, président de l’ordre, Marwan Hamadé, député démissionnaire, les anciens députés Ahmad Fatfat, Antoine Andraos et Élias Atallah, les anciens ministres Achraf Rifi et Mohammad Abdel Hamid Beydoun, ainsi que des représentants du Rassemblement pour la République de l’ancien chef d’État Michel Sleiman et du Mouvement de l’indépendance du député démissionnaire Michel Moawad. On notait également la présence de l’ancienne directrice générale du ministère de la Justice Mayssam Nouairy, ainsi que de personnalités du monde bancaire et médical, notamment Fouad Rahmé et Georges Aftimos. Dans l’assistance, de nombreux représentants de la société civile et de tribus de la Békaa, Denniyé (Liban-Nord) et Tyr (Liban-Sud). Les Kataëb, le PNL et les Forces libanaises ont été également conviés. Les deux premiers partis ont délégué des représentants, tandis que le troisième leur a adressé une note comportant des observations.
Agenda iranien
Les mots des intervenants ont convergé sur la nécessité du maintien du vivre-ensemble édicté dans l’accord de Taëf et la Constitution, ainsi que de l’application de résolutions internationales (1559, 1680, et 1701) consacrant la souveraineté du Liban et le désarmement des milices.
« Notre propos est de débattre autour d’options politiques garantissant le vivre-ensemble et la stabilité », a affirmé M. Souhaid dans son discours, soulignant que « cette dernière ne peut pas s’établir lorsqu’une partie prend le dessus sur l’autre ». « Ce n’est pas notre système politique qui est en crise, mais plutôt sa gestion politique », a-t-il ajouté, notant que « le système a été mis sous tutelle syrienne puis sous mainmise iranienne ». « Ces deux situations exposent à tout moment le pays à un danger de guerre intestine », a ajouté M. Souhaid, accusant le Hezbollah, « fort de sa puissance armée », d’appliquer la Constitution « de manière arbitraire, et selon l’agenda iranien ». « Au bénéfice d’une seule partie, la tutelle étrangère supprime le partenariat interne et le vivre-ensemble », a-t-il déploré, soulignant qu’« une entente et un dialogue ne peuvent s’établir lorsque, dans un même temps, des citoyens portent les armes et d’autres se conforment à la loi ».
Dans son allocution, Radwan el-Sayyed a pour sa part critiqué les deux partis au pouvoir (en référence au Hezbollah et au Courant patriotique libre), estimant que « leur déni des légalités arabes et internationales a torpillé notre système fondé sur ces mêmes légalités ». Halte à l’équation « À vous l’argent, à nous les armes »
Le programme établi par les auteurs de la démarche a été ensuite lu par Mona Fayad, membre de l’Initiative nationale, qui a précisé que les points y figurant sont sujets à discussion. « À l’ombre des changements qui se dessinent dans la région, nous exprimons notre attachement à l’arabité du pays édictée dans l’accord de Taëf », a-t-elle clamé, exprimant « le refus du changement du système politique et de la Constitution sur base de rapports de force imposés par une partie affiliée à l’Iran ». « Faire fi des dispositions de la Constitution signifie faire fi des résolutions internationales », a mis en garde Mme Fayad dans sa lecture du document, estimant que « le Liban doit se gouverner par la force de l’équilibre ». « Nous demandons donc au Hezbollah de remettre ses armes à l’État », a-t-elle poursuivi, appelant à « la neutralité du Liban ». Et d’ajouter : « Il faut supprimer l’équation : “À vous l’argent, à nous les armes”, en allusion aux arrangements attribués à la classe dirigeante.
Le programme établi comporte par ailleurs le recouvrement du rôle du Liban dans les domaines économique, culturel, éducatif, hospitalier et bancaire. Il prévoit dans ce cadre le lancement d’ateliers de travail auxquels participeraient universités, ordres de professions libérales et institutions économiques, en vue d’« aider le pays à retourner dans le giron arabe et international ». Et Mme Fayad de conclure sur un cri d’alarme : « Le Liban s’effondre alors qu’Israël s’ouvre au monde ! »
Après un débat, les participants au colloque ont signé le document, exhortant toute personne désireuse de s’informer des détails du programme et d’en discuter à entrer en contact avec les fondateurs de l’initiative à l’adresse suivante : contact@lcrs-politica.com
Le multiculturalisme a echoue partout d'une maniere retentissante. “The definition of insanity is doing the same thing over and over again and expecting different results.” Si Taef etait un accord etanche, le pays ne se serait pas noye. Trouvez autre chose.
14 h 08, le 28 octobre 2020