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Politique - Décryptage

Hariri probablement désigné aujourd’hui, mais sans l’appui du Hezbollah

D’une façon claire, dans son discours d’hier, le chef de l’État a placé les députés devant leurs responsabilités en effectuant un survol des promesses non tenues et des slogans restés creux qui ont été avancés depuis plusieurs décennies par certains qui sont encore au pouvoir, « soit physiquement, soit à travers la continuation de leur style ». Le président Aoun a invité les députés, en tant que représentants du peuple, à assumer leurs responsabilités dans la désignation du nouveau président du Conseil, tout en demandant si on peut réparer ce qui a été abîmé en utilisant les mêmes méthodes (et les mêmes personnes). En même temps, il a rappelé aux protestataires leur fameux slogan « Tous, cela veut dire tous », dans une allusion au fait que la personne qui devrait être désignée aujourd’hui pour former le gouvernement y est aussi incluse...

Son discours d’hier, qui n’a cité personne nommément, tout en se voulant d’une grande franchise, était destiné à pousser les différents blocs parlementaires et députés indépendants à bien réfléchir aux responsabilités qui attendent le futur président du Conseil dans ces circonstances difficiles, avant de faire leur choix. Mais il y a fort à parier que ce discours ne changera pas grand-chose aux décisions déjà prises par les différentes parties politiques. Cela ne devrait donc pas modifier la décision du bloc des Forces libanaises (la République forte) de ne pas nommer Saad Hariri pour former le prochain gouvernement, ni celle du bloc du Liban fort (CPL) qui va aussi dans le même sens. Mardi, le bloc de la Rencontre consultative (présidé par Fayçal Karamé) a aussi annoncé son refus de le désigner, et il ne devrait pas changer de position ce matin. De même et inversement, il est fort probable que le bloc du Développement et de la Libération présidé par Nabih Berry ainsi que le bloc de la Rencontre démocratique présidé par Taymour Joumblatt maintiendront leur décision de désigner Saad Hariri.

En revanche, ce qui reste en suspens, c’est la décision du bloc de la Résistance (Hezbollah – 14 députés) qui n’a pas été encore annoncée. Certes, ce bloc n’est pas le plus important au Parlement, mais il a toute sa symbolique parce qu’il représente le Hezbollah qui, tout en appuyant indirectement et à travers le président de la Chambre la candidature du chef du courant du Futur, n’a pas déclaré publiquement sa décision, maintenant sciemment le flou.

La grande surprise des consultations parlementaires obligatoires qui se tiennent aujourd’hui à Baabda pourrait donc bien être le refus du bloc de la Résistance de désigner le chef du courant du Futur.

Des sources proches de la formation chiite affirment ainsi que le bloc ne nommera pas Saad Hariri, même s’il n’a pas, pour l’instant, d’autre candidat à proposer. Cela ne devrait sans doute pas empêcher sa désignation à la tête du prochain gouvernement, mais en même temps, cela réduit la couverture politique dont il bénéficiera, tout en annonçant des complications dans le processus de formation du gouvernement.

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Selon les sources précitées, en dépit des contacts établis directement ou indirectement entre Saad Hariri et le Hezbollah, il n’y a jusqu’à présent aucun accord entre eux au sujet du prochain gouvernement. Or, en raison de la gravité de la situation actuelle et de la campagne de pressions maximales exercées par les États-Unis et leurs alliés sur le Hezbollah, ce dernier n’est pas prêt à se laisser marginaliser et à être placé devant un fait accompli. Contrairement à ce qui avait été insinué, la délégation du courant du Futur qui s’est rendue auprès du bloc de la Résistance (dans le cadre de sa tournée politique) n’a pas évoqué les détails de la formation du gouvernement ni ceux de la distribution des portefeuilles, se contentant de rester dans les généralités au sujet de l’initiative française. Or, à ce stade, le Hezbollah estime que le document de réformes français, qui a été distribué lors de la rencontre avec le président français à la Résidence des Pins le 1er septembre, ne comporte aucune indication sur un droit accordé au président du Conseil de choisir en personne, de façon exclusive, tous les ministres du gouvernement. Ce sujet avait d’ailleurs été débattu à plusieurs reprises avec les émissaires du Hezbollah et ceux du président français. La formation ne serait pas prête à accepter de ne pas avoir un droit de regard sur les ministres et les portefeuilles qui devraient être accordés aux chiites. Il n’est donc pas envisageable pour le Hezbollah d’accepter avec Saad Hariri ce qu’il avait refusé avec Moustapha Adib. Et contrairement à ce qui a été dit dans la presse, il n’y a eu jusqu’à présent aucune promesse concrète de la part du chef du courant du Futur sur ce sujet.

À cet égard, le Hezbollah est d’ailleurs convaincu que Saad Hariri désire absolument former le prochain gouvernement. C’est la raison pour laquelle il s’était arrangé pour griller la plupart des candidats potentiels depuis la démission de son gouvernement le 29 novembre 2019. Comme il n’avait pas pu empêcher l’arrivée de Hassane Diab, il s’était toutefois abstenu de lui donner la couverture sunnite dont il avait besoin dans le système confessionnel en vigueur au Liban.

Pour le Hezbollah, Saad Hariri agit comme s’il avait pour unique objectif d’appliquer l’initiative française, alors que son comportement montre qu’il bénéficierait essentiellement d’une couverture américaine, ce qui ne peut que susciter la méfiance de ce parti. C’est d’ailleurs par crainte de mauvaises surprises que le Hezbollah aurait préféré conclure un accord avec lui avant la désignation. Mais ce dernier n’a pas ouvert la voie à un tel processus, et finalement, le parti compte adopter une attitude d’attente positive tout en restant sur ses gardes. Entre le discours du chef de l’État et la position du Hezbollah, il semble que Saad Hariri sera quand même désigné aujourd’hui pour former le gouvernement. Mais cela ne signifie pas que le processus de formation sera aisé...

D’une façon claire, dans son discours d’hier, le chef de l’État a placé les députés devant leurs responsabilités en effectuant un survol des promesses non tenues et des slogans restés creux qui ont été avancés depuis plusieurs décennies par certains qui sont encore au pouvoir, « soit physiquement, soit à travers la continuation de leur style ». Le président Aoun a...

commentaires (5)

Techniquement, il est mieux que le Hezb ne se montre pas garant de la mixture à venir pour que l'Occident ne dise plus qu'il s'agit d'un gouvernement Hezbollah. Bonne chance au PM !

Shou fi

17 h 27, le 22 octobre 2020

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Commentaires (5)

  • Techniquement, il est mieux que le Hezb ne se montre pas garant de la mixture à venir pour que l'Occident ne dise plus qu'il s'agit d'un gouvernement Hezbollah. Bonne chance au PM !

    Shou fi

    17 h 27, le 22 octobre 2020

  • ainsi soit il pres. aoun ! merci d'avoir essaye d'eveiller le sens de responsabilite des honorables elus.Tout en votre honneur! mais comment accepter qu'il se soit adresse a ceux qui ont l'intention de nommer hariri et pas a Kelloun ? en tous cas ca aura fait plaisir et donne matiere a fierte a dame hadad .et c'est deja ca d'acquis pour nous citoyens fiers de ce grand liban

    Gaby SIOUFI

    11 h 07, le 22 octobre 2020

  • Le HB choisit toujours ce qu’il lui convient de retenir dans un accord où il a donné sa parole qui compte pour des cacahuètes. Il vient nous rappeler via sa porte-parole SH que la France n’a pas précisé que le PM devrait choisir lui même tous les ministres. De qui on se fout? Ça n’est pas un pays étranger qui va venir changer la constitution en fonction des conditions imposées par certains. Il est clair que le PM choisit lui même tous ses ministres alors qu’il arrête de chercher des excuses pour tantôt accuser les pays aidants d’ingérence tantôt de ne pas avoir recouru à un changement de constitution pour lui faire plaisir. Il a toujours essayé de la modeler selon ses humeurs et ses intérêts pour torpiller tous les projets constructifs de notre pays. Alors attendons la liste des ministres choisis par Hariri pour voir si le HB réussira malgré son abstention de le nommer à avoir le ministère des finances ainsi que ses autres ministres choisis par lui et le Berry. LE PARTI DE HN EST LE HB ET NON LA RÉSISTANCE COMME ELLE SE PLAÎT À L’APPELER DANS TOUS SES ARTICLES SH. C’EST DE LA PROVOCATION.

    Sissi zayyat

    10 h 49, le 22 octobre 2020

  • Saad Hariri se trouve au taquet du fait de n'avoir récupéré que le juste minimum du nombre des élus. . cependant ,la formation du gouvernement butera sur des écueils quasi inextricables vu que les deux grands plus partis chrétiens ont refusé de le nommer . On se limitera à la désignation en attendant que les alouettes nous tombent toutes rôties .

    Hitti arlette

    09 h 17, le 22 octobre 2020

  • NOUS POUVONS DÉJÀ PARIER SANS HÉSITER QUE HARIRI NE POURRA PAS FORMER SON GOUVERNEMENT AVANT LES ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES AMÉRICAINES , APRÈS LESQUELLES LE HEZBOLLAH ET DERRIÈRE LUI L'IRAN ÉTUDIERONT TOUTES LES POSSIBILITÉS QUE LE PRÉSIDENT AMÉRICAIN POURRAIT LEUR PROPOSER A L'HEURE OÙ SÉVIT L NORMALISATION FORCÉE ET SOUS MENACE DE CERTAINS PAYS ARABES AVEC LES SIONISTES

    Chucri Abboud

    01 h 48, le 22 octobre 2020

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