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Économie - Rapport

Le PIB libanais subira la même contraction qu’au Venezuela en 2020, selon le FMI

Le PIB libanais subira la même contraction qu’au Venezuela en 2020, selon le FMI

« Le Liban a besoin d’un programme de réformes complet qui s’attaque aux problèmes les plus profonds », a souligné Jihad Azour. Photo d’archives AFP

Les nombreuses crises que traverse le Liban depuis un an – économique, financière, de liquidité – en sus du défaut de paiement de la dette en devises (35,2 milliards de dollars à fin août), de la crise sanitaire et de la double explosion au port de Beyrouth du 4 août dernier, ont eu raison de l’économie libanaise, qui verra son PIB nominal tomber à 18,7 milliards de dollars cette année selon le Fonds monétaire international (FMI), contre 52,5 milliards un an plus tôt. Cette contraction réelle de 25 %, calculée par le Fonds monétaire international (FMI) en retirant l’effet de l’inflation, qui a atteint des sommets cette année (voir plus bas), et annoncée dans le cadre de la mise à jour des perspectives économiques publiée lundi à l’issue de ses réunions annuelles avec la Banque mondiale (BM), projette le Liban au même niveau de croissance que le Venezuela, pays rongé depuis des années par l’hyperinflation et l’instabilité. La contraction de cette année est estimée à plus du triple de celle de l’année passée (-6,9 %).

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Dans son rapport annuel, le Liban est un des rares pays n’ayant pas eu droit à une estimation de croissance et d’inflation pour les années 2021-2025, en raison « du haut degré d‘incertitude » – la Syrie ne possède pas d’estimation depuis 2011 à la suite du conflit qui y sévit. Le taux d’inflation au Liban est, lui, estimé en fin d’année à 144,5 %, alors que ce taux était de 7 % en décembre 2019, amenant le taux moyen de cette année à 85 %. Ce taux avait déjà atteint 120,03 % en août en glissement annuel selon l’Administration centrale de la statistique. Un niveau inférieur à celui du Venezuela, où l’inflation est estimée à 6 500 % en 2020. Le déficit public passera, quant à lui, de -27,4 % en 2019 à -16,3 % cette année, en raison de la baisse des dépenses publiques.

Politique de subvention « ciblée »

Hier, le directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI, Jihad Azour, a recommandé au Liban, lors de sa conférence de presse, de se diriger vers une politique de subvention « ciblée (…) qui lui permettra d’aider les personnes qui sont le plus affectées » par la crise économique, selon des propos rapportés par Reuters. Il a également ajouté que cette politique permettra une meilleure allocation des réserves de la Banque du Liban (BDL), qui s’élevaient à 1,8 milliard de dollars en début du mois, selon une source proche de la Banque centrale, interrogée par L’Orient-Le Jour. Il faut rajouter 17,5 milliards de dollars non utilisables correspondant aux réserves obligatoires des banques.

La BDL subventionne depuis un an les besoins du pays en blé, carburant et médicaments au taux de 1 507,5 livres pour un dollar, alors que celui sur le marché noir tourne autour des 8 000 livres. Or, au vu de la faiblesse de ses réserves, le gouverneur de la BDL, Riad Salamé, avait annoncé fin août déjà qu’elle ne pourrait plus subventionner ces produits que durant trois mois. Début octobre, la source susmentionnée a précisé qu’elle se dirigeait vers une réduction progressive des subventions liées au carburant. Un mois plus tôt, elle avait laissé entendre qu’elle préparait, en partenariat avec la BM et le ministère de l’Économie et du Commerce, un système de « cartes d’achat » qui réduira le risque de contrebande des produits vers la Syrie. Mais ce ministère a besoin de l’accord d’un gouvernement de pleins pouvoirs et se trouve donc en attente d’un prochain gouvernement, qui n’a toujours pas été formé deux mois après la démission de celui de Hassane Diab.

Lire dans Le Commerce du Levant

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Ce ne sont pas les seules déclarations à la presse du directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale du FMI, qui a également souligné que « le Liban a besoin d’un programme de réformes complet qui s’attaque aux problèmes les plus profonds », propos qu’il a répétés à la chaîne locale LBCI. Il a aussi réaffirmé la volonté du Fonds de travailler avec le prochain gouvernement, propos qu’avaient tenus la semaine passée Kristalina Georgieva, directrice du FMI, en ajoutant que le Fonds avait besoin « d’un partenaire ». À l’échelle régionale, le FMI note que les économies des pays du Moyen-Orient et de l’Asie centrale ont été négativement impactées par « le grand confinement ». Ainsi, cette zone devrait connaître une contraction de 4,1 % en 2020, pour ensuite renouer avec une croissance de 3 %. Les pays exportateurs de pétrole sont plus touchés que les pays importateurs (respectivement -6 % et -1,1 %).

L’Irak est le pays de la région, après le Liban, à connaître la plus forte contraction (-10 %) en 2020.

Au niveau mondial, l’économie devrait subir une contraction de 5,6 % cette année et connaître une croissance de 4 % en 2021. Le continent européen devrait faire face à une contraction de son PIB de 7 %, l’Asie orientale et les îles situées dans le Pacifique de 2,2 %, l’Amérique du Nord de 4,9 % en 2020, l’Amérique du Sud de -8,1 % et l’Afrique subsaharienne de 3 % en 2020.

La Banque mondiale un peu moins pessimiste pour le Liban que le FMI

La Banque mondiale a publié hier en fin de journée ses prévisions concernant l’économie libanaise, en pleine crise multidimensionnelle. Un peu moins pessimiste que le Fonds monétaire international (FMI) qui a également mis ses estimations à jour, la Banque mondiale table ainsi sur une contraction de 19,2 % du PIB en 2020, contre -25 % pour la seconde organisation. La Banque mondiale a de plus avancé une projection pour 2021 – contrairement au FMI qui a invoqué l’incertitude concernant la situation du pays pour se justifier –, misant sur un PIB en baisse de 13,2 %.

La Banque mondiale n’a pas livré d’estimation concernant l’inflation, notant toutefois qu’elle sera « à deux chiffres », alors que le FMI l’a estimé à 144,5 % à fin décembre 2020 et à 85 % en moyenne pour l’année. D’après l’Administration centrale de la statistique, l’indice des prix a progressé de 120,03 % en août en glissement annuel (selon les derniers chiffres disponibles).

La Banque mondiale table de plus sur un ratio dette/PIB de 178,2 % en 2020 et de 196 % l’année suivante. La dette publique du pays s’est élevée à 94,3 milliards de dollars à fin août. Pour rappel, le pays a fait défaut sur ses obligations en devises (les eurobonds) en mars.

L’organisation de Bretton Woods s’est enfin prononcée en faveur d’une loi qui officialise le contrôle de capitaux d’ici à maximum 2021. Il s’agit de l’une des réformes demandées par le FMI ou encore par la France, qui a récemment tenté d’enclencher le processus de réformes du pays en faisant pression sur sa classe politique.


Les nombreuses crises que traverse le Liban depuis un an – économique, financière, de liquidité – en sus du défaut de paiement de la dette en devises (35,2 milliards de dollars à fin août), de la crise sanitaire et de la double explosion au port de Beyrouth du 4 août dernier, ont eu raison de l’économie libanaise, qui verra son PIB nominal tomber à 18,7 milliards de dollars cette...

commentaires (1)

Il y a une erreure manifeste dans le texte: "son PIB tomber à 18 milliards de dollars cette année selon le Fonds monétaire international (FMI), contre 52,5 milliards un an plus tôt. Cette contraction de 25 %," Les calculs sont faux

Khalil Chehade

07 h 38, le 20 octobre 2020

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Commentaires (1)

  • Il y a une erreure manifeste dans le texte: "son PIB tomber à 18 milliards de dollars cette année selon le Fonds monétaire international (FMI), contre 52,5 milliards un an plus tôt. Cette contraction de 25 %," Les calculs sont faux

    Khalil Chehade

    07 h 38, le 20 octobre 2020

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