"L'enquête sera rapide, mais pas précipitée", affirme la ministre sortante de la Justice

La ministre libanaise sortante de la Justice, Marie-Claude Najm, a promis jeudi que l'enquête sur la double explosion meurtrière du port de Beyrouth sera "rapide, mais pas précipitée" alors que la déflagration s'est produite le 4 août dernier.

Deux mois après le drame causé par l'explosion de 2.750 tonnes de nitrate d'ammonium qui ont pris feu dans un hangar du port où elles étaient stockées depuis 2014 et fait 202 morts et 6.500 blessés, l'enquête n'a toujours pas abouti et aucun résultat n'a été rendu public, dans un pays où la justice est souvent soumise aux pressions politiques. Les autorités ont rejeté les appels à une enquête internationale. Une vingtaine de personnes ont été arrêtées, tandis que les audiences et les interrogatoires de ministres, d'anciens ministres et de hauts responsables sécuritaires se succèdent. Parmi les détenus, trois hauts responsables, sont actuellement en détention dans le cadre de l'enquête. Il s'agit du directeur des douanes Badri Daher, du directeur général des transports maritimes et terrestres Abdel Hafiz el-Kaïssi, et du directeur général du port Hassan Koraytem.

"Les enquêtes se poursuivent. Nous assurons aux familles des victimes, des blessés et à tous les sinistrés que l'enquête sera rapide mais pas précipitée", a déclaré Mme Najm à l'issue d'un entretien à Bkerké avec le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, indiquant que le procureur général près la Cour de justice, le juge Fadi Sawan, en charge de l’enquête, devait recevoir dans la journée les rapports d'investigation des experts français et britanniques. "Des demandes juridiques ont été envoyées à l'étranger. J'ai contacté les ambassades dans les pays concernés pour accélérer les procédures", a-t-elle ajouté.

Dans la semaine, le Bureau fédéral d'investigations américain (FBI), qui a transmis son rapport aux autorités judiciaires libanaises, a annoncé n'avoir abouti à aucune conclusion sur les causes des explosions dans le port de Beyrouth et ne pas pouvoir affirmer que celles-ci étaient "accidentelles".

Par ailleurs, la ministre a appelé à une "révolution constructive", alors que le mouvement de contestation contre la classe dirigeante, accusée d'incompétence et de corruption, lancée le 17 octobre 2019, fête son premier anniversaire.