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Lifestyle - Mode

Emergency Room : liberté, diversité, singularité

Éric Ritter fait partie des sept créateurs libanais accueillis par la Semaine de la mode de Milan dans le cadre de sa plateforme numérique et de son geste de solidarité envers les habitants de Beyrouth.

Emergency Room : liberté, diversité, singularité

Extraits du court-métrage « Emergency Room » présenté dans le cadre de la Semaine de la mode de Milan.

Avec sa jeune marque Emergency Room qui n’en finit pas de monter, cet électron libre de la scène de la mode libanaise a encore étonné avec des créations issues des stocks et de la récupération, résolument inscrites dans la mouvance durable et l’up-cycling. Mieux, il a encore affiné sa philosophie libératrice en mettant en avant la singularité de l’être au monde, la diversité des corps et des orientations, des âges de la vie et des différents parcours que le vêtement définit comme une légende raconte une photo. Le court-métrage de présentation d’Éric Ritter est titré Not a fashion movie, et ce n’est pas non plus une pipe. Tourné à Beyrouth, dans les locaux dystopiques de Unionmarks, sous la direction d’Iva Kovic pour The Clinic Studios, le film est une conversation hachée par le va-et-vient d’un ascenseur qui déverse à chaque arrivée des personnages divers. Parmi eux, la propre grand-mère et muse du créateur, Hoda Ziadé, qui porte avec une élégance infinie les 80 ans qu’elle déclare avec un naturel désarmant, soulignant quand même que la date de naissance affichée sur sa carte d’identité et lui donnant deux ans de trop est erronée.

Colère et minishorts en acétate

Suivent ces modèles et amis, garçons et filles malmenés par la vie au Liban, pour longtemps traumatisés par l’explosion de Beyrouth. Les maigres, les plus enveloppés, les dégingandés, ceux qui habitent le mauvais corps, ceux qui jouent dans la mauvaise pièce se confient, affichent leurs opinions, et leur univers mental s’exprime à travers le langage du corps, lui-même habillé par Éric Ritter avec une pertinente impertinence. Mohammad Zorkot, Joëlle Abou el-Nasr, Amin Zedd, Tsigereda Brihanu, Andréa, Cherry Chkeir, Myriam Boulos, Serge Yared, Sasha Elijah se succèdent devant la caméra. Des noms connus ou moins connus de la scène artistique beyrouthine, drag-queens, danseurs, photographes, écrivains, musiciens, tous habités d’une passion douloureuse, racontent des bribes de leur vie, leurs émotions, leur enfance, ce qui les motive, ce qui les émeut, ce qui les aide à tenir. Ils expriment leurs opinions politiques, leur colère, leur révolte, parfois leurs projets de départ. Entre street-wear, banalité quotidienne et tenues de soirée, Éric Ritter compose pour eux et elles des minishorts en acétate, des chemises récupérées sur des draps illustrés de thèmes enfantins ou passés de mode, des robes de princesse à jupe asymétrique ou flamboyante, épaules dénudées, soulignant l’attitude.

Extraits du court-métrage « Emergency Room » présenté dans le cadre de la Semaine de la mode de Milan.

La révélation Tripoli

Frais émoulu d’Esmod Beyrouth, Éric Ritter avait fait ses armes dans la haute couture avant de se révéler à lui-même au hasard d’une mission de formation à Tripoli dans un petit atelier à vocation caritative, Tara w’kheit. Dans la ville en déshérence, avec un groupe de femmes défavorisées vouées à réaliser des napperons en crochet qui ne trouvaient plus preneur, le créateur avait découvert les trésors des vieux souks et l’incroyable savoir-faire des artisans. Son désir de créer une mode équitable et inclusive y avait trouvé de quoi s’épanouir.

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Depuis, transformant les tapis en manteaux, les napperons en cagoules étranges, les draps de fin de stock en chemises ; sublimant les acétates chinois et les peluches bon marché, récupérant les chaussures invraisemblables que snobe la mode main-stream, il redonne de la joie à ce dont personne ne veut, ressuscite les rebuts, fait triompher l’usure, transforme la pauvreté en richesse, loin des codes et des vestiaires convenus.

Avec sa jeune marque Emergency Room qui n’en finit pas de monter, cet électron libre de la scène de la mode libanaise a encore étonné avec des créations issues des stocks et de la récupération, résolument inscrites dans la mouvance durable et l’up-cycling. Mieux, il a encore affiné sa philosophie libératrice en mettant en avant la singularité de l’être au monde, la diversité...

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