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Société - Justice

Fuite du fuel en Syrie : Hawat saisit le parquet financier

L’armée et les forces de sécurité se contentent de faire « des tournées folkloriques » à la frontière, affirme le député FL à « L’Orient-Le Jour ».

Fuite du fuel en Syrie : Hawat saisit le parquet financier

Le député Ziad Hawat et son avocat, Gaby Germanos, à leur sortie du Palais de justice. Photo Houssam Chbaro

Alarmé par les pertes mirobolantes que cause à l’État et aux Libanais la contrebande du carburant à travers la frontière syrienne, Ziad Hawat, député de Jbeil et membre du bloc de la République forte (Forces libanaises), a présenté hier une note d’information auprès du parquet financier. Avec pour objectif d’obtenir une enquête sur ces actes illicites qui privent le Trésor de rentrées importantes et accentuent la déliquescence économique dans laquelle s’empêtre le pays. À l’instar de la farine et des médicaments, le carburant est subventionné, mais il risque de ne plus l’être dans quelques mois, en raison du tarissement des réserves de la Banque centrale. L’État dépense pour l’heure des milliards de dollars en subventions, tandis que des quantités énormes de fuel passent sans contrôle en Syrie. Les Libanais, eux, commencent à ressentir la pénurie, faisant parfois la queue devant les stations-service pour tenter de remplir les réservoirs de leurs véhicules.

« Les pertes découlant de la contrebande de l’essence s’élèvent à environ 500 000 dollars par jour », s’est indigné M. Hawat, à sa sortie du Palais de justice, affirmant que « les passeurs reçoivent de l’argent frais de Syrie et paient l’État libanais en livres libanaises ». Contacté par L’Orient-Le Jour, le député FL déplore que « les frontières ne soient pas contrôlées », accusant « les organes judiciaires et les services de sécurité de ne pas remplir leur rôle à ce niveau ». En réponse à une question sur les efforts déployés il y a quelques mois par le gouvernement de Hassane Diab pour mettre fin à la contrebande, le député estime qu’il s’agissait alors pour l’armée et les forces de sécurité de « tournées folkloriques ». Le gouvernement avait ordonné en mai la saisie par l’armée et les Forces de sécurité intérieure des marchandises entrant ou sortant illégalement du Liban, après que la ministre de la Justice (aujourd’hui sortante), Marie-Claude Najm, eut ordonné une enquête sur les « opérations de contrebande de grandes quantités de fioul à la frontière ». Quelque temps plus tard, l’armée avait annoncé avoir fermé plusieurs passages illicites, dont un dans le Hermel (Liban-Nord).

« Contrebande organisée »

Entre-temps, M. Hawat avait déposé une première note judiciaire (en mai dernier) pour dénoncer le problème. Interrogé sur l’issue de cette démarche, le parlementaire souligne qu’elle a « malheureusement peu de chances d’aboutir ». Il évoque dans ce cadre « la mainmise du Hezbollah sur tous les passages avec la Syrie, légaux ou illégaux ». « Ce sont d’ailleurs les passages officiels qui sont le plus exploités pour la contrebande, d’autant que les camions-citernes ont plus de facilité à y circuler », note-t-il, soulignant que l’accès des poids lourds aux autres voies, escarpées ou montagneuses, est moins aisé. Pour lui, « quelle que soit la route utilisée, c’est le Hezbollah qui protège les contrebandiers ». « Il s’agit d’une contrebande organisée », insiste-t-il. Samedi dernier, le député avait publié sur son compte Twitter une vidéo montrant des camions-citernes transportant de l’essence vers la Syrie, évoquant une opération « parrainée par la mafia » du parti chiite.

Alors que débuteront mercredi les négociations pour la délimitation des frontières avec Israël, il n’est toujours pas question de procéder à un tracé des frontières avec la Syrie. Ce qui éloigne donc une possibilité prochaine de mettre fin à l’exportation illégale de marchandises, mais aussi à l’infiltration d’armes et de terroristes. Une commission syro-libanaise avait été constituée en 2008 pour une concertation sur le tracé entre les deux pays, mais elle n’a jamais entamé sa mission, la Syrie n’ayant pas désigné ses représentants.

Spéculations

Ce n’est pas uniquement le commerce clandestin que M. Hawat a dénoncé hier auprès du parquet financier. Dans la requête judiciaire, il est également question de spéculations sur le fuel à l’intérieur même du territoire libanais. Joint par L’OLJ, son avocat, Gaby Germanos, relève que « des commerçants emmagasinent le carburant dans leurs entrepôts, en attendant une levée des subventions ». « Ayant acheté leurs marchandises au prix subventionné, ils prévoient de réaliser des bénéfices (illégaux) en réservant les ventes au moment où elles renchériront », explique l’avocat. Il indique par ailleurs que M. Hawat « a demandé au parquet de procéder à une étude comparative des quantités de carburant importées depuis 2016 à ce jour ». « Grâce aux relevés que la justice devrait être en mesure de se procurer, le circuit pourrait être dévoilé et les fuites de carburant aisément repérées », espère M. Germanos.

Alarmé par les pertes mirobolantes que cause à l’État et aux Libanais la contrebande du carburant à travers la frontière syrienne, Ziad Hawat, député de Jbeil et membre du bloc de la République forte (Forces libanaises), a présenté hier une note d’information auprès du parquet financier. Avec pour objectif d’obtenir une enquête sur ces actes illicites qui privent le Trésor de...
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