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Environnement - Écotourisme

Le « choix des voyageurs » se porte sur Jabal Moussa

Ce site au patrimoine naturel et culturel exceptionnel ajoute une nouvelle étoile à son palmarès, une distinction qui vient récompenser son accueil aussi chaleureux que professionnel des visiteurs.

Le « choix des voyageurs » se porte sur Jabal Moussa

Le magnifique site de Chouwan, très populaire auprès des visiteurs.

Le site de Jabal Moussa (Kesrouan), bien connu en tant qu’espace protégé au Liban, a récemment remporté le « choix des voyageurs » (ou « travelers’ choice »), qui lui a été attribué par le site « Trip Advisor ». Le célèbre site internet le classe parmi les 10 % de « sites les plus attirants du monde » pour l’année 2020. Ce classement « se fonde sur les retours des visiteurs, les commentaires étant très largement favorables à la qualité d’accueil sur le site », souligne Pierre Doumet, fondateur de l’Association de protection de Jabal Moussa (APJM). Il estime que cette nouvelle récompense est largement due non seulement à la beauté indicible et variée du lieu, mais aussi à l’implication de la population locale, qui tient des maisons d’hôtes, offre à la vente des produits du terroir… « Le développement est continu sur le site, mais c’est un développement “à l’ancienne”, qui respecte la culture locale », ajoute-t-il.

Jabal Moussa, une réserve privée classée « site naturel » au Liban, est reconnue « réserve de biosphère » de l’Unesco depuis 2009. Elle comporte nombre de sentiers de randonnée et accueillait, ces dernières années, des dizaines de milliers de visiteurs par an. Ce « choix des visiteurs » vient couronner des années de travail, même si, selon Joëlle Barakat, directrice du programme de conservation, « il sera davantage possible d’en profiter à des étapes ultérieures, quand les contraintes dues au coronavirus ne seront plus en vigueur ». Cette année, la réserve est restée ouverte, mais accueillait des groupes restreints sur rendez-vous afin d’éviter les grands rassemblements.

Selon Mme Barakat, cette distinction vient récompenser « l’engagement enthousiaste du staff composé, dans sa majorité, d’habitants de la région ». À ses visiteurs, la réserve offre des paysages féeriques et contrastés, et, dorénavant, « ce qu’on appelle la boucle de Jabal Moussa, qui regroupe tous les sentiers, pouvant être parcourue en un jour ou deux », révèle Joëlle Barakat. « Les plus robustes, qui auront réussi à terminer la boucle, auront droit à un certificat », ajoute-t-elle.

Jabal Moussa est avant tout un paradis de flore, renfermant plus de 700 espèces dont certaines sont endémiques à ce lieu. Sans compter les nombreuses espèces animales, dont le daman des rochers, petit mammifère qui a refait son apparition dans la réserve alors qu’on le croyait éteint au Liban et qui alimente la série « Tabsoun » (son nom en arabe vernaculaire), dont le troisième tome vient d’être édité, dédié au patrimoine culturel de Jabal Moussa.


L’anthropologue Nada Élias fouillant une tombe romaine à Jabal Moussa. Photos APJM


Une industrie de la période romano-byzantine

L’extraordinaire biodiversité de Jabal Moussa n’est pas le seul trésor de la réserve. Son patrimoine culturel et archéologique est considérable, couvrant des périodes allant du bronze moyen à des époques beaucoup plus récentes, telles que celle des croisés, ainsi que le précise Bettina Genz, archéologue coordinatrice des travaux à Jabal Moussa et conférencière à l’AUB. « Nous avons mis au jour, cette année, deux installations industrielles datant de la période romano-byzantine, explique-t-elle. Selon une théorie, ces sites auraient pu être consacrés à la production de chaux. » L’archéologue souligne que des traces de production industrielle et de villages habités, allant aussi loin que 3 500 à 4 000 ans, ont été découvertes dans la région.

« Bien que la zone soit quelque peu limitée, elle est le témoin d’une production et d’un commerce florissant de et vers le littoral, dit-elle. On y a probablement manufacturé des produits à partir des ressources forestières. » Elle insiste sur la rareté des fouilles effectuées en montagne, notamment dans des régions forestières, d’où l’importance de découvertes telles que celles-là. « Elles nous permettent de comprendre le système économique qui était en place en montagne à travers les âges », ajoute-t-elle.

Les deux sites récemment fouillés sont proches de la route dite romaine, bien qu’elle soit un chemin emprunté par l’homme à des époques bien antérieures, reliant cette région à la Békaa, d’un côté, et au littoral, de l’autre. Les fouilles archéologiques sont effectuées dans le cadre du programme Crossdev, financé par l’Union européenne. Un autre projet consiste dans le nettoyage et la réhabilitation d’un lieu connu sous le nom d’escaliers romains, financé dans le cadre de l’AFCP (Ambassadors Fund for Cultural Preservation) par le biais de l’ambassade des États-Unis.

Après dix ans, l’heure du bilan

Par ses activités mettant en relief ce patrimoine culturel et naturel, la gestion de la réserve s’est fondue dans son cadre social qui comporte plusieurs villages. Et malgré les emplois créés au cours des années, la cause de la conservation du site n’était pas gagnée d’avance auprès d’une partie des habitants qui ont une autre conception de l’exploitation des ressources. « Il y a toujours une foule d’exactions, entre abattage illégal d’arbres ou exploitation de carrières », déplore Pierre Doumet.

L’idée de la conservation a-t-elle fait son chemin chez un nombre croissant d’habitants ? Roula Abi Habib Khoury, professeure de sociologie à l’Université Saint-Joseph, a été sollicitée dès 2009-2010 pour effectuer une enquête auprès des habitants des villages de la région. Dix ans plus tard, c’est l’heure du bilan, dont les résultats seront rendus publics prochainement. « Un changement se fait sentir, même s’il nous faut analyser les résultats de notre enquête pour plus de précision, dit-elle. Sur le plan économique, l’association est désormais perçue comme un employeur potentiel et un acteur important. Il faut noter cependant qu’un certain pourcentage des habitants serait toujours hostile à cette approche de la conservation. »

L’engagement de la population étant crucial dans une protection du site qui s’inscrirait dans la durée, l’enquête effectuée en 2009-2010 était une étape incontournable dans le travail de l’APJM. « Ce rapport avait démontré la relation complexe entre les habitants et la nature, explique la sociologue. Ils étaient plus ou moins dans la logique de l’écologie de conquête, la nature pour eux étant source de revenus et d’angoisse en même temps (en raison de la présence animale notamment). Une association qui s’inscrit dans un cadre de conservation était mal vue par certains. Il fallait montrer à ces habitants que la conservation est dans leur intérêt, étant une option d’exploitation durable. »

Le site de Jabal Moussa (Kesrouan), bien connu en tant qu’espace protégé au Liban, a récemment remporté le « choix des voyageurs » (ou « travelers’ choice »), qui lui a été attribué par le site « Trip Advisor ». Le célèbre site internet le classe parmi les 10 % de « sites les plus attirants du monde » pour l’année 2020. Ce...

commentaires (1)

Voila un article tres interessant. Je n'etais pas au courant du "Jabal Moussa". Je ne pense pas que je l'ai vu, mais une recherche montre qu'ils ont un site web qui dit que les villages sont Yahchouch, Al iibré et Chouwan, Qehmez, Nahr ed Dahab, Ghbaleh et Jouret El Termos (https://www.jabalmoussa.org/villages). Je pense qu'il faut deja une semaine pour voyager la-bas, c'est un petit pays le Liban mais il y a beaucoup a visiter.

Stes David

18 h 00, le 04 octobre 2020

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Commentaires (1)

  • Voila un article tres interessant. Je n'etais pas au courant du "Jabal Moussa". Je ne pense pas que je l'ai vu, mais une recherche montre qu'ils ont un site web qui dit que les villages sont Yahchouch, Al iibré et Chouwan, Qehmez, Nahr ed Dahab, Ghbaleh et Jouret El Termos (https://www.jabalmoussa.org/villages). Je pense qu'il faut deja une semaine pour voyager la-bas, c'est un petit pays le Liban mais il y a beaucoup a visiter.

    Stes David

    18 h 00, le 04 octobre 2020

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