Jaune revivifiant.
Depuis environ 20 ans, Pantone, surnommée « l’autorité mondiale de la couleur », prévoit les tendances en matière de couleur de l’année à venir et conseille une palette inspirant également des marques et des entreprises. Elle avait fait de 2020 l’année du bleu classique, synonyme de calme et confiance. « Exactement ce qu’il faut par ces temps troublés qui ont besoin de foi et de réconfort », avait précisé Leatrice Eiseman, directrice exécutive du Pantone Color Institute.
L’irrésistible appel du rose.
Comme on le sait, les chercheurs œuvrant dans le champ chromatique ont découvert, il y a longtemps, que la couleur peut agir sur l’humeur. Ainsi, Pantone a établi une palette de la pandémie, expliquant qu’après des mois de confinement, le moral général aurait sûrement besoin d’être relevé en utilisant une nouvelle gamme de couleurs. « Pour certains, explique Leatrice Eiseman, la maison est un refuge et un lieu sécurisant. Pour d’autres, l’intérieur est rempli de toutes sortes d’angoisses. Dans l’un et l’autre cas, il existe des couleurs qu’il serait bon d’incorporer dans ces lieux de vie et de travail pour leur capacité à insuffler ce dont on a besoin psychologiquement et émotionnellement, et surtout un mieux-être. Cela peut être un orange dynamisant, un bleu apaisant ou un jaune optimiste. »
Oubliant les cinquante nuances de gris, cet institut, fort de son expérience dans le domaine, a développé au cours des années un grand sens de l’effet des couleurs sur les humeurs. Aujourd’hui, avec son large éventail de nuances, Pantone (qui en possède plus de 992) propose un guide basique sur la manière d’utiliser la couleur pour améliorer l’état d’esprit de chacun. Arrêt sur sa palette reconstructive.
Bleu hors du temps.
Rouge énergisant, orange irradiant, jaune revivifiant
Le rouge, nous dit-on, suscite une vitalité instantanée qui peut stimuler l’espace et l’esprit. « C’est la couleur totale énergie, précise Mme Eiseman. À utiliser toutefois avec modération, dans un objet d’art, des bibelots ou des coussins. » Elle poursuit : « Quant à l’orange, les uns l’aiment pour son éclat, alors que d’autres ne savent pas trop comment l’utiliser dans leur maison. » Dans ce dernier cas, il est conseillé de le marier avec des éléments terracotta et beige, « qui procurent un sentiment de sécurité ». Quant aux personnes qui se sentent fragilisées et déprimées, le jaune est revivifiant et lumineux. Il en est de même pour les habitants des pays qui souffrent de longs hivers.
Le vert grand air. Photos tirées du compte Instagram Pantone
Vert grand air et bleu hors du temps
Toutes les nuances de vert sont faciles à utiliser en intérieur car leurs variations se trouvent dans la nature. En plus d’évoquer le grand air, leur juxtaposition donne une perspective de profondeur. Et, du ciel à la mer, le bleu est omniprésent, fabuleux et hors du temps. Apaisante, cette couleur est un arrière-plan idéal pouvant s’allier à tout.
Une palette de nuances pour voir la vie en rose. Photo tirée du compte Instagram Pantone
Violet versatile et irrésistible appel du rose
On évite presque toujours de s’entourer de violet, une teinte difficile à intégrer dans un ensemble existant. Selon certains spécialistes, utilisée judicieusement, cette couleur peut, selon sa nuance, créer différentes atmosphères : du zen au luxe en passant par l’inégalable bleu lavande nature. Et, toujours l’irrésistible appel du rose qui a, depuis longtemps, dépassé son label féminin, « car, dit Leatrice Eiseman, il émane immanquablement de cette couleur une sensation de cocooning et d’empathie ». Pour Carolyn DiCarlo, architecte et décoratrice d’intérieur, « il est bon de vivre dans une atmosphère qui dégage la sensation d’une caresse de rose, pour nous faire oublier que la vie manque souvent de douceur ».
L’importance de l’action des couleurs sur la santé morale et physique remonte à l’Égypte ancienne. S’y pratiquait alors la chromothérapie (considérée comme une médecine alternative ou une pseudo-science), pour soulager de nombreuses maladies. Au début du XXe siècle, un hôpital psychiatrique de la ville de New York avait établi une charte de couleurs pour traiter ses patients : une chambre noire pour calmer les maniaques, une chambre rouge pour ceux atteints de mélancolie, une chambre mauve pour les malades psychologiques, une chambre bleue ou verte pour les agités. Le blanc était réservé aux personnes les moins atteintes. À la même période, Rudolph Steiner, scientifique et fondateur du système éducatif Waldorf, préconisait que les salles de classe devaient être peintes dans des tonalités en concordance avec l’âge de développement de l’enfant.
Enfin, par ces temps si pesants, un arrêt s’impose du côté de la poétique palette des voyelles du grand Arthur Rimbaud : « A noir, E blanc, I rouge, O bleu, U vert »...
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