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Culture - 7e Art

Les cinéastes libanais et les festivals en 2020 : qui est sélectionné et où ?

Danielle Arbid, Zeina Daccache, Ahmad Ghossein, Ely Dagher ou Oualid Moaness ont réussi cette année à séduire les grands festivals européens, alors que la planète entière est plongée dans une crise sanitaire et que le Liban souffre d’un isolement international.

Les cinéastes libanais et les festivals en 2020 : qui est sélectionné et où ?

La cinéaste Danielle Arbid au Festival de San Sebastian. Ander Gillenea/AFP

Qu’est-ce qu’une œuvre cinématographique sinon le témoignage du travail d’une année ou de plusieurs mois, et qui pour survivre a besoin d’être vu par le plus grand nombre de spectateurs possible ? Qu’est-ce qu’un film sinon une œuvre cinématographique qui, après s’être nourrie du regard local, va voyager et s’enrichir de la critique internationale. L’année 2020 n’a pas été facile pour certains réalisateurs libanais qui n’ont pas pu donner jour à leur œuvre. D’autres qui se sont vu primer dans certains grands festivals n’ont pas encore pu projeter au Liban à cause de la crise du coronavirus. Enfin, d’autres réalisateurs encore n’ont pas pu recevoir les fonds nécessaires pour que leur film puisse voyager. Mais cela n’est pas parvenu à affaiblir la détermination de ces cinéastes volontaires qui ont quand même présenté leurs œuvres aux festivals, qu’ils soient en présentiel ou en ligne.

Danielle et Cannes

C’était d’abord le Festival de Cannes, qui pour la première fois de son histoire (à part en 1968 où il fut boycotté par les soixante-huitards) n’a pas pu avoir lieu à cause de la pandémie du coronavirus. Mais les organisateurs ont insisté néanmoins malgré l’absence de public et de journalistes pour faire une sélection de films et pour les récompenser en leur donnant un satisfecit d’existence. La cinéaste franco-libanaise Danielle Arbid fera partie de cette sélection officielle avec son film Passion simple. Célèbre roman signé Annie Ernaux, paru au début des années 90 chez Gallimard, Passion simple raconte « l’histoire d’un amour fou d’une femme pour un diplomate russe marié».

Aujourd’hui Cannes hors les murs se poursuit et le festival continue d’accompagner les films de sa sélection officielle qui n’ont pu être montrés sur la Croisette. Dès le 18 septembre et cela jusqu’au 26 septembre , le festival de Cannes s’est donc associé à celui de San Sebastian pour une collaboration inédite et exceptionnelle. « Le festival international de San Sebastian dans une décision commune inédite entend présenter actuellement les dix-sept films de la Sélection officielle de Cannes dans différentes sections. Il a choisi Danielle Arbid et François Ozon pour représenter la France en compétition officielle ». Avec cette présence à San Sebastián, Pierre Lescure, le Président du Festival de Cannes, le confirme : « Le Festival international de San Sebastián est chaque année l’un des plus beaux événements de la rentrée avec un extraordinaire public et un foisonnement artistique qu’on retrouve dans tous les cinémas de la ville ».

Outre le festival de San Sebastian Passion Simple est aussi sélectionné à Toronto. Un grand chelem qu’effectue Danielle Arbid en cette année 2020. et sortira dans les salles françaises dès le 13 janvier 2021.

Ely après Cannes

Après la remise de la Palme d’or en 2015 pour son court-métrage Waves 98, Ely Dagher se dirige vers l’écriture d’un long-métrage de fiction intitulé, jusqu’à nouvel ordre, Harvest. L’histoire est en quelque sorte dans le même esprit que son film d’animation puisqu’il s’agit d’une jeune fille qui rentre dans son pays natal et qui se retrouve prise dans l’engrenage d’un environnement à la fois familier et étrange. Des pressions obsédantes pour s’intégrer à la dynamique familiale ainsi que des détails révélateurs de sa vie à l’étranger pèsent lourd sur elle. Il s’agit d’une coproduction entre Andolfi Production (Arnaud Dommerc), About Productions (Myriam Sassine), Wrong Men et Beaver and Beaver. Le film avait reçu le soutien de l’Institut du cinéma de Doha et du Fonds arabe pour l’art et la culture (AFAC). Il est distribué dans le monde arabe par MAD Solutions. « Ce sont toujours les rapports avec les parents et la famille que j’aborde, dit Ely Dagher. Ce film a nécessité beaucoup de temps à cause de la pandémie et de la situation économique au Liban. Déjà, le fait de réaliser un film était un combat permanent pour les cinéastes libanais, aujourd’hui il est encore plus difficile de le faire sortir et même de l’accompagner. » L’avenir semble assez incertain pour le cinéma dans les salles obscures et sur grand écran, tant libanais que mondial. Qu’il ait été sélectionné pour le « Final Cut » à la dernière édition du Festival international de Venise et qu’il ait gagné (prix en espèces et visibilité dans d’autres festivals) consiste en un grand soutien pour Harvest (dont le titre en arabe n’a pas encore été finalisé) et dont le montage va bientôt commencer en France. Il a été également sélectionné à la plateforme CineGouna dans le cadre du 4e Festival du film d’el-Gouna (23-31 octobre). Le projet de film participe aux projets de long-métrage narratif en développement au sein de la plateforme qui se déroule du 25 au 30 octobre. Il s’agit de la deuxième participation du film à la plate-forme CineGouna où, l’an dernier, Harvest a remporté le prix en espèces de projets en développement en plus d’une récompense monétaire de la Fondation Drosos.

Affiche du Festival du cinéma libanais de France.

Zeina Daccache, dans la cour des doges

Les ateliers Final Cut du Festival international de Venise – qui ont eu lieu en ligne et qui ont pour but de fournir une aide concrète à la réalisation de films d’Afrique et d’Irak, de Jordanie, du Liban, de Palestine et de Syrie et d’offrir aux producteurs et réalisateurs la possibilité de présenter des films encore en phase de production à des professionnels et distributeurs internationaux du cinéma afin de faciliter la post-production et de promouvoir les partenariats de coproduction et l’accès au marché – ont récompensé Ely Dagher mais également le documentaire de Zeina Daccache, Blue Inmates. Ce documentaire fait partie du combat permanent que mène cette activiste pour l’humain depuis qu’elle a créé Catharsis pour la dramathérapie. Un combat qui a commencé à Roumieh même en 2009 par la production de la pièce et du film 12 Libanais en colère produits en 2009, qu’elle poursuit par Shéhérazade dans la prison pour femmes de Baabda en 2012, tandis que son projet le plus récent Blue Inmates consistait à aborder le problème des détenus souffrant de troubles mentaux et visait à ce que le gouvernement améliore l’état mental des détenus et à réformer la loi pour ceux-là mêmes qui souffrent de troubles mentaux.

Aujourd’hui, par ce soutien attribué au film, Zeina Daccache pourra élaborer le film, lui donnant sa touche finale afin qu’il soit le témoignage vivant de cette cause qu’elle défend farouchement

Ahmad et Oualid à Malmö, Namur et Paris

Septembre dernier, Ahmad Ghossein concourait à la 76e édition de la Mostra de Venise, pour le « Lion du futur-prix Luigi de Laurentiis » de la meilleure première œuvre dans le cadre de la Semaine de la critique où il recevait le premier prix de la Semaine. Puis le reste on ne le connaît que trop, les différentes crises au Liban n’ont pas permis à ce très beau film d’être projeté. Aujourd’hui All this Victory (Jidar el-saout), huis clos étouffant révélant le quotidien d’habitants réfugiés chez un voisin et qui se concentre sur la psychologie de ses personnages, tout en dénonçant la manière dont ce conflit confine et étouffe les populations. Ce film est sélectionné avec celui de son compatriote Oualid Moaness (1982) au Festival du film arabe de Malmö. 1982 retourne – comme son titre l’indique –

sur l’invasion israélienne de 1982 en évoquant des élèves d’une école pris dans le cercle de la guerre. Hasard ou coïncidence, ces deux films – qui font écho à l’histoire actuelle du Liban – seront donc présentés dans le cadre du festival qui fête ses dix ans et aura lieu du 8 au 13 octobre. Moaness sera également en compétition officielle au Festival international du film francophone de Namur du 2 au 9 octobre. Quant à Ahmad Ghossein, il présentera son long-métrage le jeudi 24 septembre au Centre Pompidou. La projection sera suivie d’une conversation entre Ahmad Ghossein et Christine Macel.

Enfin, du 7 au 11 octobre, c’est le cinéma libanais qui sera à l’affiche à Paris puisque la première édition du Festival du film libanais de France se tiendra au cinéma Le Lincoln, Paris 8e.

Un festival qui vise à promouvoir et soutenir la création cinématographique libanaise contemporaine et encourager son rayonnement en France. Au programme : projections-débats, master class, rencontres professionnelles, compétition de courts-métrages...

Qu’est-ce qu’une œuvre cinématographique sinon le témoignage du travail d’une année ou de plusieurs mois, et qui pour survivre a besoin d’être vu par le plus grand nombre de spectateurs possible ? Qu’est-ce qu’un film sinon une œuvre cinématographique qui, après s’être nourrie du regard local, va voyager et s’enrichir de la critique internationale. L’année 2020 n’a...

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