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Économie - Hydrocarbures

Un éventuel arrêt des subventions de l’essence doit être « progressif », plaident les propriétaires des stations-service

Un navire contenant 40 millions de litres d’essence déchargé dans les installations pétrolières à Zahrani.

Un éventuel arrêt des subventions de l’essence doit être « progressif », plaident les propriétaires des stations-service

Une station-service fermée dans le Koura, en novembre 2019. Photo d'archives ANI

Relativement discret depuis le début de la pénurie d’essence qui a touché une partie des distributeurs du pays ces derniers jours, le syndicat des propriétaires de stations-service a finalement commenté mardi dans un communiqué cette situation qu’il a attribuée à une « baisse des quantités importées » en raison du resserrement des conditions de validation des subventions sur le dollar accordées par la Banque du Liban (BDL) aux sociétés importatrices de carburant.

Reconnaissant l’impact de ces mécanismes mis en place depuis près d’un an sur les réserves de devises de la Banque centrale, le président du syndicat, Samy Brax, a ainsi appelé les autorités à ne pas brutalement suspendre le mécanisme dans le cas où elles décideraient de le faire, plaidant en faveur d’une suspension « progressive » et étudiée en amont. « Cela fait un mois que le syndicat veut mettre le sujet sur la table parce qu’une éventuelle suspension de la circulaire n°530 de la BDL va poser un certain nombre de questions auxquelles il faudra des réponses en amont », a expliqué Samy Brax à L’Orient-Le Jour.

Modalités de paiement
« Le prix de l’essence sera-t-il fixé par le marché ou sera-t-il encore plafonné par le ministère de l’Énergie et de l’Eau ? Où les importateurs trouveront-ils les dollars pour payer leurs fournisseurs ? En quelle monnaie les stations-service devront-elles régler les commandes faites aux importateurs ? À quel taux dollar/livre se feront les transactions et est-ce que ce taux sera fixe ou flottant ? Qui assurera les besoins en devises de l’ensemble de la chaîne de distribution ? Voilà autant de questions que nous avons posées à plusieurs reprises sans avoir de réponse pour l’instant », a-t-il précisé. Le syndicaliste a également demandé à pouvoir participer aux travaux de toute commission qui serait formée pour étudier ce dossier.

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Les importateurs d’essence de plus en plus frileux vis-à-vis de la BDL

Lundi, le syndicat des propriétaires de camions-citernes a lié le nouveau problème d’approvisionnement des stations-service – le second depuis début septembre – à un retard dans le processus du déblocage par la BDL des lignes de crédit prévues dans le cadre du dispositif de la circulaire n°530 devant régler les cargaisons arrivées au port pour le compte des sociétés importatrices. Le texte met en place le mécanisme de subventions du taux dollar/livre en permettant aux importateurs d’essence et de diesel d’obtenir auprès de la BDL 90 % de leurs besoins en dollars en les échangeant contre des livres au taux officiel (1507,5 livres pour un dollar) pour payer leurs fournisseurs. Visant à limiter l’inflation sur le carburant, ce procédé est jugé gourmand en devises en plein contexte de crise économique et financière marquée par une forte dévaluation de la livre, ainsi que peu efficace en termes d’impact social dans un pays où plus de 50 % de la population est sous le seuil de pauvreté. En août, la BDL avait laissé échapper que les réserves de devises actuellement disponibles ne permettaient pas de financer le mécanisme de la n°530 (qui englobe aussi les importations de blé et de médicaments) au-delà de trois mois. Elles s’élèveraient à environ 19 milliards de dollars selon le gouverneur, dont 17,5 milliards constitués par les réserves obligatoires des banques.

Chargement à Zahrani
Pour revenir sur la problématique de l’approvisionnement, le syndicat a également exprimé l’espoir que l’amélioration « promise » par les autorités aura bien lieu dans les prochaines heures, notamment avec le déchargement d’un navire contenant 40 millions de litres d’essence à la direction des installations pétrolières à Zahrani (Liban-Sud) rattachée au ministère de l’Énergie. « Les livraisons depuis la direction devraient recommencer à partir d’aujourd’hui », relève Samy Brax.

Selon les estimations qui ont été fournies au cours des derniers mois, cette direction assure 30 à 40 % des besoins en essence et diesel du pays, le reste du marché étant approvisionné par une dizaine d’importateurs privés. Aujourd’hui, la situation était très hétérogène d’une station à l’autre, voire d’une région à l’autre, certaines ayant arrêté de servir leurs clients, d’autres étant prises d’assaut par des automobilistes venus faire le plein, tandis que d’autres encore semblaient fonctionner normalement. Une amélioration notable par rapport à dimanche et lundi où de nombreuses enseignes avaient fermé leurs portes aux environs de Beyrouth, dans la Békaa (ouest du pays), le Akkar (Liban-Nord) ou encore Nabatiyé (Sud).

Samy Brax a enfin appelé, comme il l’avait fait au courant de l’été, les autorités à redoubler d’efforts pour éviter que le carburant importé au Liban avec les réserves de devises du pays « ne quitte le territoire ». Une allusion à peine masquée au phénomène de contrebande de carburant partant du Liban vers la Syrie, dont le régime est sous le coup de sanctions internationales et qui connaît une grave crise de carburant depuis plusieurs semaines. Les premiers signes laissant entrevoir la possibilité qu’une partie du carburant importé au Liban finissait dans les pompes syriennes ont commencé à être relevés en 2019 (selon les douanes, les quantités de carburant importées cette année-là ont pratiquement doublé par rapport à 2018). Outre la contrebande, certains professionnels de la filière soupçonnent également certains distributeurs de stocker du carburant en misant sur une hausse des prix.


Relativement discret depuis le début de la pénurie d’essence qui a touché une partie des distributeurs du pays ces derniers jours, le syndicat des propriétaires de stations-service a finalement commenté mardi dans un communiqué cette situation qu’il a attribuée à une « baisse des quantités importées » en raison du resserrement des conditions de validation des subventions sur le...

commentaires (1)

Le $ à 1500 LL est une foutaise. Le subventionner à tout prix (c'est le cas de le dire) à ce taux là n'est tout simplement pas logique. Car ça vide les caisses de la BDL (remplies par nos soins de détenteurs de comptes en $ anciennement Fresh money) et que ces subventions ne produisent absolument rien à long terme et que dans un mois on en parle même plus de ces subventions car ma fi massari... du gaspillage pur et simple.

Sybille S. Hneine

19 h 19, le 22 septembre 2020

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Commentaires (1)

  • Le $ à 1500 LL est une foutaise. Le subventionner à tout prix (c'est le cas de le dire) à ce taux là n'est tout simplement pas logique. Car ça vide les caisses de la BDL (remplies par nos soins de détenteurs de comptes en $ anciennement Fresh money) et que ces subventions ne produisent absolument rien à long terme et que dans un mois on en parle même plus de ces subventions car ma fi massari... du gaspillage pur et simple.

    Sybille S. Hneine

    19 h 19, le 22 septembre 2020

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