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Moyen-Orient - Commentaire

Bienvenue dans le golfe arabo-israélien...

Bienvenue dans le golfe arabo-israélien...

Les drapeaux américain, israélien, émirati et bahreïni sur un mur de Jérusalem, le 15 septembre 2020. Ronen Zvulun/Reuters

Il y a un an, presque jour pour jour, les sites pétroliers d’Aramco en Arabie saoudite étaient bombardés dans une attaque imputée à l’Iran. Le parapluie américain, notamment par sa force de dissuasion, n’avait pas permis de protéger les sites saoudiens et les États-Unis n’ont pas directement répondu à l’attaque. Cet événement a créé un traumatisme en Arabie saoudite, et plus généralement dans les pays du Golfe, qui en ont conclu que leur alliance avec Washington – et même leur très bonne entente avec l’administration Trump – ne suffisait pas à les protéger de l’ennemi iranien.

Pourquoi revenir sur cette séquence? Parce que l’on ne peut pas vraiment comprendre ce qui se joue aujourd’hui derrière la normalisation entre Israël, d’une part, et les Émirats arabes unis et Bahreïn, d’autre part, sans se mettre dans la tête des responsables des monarchies du Golfe. Ces derniers partagent non seulement de nombreux intérêts avec l’État hébreu, mais aussi une vision du Moyen-Orient, et même plus généralement du monde, qui font qu’une forme d’alliance entre eux, quoi qu’on en pense, relève presque de l’évidence.

Que l’on ne s’y trompe pas, la normalisation entre Israël et les pays du Golfe n’a rien à voir avec l’idée d’aboutir à une paix régionale. Les trois pays en question n’ont d’ailleurs jamais été en guerre. Dans cet accord, la question palestinienne n’est pas un enjeu et encore moins un moteur. Elle est un tabou, que certains se permettent de briser, qui complique l’officialisation d’une idylle déjà entamée.

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L’alliance entre Israël et les pays du Golfe n’annonce pas le début d’une nouvelle ère au Moyen-Orient. Pour la simple raison que cette ère a déjà commencé il y a bientôt une décennie et que la normalisation est plutôt une forme de confirmation des tendances qui sont déjà en cours. Le vieux monde arabe est mort et a emporté avec lui la cause palestinienne. Le nouveau monde arabe est en pleine morphogenèse, à tous les niveaux, et la région du Golfe est loin de faire exception.

Les pétromonarchies du Golfe sont passées en quelques années d’un statut de « grand frère » plutôt bienveillant vis-à-vis du monde arabe à celui à la fois de proie et de prédateurs. Les Émirats arabes unis sont devenus une puissance régionale tandis que l’Arabie saoudite, historiquement adepte d’une diplomatie prudente, est passée à l’offensive. C’était hier des royaumes ronronnants et conservateurs. Ce sont aujourd’hui des faucons motivés par une idéologie nationaliste et dirigés par de jeunes loups.

Les pays du Golfe sont tous obsédés par l’avenir, et dans cet avenir ils ont besoin d’Israël. La fin de l’âge d’or du pétrole les pousse à diversifier leurs investissements sur le plan économique. L’État hébreu en pointe en matière technologique et numérique peut être un partenaire important pour réussir cette transition. Mais, plus que l’argent, c’est ici la question politico-militaire qui est le nerf de la guerre.

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Les pays du Golfe se sentent encerclés par deux menaces, l’une iranienne et l’autre turque. Le fait que la région soit elle-même en proie à des divisions profondes avec le bras de fer entre le Qatar, allié de la Turquie, et l’axe émirato-saoudien, ou encore la guerre au Yémen, où la coalition saoudienne combat les houthis soutenus par l’Iran, renforce cette impression. Les pétromonarchies voient en Israël un allié objectif susceptible de les aider à combattre leurs deux ennemis et leur permettre d’acquérir un armement plus sophistiqué auprès des États-Unis. La livraison par les Américains des F-35, qui donnerait aux Émiratis un avantage technologique sur tous les autres pays de la région, hormis Israël, semble avoir été un élément décisif pour parvenir à la normalisation.

Plus proche de ben Zayed que de Merkel

Hostilité envers l’Iran et la Turquie, culte de l’autoritarisme et de l’homme fort, fascination pour une modernité frénétique, capacité à entretenir de bonnes relations à la fois avec les États-Unis et la Russie, géopolitique fondée sur le sentiment d’encerclement : les pays du Golfe et Israël partagent déjà de nombreux points communs, même si la comparaison a ses limites. Le gouvernement Netanyahu est aujourd’hui beaucoup plus proche dans sa vision du monde du prince héritier émirati Mohammad ben Zayed qu’il ne l’est par exemple de la chancelière allemande Angela Merkel. C’est pourquoi l’alliance entre l’État hébreu et les gens du Golfe, dépendamment du nombre de monarchies qui vont sauter le pas et surtout du degré de coopération qu’elle implique, peut provoquer des changements conséquents dans la région. Israël était jusqu’à maintenant un acteur à part sur la scène moyen-orientale, à la fois doté d’une réelle supériorité militaire mais d’une incapacité, du fait même de sa nature, à être une puissance régionale dans un sens impérial. L’État hébreu se pensait comme une forteresse assiégée par ses ennemis et qui n’avait pas vocation à jouer un rôle régional au-delà du dossier arabo-palestinien. Cette doctrine a évolué au cours de ces dernières années avec la multiplication de frappes aériennes contre des installations de l’Iran ou de ses alliés en Syrie et en Irak. Elle pourrait franchir une nouvelle étape avec la conclusion de l’alliance avec les pays du Golfe d’autant que, de chaque côté, on s’adapte au retrait progressif des Américains du Moyen-Orient qui ne devrait pas être remis en question par l’élection présidentielle en novembre prochain, quel que soit le vainqueur. Peut-on alors imaginer Israël établir une base militaire dans le Golfe, à quelques kilomètres de la côte iranienne, et jouer les gendarmes dans cette région ? Cela paraissait inimaginable hier et pourtant cette nouvelle alliance ouvre désormais cette perspective.

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Beaucoup de commentateurs ont considéré que les Palestiniens étaient les principaux perdants de l’accord de normalisation. On peut remettre en question cette vision des choses. La nouvelle génération de dirigeants dans le Golfe cache à peine son désintérêt, si ce n’est son mépris, pour la cause palestinienne, même si une partie de leurs populations reste sentimentalement attachée à cette question. Les monarchies du Golfe ont bradé le seul moyen de pression qu’ils avaient sur Israël pour défendre les intérêts des Palestiniens. Mais, malgré tout cela, la normalisation ne va pas nécessairement changer la donne sur ce dossier. Aussi vrai que l’initiative de paix arabe n’a pas abouti à un changement d’attitude d’Israël envers les Palestiniens, la normalisation ne va pas forcément changer l’attitude des pays du Golfe envers les Palestiniens. Il se peut qu’au moins une partie d’entre eux, à l’instar de ce que font la Jordanie et l’Égypte, continuent de défendre le concept de deux États, même s’ils le feront, comme depuis des années, rien que pour le principe.

Grand gagnant sur le plan rhétorique, puisqu’il peut dénoncer la trahison des Arabes et affirmer qu’il est le seul à défendre la cause sacrée, l’Iran pourrait être le véritable grand perdant stratégique de cette nouvelle alliance. Surtout si le Golfe du futur devient arabo-israélien plutôt qu’arabo-persique…

Il y a un an, presque jour pour jour, les sites pétroliers d’Aramco en Arabie saoudite étaient bombardés dans une attaque imputée à l’Iran. Le parapluie américain, notamment par sa force de dissuasion, n’avait pas permis de protéger les sites saoudiens et les États-Unis n’ont pas directement répondu à l’attaque. Cet événement a créé un traumatisme en Arabie saoudite, et...

commentaires (8)

PLUS DE 70 ANS DEPUIS QUE ISRAEL A VU LE JOUR ET QUE LE PROBLEME PALESTINIEN RESTE CAR LES LEADERS PALESTINIENS ONT FAIT DES PROMESSES INTENABLES A LEUR PEUPLE 10 PROPOSITIONS DE PAIX ONT ETE FORMULEES PAR ISRAEL MAIS LE MONDE ARABE ET LES PALESTINIENS SONT RESTES ENFERRES DANS LEURS DEMANDES : FRONTIERES DE 1967, RETOUR DES REFUGIES EN ISRAEL ( PAS DANS LA NOUVELLE PALESTINE ) ET JERUSALEM CAPITALE DU NOUVEL ETAT PALESTINIENS LES ETATS ARABES ONT ENFIN COMPRIS QUE CELA N'ARRIVERA JAMAIS ET COMMENCENT A REALISER QUE LES ISRAELIENS NE SONT PAS LEURS ENNEMIS COMME TOUT LE MONDE A ETE ENDOCTRINE POUR LE PENSER( meme au Liban ou les Palestiniens ont fait une guerre pour prendre le pays et en faire leur etat, il y a encore des personnes tres cultives qui pensent qu'ils sont dans leur droit dans ce cas aussi ) LA VERITE SOIT LES PALESTINIENS S'ASSOIENT A LA TABLE AVEC LES ISRAELIENS ET OBTIENNENT UN ETAT DANS DES FRONTIERES POSSIBLE ENCORE AUJOURDH'UI , AVEC QUELQUES MODIFICATIONS DU PROJET TRUMP OU DANS 70 ANS IL N'Y AURA MEME DE QUOI NEGOCIER CAR TOUTE LA CISJORDANIE SERA DEVENUE ISRAELIENNE LA VERITE CERTAINS PAYS ARABES ONT COMPRIS OU ETAIENT LEURS INTERETS ET POUR LA PREMIERE FOIS DEPUIS 70 ANS FONT LE BIEN POUR LEUR PAYS DANS CE PROBLEME AU LIEU DE FAIRE CE QUI PLAIT A DES DIRIGEANS PALESTINIENS DONT LE SEUL BUT EST DE S'ENRICHIR DES DONS QU'ILS RECOIVENT DEPUIS 70 ANS

LA VERITE

18 h 25, le 17 septembre 2020

Tous les commentaires

Commentaires (8)

  • PLUS DE 70 ANS DEPUIS QUE ISRAEL A VU LE JOUR ET QUE LE PROBLEME PALESTINIEN RESTE CAR LES LEADERS PALESTINIENS ONT FAIT DES PROMESSES INTENABLES A LEUR PEUPLE 10 PROPOSITIONS DE PAIX ONT ETE FORMULEES PAR ISRAEL MAIS LE MONDE ARABE ET LES PALESTINIENS SONT RESTES ENFERRES DANS LEURS DEMANDES : FRONTIERES DE 1967, RETOUR DES REFUGIES EN ISRAEL ( PAS DANS LA NOUVELLE PALESTINE ) ET JERUSALEM CAPITALE DU NOUVEL ETAT PALESTINIENS LES ETATS ARABES ONT ENFIN COMPRIS QUE CELA N'ARRIVERA JAMAIS ET COMMENCENT A REALISER QUE LES ISRAELIENS NE SONT PAS LEURS ENNEMIS COMME TOUT LE MONDE A ETE ENDOCTRINE POUR LE PENSER( meme au Liban ou les Palestiniens ont fait une guerre pour prendre le pays et en faire leur etat, il y a encore des personnes tres cultives qui pensent qu'ils sont dans leur droit dans ce cas aussi ) LA VERITE SOIT LES PALESTINIENS S'ASSOIENT A LA TABLE AVEC LES ISRAELIENS ET OBTIENNENT UN ETAT DANS DES FRONTIERES POSSIBLE ENCORE AUJOURDH'UI , AVEC QUELQUES MODIFICATIONS DU PROJET TRUMP OU DANS 70 ANS IL N'Y AURA MEME DE QUOI NEGOCIER CAR TOUTE LA CISJORDANIE SERA DEVENUE ISRAELIENNE LA VERITE CERTAINS PAYS ARABES ONT COMPRIS OU ETAIENT LEURS INTERETS ET POUR LA PREMIERE FOIS DEPUIS 70 ANS FONT LE BIEN POUR LEUR PAYS DANS CE PROBLEME AU LIEU DE FAIRE CE QUI PLAIT A DES DIRIGEANS PALESTINIENS DONT LE SEUL BUT EST DE S'ENRICHIR DES DONS QU'ILS RECOIVENT DEPUIS 70 ANS

    LA VERITE

    18 h 25, le 17 septembre 2020

  • Il faut avouér les sionistes sont forts, ils sont partout, l'Amerique est gouverné par eux , la France aussi et la Grande Bretagne. Que Dieu nous protege

    Eleni Caridopoulou

    17 h 48, le 17 septembre 2020

  • GRAND PERDANT AUSSI LE LIBAN , acculé ainsi à naturaliser et implanter les réfugiés misérables et armés jusqu'aux dents , qui voudront nous arracher le pouvoir dans un pays déjà en ruine , et dont les emigrés travailleurs dans les pétromonarchies du Golfe seront virés bientôt et remplacés par des tavailleurs israéliens qui comme des fourmis grignoteront rapidement ces royaumes imbéciles et feront d'eux ce qu'ils ont fait avec la Palestine ! Ô funeste Deal du Siècle, héritier de l'épouvantzble plan Kissinger ! Le complot planétaire qui a crée Israel en 1947 se poursuit !

    Chucri Abboud

    16 h 34, le 17 septembre 2020

  • Grand PERDANT , le Liban aussi ,acculé à naturaliser et implanter définitivement des réfugiés misérables armés jusqu'aux dents qui voudront nous arracher le pouvoir par la force et qui déclencheront encore une guerre civile dévastatrice dans un pays déjà en ruine , dont le port est remplacé par celui de Haifa et dont les émigrés dans les pays du golfe

    Chucri Abboud

    16 h 26, le 17 septembre 2020

  • Vu de France, oui c'est sans doute de la "real politique", mais c'est une trahison honteuse de la cause Palestinienne qui renforce la fuite en avant d'Israël dans la colonisation et l'accaparement de la Palestine. Et ça c'est bel et bien une voie sans issue, et je dirai suicidaire pour Israël.

    Roche Jean-Paul

    15 h 00, le 17 septembre 2020

  • on peut résumer l'article de Mr Samrani par ces trois idées: 1) Dans un monde militarisé, malheur aux faibles. 2)les dirigeants du golf savent que sans soutien américain ils ne tiendront pas longtemps. Ce soutien sera remplacé par la puissance israélienne..... Ils seront rapidement déçus car les sionistes vont leur faire payer le prix fort....plus fort que celui des américains..... 3) Vous supposez que l'implantation des palestiniens dans les pays d'accueil est une réalité incontournable, en particulier au Liban et en Jordanie. C'est dire que d'autres secousses géopolitiques nous attendent..... je rajoute un point: vous oubliez que les forces opposées n'ont pas dit leur dernier mot...... a suivre.

    HIJAZI ABDULRAHIM

    12 h 34, le 17 septembre 2020

  • ISRAEL SUR LES FRONTIERES DE L,IRAN. DORENAVANT L,IRAN PAYERA DIRECTEMENT POUR SES PROVOCATIONS VIA SES MILICES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    06 h 58, le 17 septembre 2020

  • Bravo aux faiseurs de paix Maudits soient les contestataires et les mauvaises langues. 70 ans ont passé, les palestiniens ont pris l’habitude de vivre assistés et leurs leaders ont amassé des fortunes. Aucun palestinien installé dans les pays arabes, ayant fondé familles . Devenu parent , grand parent et arrière grand-parent, ne pensera quitter le pays d’adoption devenu pays de ses petits enfants pour aller revivre en Palestine où il n’y a rien hormis que babus et guerres. Il était temps que chacun des pays arabes nettoie devant « sa maison » et commence à s’occuper de sa famille ( citoyens) VIVE LA PAIX en espérant que cela prenne graine partout

    LE FRANCOPHONE

    01 h 10, le 17 septembre 2020

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