Raï exhorte Adib à former un "gouvernement d'urgence, réduit, qualifié et fort"

Le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, a fixé dans son homélie dominicale les différents critères auxquels devrait répondre, selon lui, le futur gouvernement libanais, exhortant le Premier ministre désigné Moustapha Adib à former un cabinet "d'urgence, réduit, qualifié et fort", près d'une semaine après la nomination de ce dernier pour mettre sur pied la prochaine équipe ministérielle.

"Monsieur le Premier ministre désigné, formez un gouvernement d'urgence, réduit, qualifié et fort, qui se démarque par son sérieux, et composé de ministres compétents", a lancé le dignitaire maronite lors d'une messe au siège d'été du patriarcat maronite à Dimane (Liban-Nord). Il a souhaité que le futur cabinet "obtienne la confiance du peuple", estimant que cela devrait être "sa seule garantie". Il a souligné que la période "cruciale" que traverse le Liban, frappé par une multitude de crises, oblige la mise sur pied d'un gouvernement "qui vienne du peuple et travaille pour le peuple".

Le futur cabinet ne doit pas non plus être lié à une "monopolisation des portefeuilles" par les différentes formations politiques et ne doit pas consacrer la politique du "partage du gâteau" entre les responsables ni l'hégémonie d'une partie spécifique, selon le patriarche. La période "cruciale que nous traversons nécessite la formation d'un gouvernement qui négocie de manière responsable avec le Fonds monétaire international, lance des réformes efficaces et tient le Liban à l'écart des conflits", a-t-il encore exhorté. Et de souligner que la future équipe ministérielle devra assurer "la reconstruction de Beyrouth et du port et mette un terme à l'exode des familles et des jeunes générations". 

"Un crime"
"Si le gouvernement ne répond pas à ces critères, il mourra dans l’œuf", a estimé Béchara Raï. "Après le séisme du port, la classe politique ne peut pas poursuivre avec les mêmes anciennes méthodes", a-t-il souligné. Dans son homélie, le patriarche maronite a par ailleurs qualifié de "crime" les explosions du 4 août, considérant qu'elles ont été "provoquées par la négligence, la connivence de certains, un acte terroriste ou une attaque". "Un mois plus tard, les tourments se poursuivent et le bilan est en hausse", a-t-il déploré. Il a toutefois exprimé l'espoir que Beyrouth redevienne "le centre de la renaissance culturelle, éducative et économique".

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Béchara Raï a en outre réclamé que la déclaration ministérielle du futur cabinet confirme que "la politique extérieure du Liban se base sur la neutralité", à laquelle il appelle depuis plusieurs mois. 

Le 17 août, le patriarche Raï avait lancé un "mémorandum sur le Liban et la neutralité active", fondé notamment sur la distanciation du Liban par rapport aux conflits régionaux. Pour le chef de l’Église maronite, "la déclaration d'une neutralité du Liban sera un acte fondateur, comme le furent la déclaration de l’État du Grand-Liban en 1920, et la déclaration d’Indépendance en 1943".

Pour sa part, le métropolite de Beyrouth, Mgr Elias Audi, a appelé à la formation d'un gouvernement composé de personnes "compétentes et consciencieuses". Ils devront former une "équipe de travail homogène" qui aura pour objectif de "construire un Etat moderne, sans corruption". "Les citoyens ont perdu confiance dans leur Etat et ses dirigeants", a ajouté le métropolite, qui a estimé que pour rétablir cette confiance, il était nécessaire que les responsables "travaillent de manière acharnée, sérieuse, transparente et objective".

Ils devront mener "des réformes radicales qui permettront d'éradiquer le cancer de la corruption et du clientélisme" dans le pays. "Nous avons besoin de changer notre façon de travailler afin de mettre un terme à l'exploitation de notre nation pour des intérêts personnels", a ajouté Mgr Audi. Il a encore souligné que le pays avait besoin de "sang neuf" parmi les dirigeants et d'une "nouvelle méthodologie permettant d'appliquer la démocratie, le principe de la séparation des pouvoirs, et l'indépendance de la justice".