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Et voilà le travail !

Le délai qui leur était imparti pour boucler leur devoir de vacance(s), ils l’ont gaspillé en marchandages de vendeurs de tapis : persans, bien entendu. Sommés de prouver, pour une fois, leur sérieux à l’ouvrage, ils n’ont fait que se surpasser en termes d’incapacité, d’inconscience et de rapacité, réussissant même à assécher complètement les réserves de la cantine. Maintenant qu’est sur le point de débarquer de France, comme promis, l’intraitable proviseur, ces nullards – et néanmoins caïds de la classe – s’activent soudain pour éviter d’avoir à lui présenter une copie absolument vierge. Trois longues semaines après la démission du cabinet Hassane Diab, des consultations parlementaires auront donc lieu lundi, pour désigner un nouveau chef de gouvernement. Avec un peu de chance, on sera même en mesure de présenter au distingué visiteur l’élu tout juste sorti du chapeau. Mais après tout ce travail bâclé, ils ne devraient pas trop s’attendre à une quelconque distribution de bons points…

Que reste-t-il d’un pouvoir quand il a perdu et l’honneur et le sens des responsabilités ? De tous les officiels étrangers qui, depuis le criminel cataclysme du port de Beyrouth, défilent à notre chevet, il n’est pas un seul qui ne prêche publiquement la nécessité impérieuse de mettre fin à la corruption ambiante ; pas de quoi émouvoir toutefois les dirigeants, ils nous laissent le soin de boire une honte qui rejaillit sur le pays tout entier. Encore plus révoltante est l’inertie du pouvoir face aux périls qui menacent la vie des citoyens, et même celle de leur pays. Si la France lâche le Liban, ce sera la guerre civile, avertissait hier le président Macron. Le risque, c’est de voir le Liban disparaître, tonnait, mercredi déjà, Jean-Yves Le Drian, dénonçant vertement le consensus sur l’inaction dont se rend coupable l’establishment politique local.

Le plus alarmant cependant est que tout le monde n’est pas exactement inactif. Comme à chaque fois qu’il subit des pressions, c’est dans une hasardeuse fuite en avant que se lance un Hezbollah figurant, aujourd’hui plus que jamais, au centre des tiraillements dont la région tout entière est le théâtre. À la veille du renouvellement du mandat de la Force intérimaire de l’ONU, la milice pro-iranienne a soudain repris du service à la frontière sud, longtemps délaissée pour le théâtre d’opérations syrien, attirant sur le Liban une cascade de menaces israéliennes. Quant aux heurts armés sunnito-chiites de Khaldé, survenus à la suite de claires provocations partisanes, ils ne sauraient évidemment être fortuits…

Comme par un malin hasard, c’est pourtant le malencontreux moment que choisit le président Michel Aoun pour témoigner, dans une interview à Paris Match, de la conduite, apparemment jugée exemplaire, de ce parti. Passablement érodée par la crise, et même trouée en plus d’un endroit par les défections ou désillusions affectant le courant présidentiel, est toutefois cette couverture chrétienne apportée au Hezbollah. À son tour, un large pan de couverture maronite menace d’être contesté au palais de Baabda par le patriarcat de cette communauté, qui plaide vigoureusement pour la neutralité du Liban et le ramassage des armes illégales.

Un si petit pays, et tant de pelotes de laine emmêlée à détricoter…

Issa GORAIEB

igor@lorientlejour.com

Le délai qui leur était imparti pour boucler leur devoir de vacance(s), ils l’ont gaspillé en marchandages de vendeurs de tapis : persans, bien entendu. Sommés de prouver, pour une fois, leur sérieux à l’ouvrage, ils n’ont fait que se surpasser en termes d’incapacité, d’inconscience et de rapacité, réussissant même à assécher complètement les réserves de la cantine....