Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a affirmé mercredi, plusieurs heures après que l'armée israélienne a revendiqué des frappes aériennes nocturnes contre des positions du parti chiite le long de la frontière libano-israélienne, qu'il "ne fera pas de commentaire" pour l'instant mais "plus tard". "Ce qui s’est passé hier au Liban-Sud est une question importante et sensible pour nous, mais je ne ferai pas de commentaire là-dessus maintenant, je laisserai cela pour plus tard", a déclaré le chef du parti chiite lors d'un sermon pour la commémoration chiite de l'Achoura.
Un calme précaire régnait à la frontière entre le Liban et Israël, mercredi, après que l'armée israélienne a revendiqué ce matin des frappes aériennes nocturnes en "réponse" à des tirs du Hezbollah vers ses soldats.
Dans une première réaction aux développements, l'armée libanaise a affirmé, dans un communiqué publié plus tôt dans la journée, que "des hélicoptères de l'armée israélienne ont ciblé dans la nuit du 25 au 26 août des centres appartenant à l'ONG Green Without Borders (qu'Israël accuse de servir de couverture au Hezbollah, NDRL) à l'intérieur du territoire libanais, à l'aide de trois roquettes contre les abords de la localité de Ramia, huit autres sur les abords de Aïta al-Chaab, ainsi que deux roquettes tirées depuis la localité de Tall al-Raheb contre celle de Aïta el-Chaab". L'armée libanaise explique ensuite qu'un centre de l'ONG situé dans la réserve de Aïtaroun a été touché, et qu'un incendie s'y est déclaré. L'armée souligne qu'avant ces tirs, les forces israéliennes ont lancé "117 fusées éclairantes ainsi qu'environ 100 obus, certains explosifs et d'autres chargés de phosphore, sur les abords des localités libanaises de Mays al-Jabal, Houla, Maroun al-Ras et Aïtaroun, provoquant des incendies dans des champs, ainsi que des dégâts matériels dans une habitation ainsi qu'une étable où plusieurs chèvres ont péri".
De son côté, la Force intérimaire de l'ONU au Liban (Finul) a indiqué avoir repéré, vers 23h dans la nuit de mardi à mercredi, des tirs d'obus au phosphore, à partir de plusieurs positions de l'armée israélienne le long de la ligne bleue. "Les radars de la Finul ont observé des tirs d'obus de mortier et d'artillerie, ainsi qu'une intense activité de drones au-dessus de la région", a ajouté dans un communiqué le porte-parole de la force onusienne, Andrea Tenenti. Il a rapporté un appel de l'armée israélienne à la Finul, selon lequel "des tirs d'artillerie légère avaient eu lieu du Liban vers l'armée israélienne, dans la zone de Manara", ce qui avait provoqué la riposte des forces armées de l'Etat hébreu.
"Il y a eu des tirs depuis le Liban vers des soldats israéliens (...) Les soldats ont répliqué à l'aide de fusées éclairantes et de tirs. Puis, au cours de la nuit, des hélicoptères de combat et des avions ont frappé des postes du Hezbollah", a indiqué pour sa part l'armée israélienne qui n'a pas fait état de victimes dans ses rangs.
Plus tôt dans la nuit, l'armée israélienne avait annoncé un "incident sécuritaire" près du kibboutz de Manara, le long de la "Ligne bleue", frontière de facto séparant ces deux pays théoriquement en guerre. Mercredi matin, la situation était calme dans ce kibboutz où l'armée avait demandé la veille à la population de se préparer à se réfugier dans un lieu sûr en cas d'escalade, selon un journaliste de l'AFP sur place. Des sources israéliennes avaient fait état à l'AFP de tirs depuis le Liban vers Israël. Et l'Agence nationale d'information (Ani, officielle) avait, de son côté, mentionné des lancers de "fusées éclairantes" depuis Israël vers le secteur de Mays al-Jabal, situé face à Manara, ainsi que des tirs israéliens "à l'arme automatique". Des fusées éclairantes sont tombées près de maisons du village libanais de Houla, mais certaines n'ont pas explosé, selon un vidéaste de l'AFP sur place. Hussein Hijazi, un habitant de ce village, était chez lui avec sa famille quand une fusée éclairante est tombée près de sa maison. "Il y avait des bombardements sur tout le village, et l'une des bombes est tombée près de notre maison mais n'a pas explosé", a-t-il dit. Dans le village voisin de Mays al-Jabal, un vidéaste de l'AFP a vu mercredi les débris des fusées dans les champs. "Les Israéliens ont bombardé les abords du village de 23h30 à environ 01h30 du matin. Pendant plus de deux heures, ils bombardaient sans raison", a dit un villageois ne voulant pas être identifié.
"Nous réagirons avec force"
L'armée israélienne a dit prendre cet événement "très au sérieux" et affirmé "tenir le gouvernement libanais pour responsable de ce qui se passe sur son territoire". Pour sa part, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a promis une réponse "énergique" à toute nouvelle attaque. "Nous réagirons avec force à toute attaque contre nous", a-t-il déclaré dans un communiqué. "Je conseille au Hezbollah de ne pas tester la force d'Israël. Le Hezbollah met une fois de plus le Liban en danger à cause de son agression", a-t-il souligné.
Le Conseil supérieur de la défense libanais, réuni au palais présidentiel de Baabda mercredi, a condamné l'attaque israélienne. Et le ministre démissionnaire des Affaires étrangères, Charbel Wehbé, a été chargé de porter plainte devant le Conseil de sécurité de l'ONU.
Le commandant en chef de la Finul, le général Del Col, est en contact constant avec les différentes parties et les exhorte à garder leur calme et éviter toute activité provocatrice, a dans ce contexte souligné le porte-parole des Casques bleus. Le général Del Col, qui a été reçu dans la matinée par le ministre Wehbé, a de son côté insisté sur l'importance de faire la lumière sur les circonstances de ces "dangereux développements". Il a annoncé qu'une enquête urgente avait été ouverte.
Dimanche, deux chars israéliens avaient violé "la clôture technique" dans ce secteur, à l'intérieur de la Ligne bleue, et se sont postés près des fils barbelés. La veille, le Hezbollah avait affirmé avoir abattu un drone israélien survolant le Liban-Sud, alors que la tension entre le Liban et Israël reste très vive, surtout à l'approche du renouvellement du mandat de la Finul attendu le 28 août.
Fin juillet, Israël avait effectué des tirs d'artillerie sur un secteur frontalier, en représailles selon l'Etat hébreu à une tentative d'infiltration de "terroristes" sur son territoire par le Hezbollah, ce que ce dernier avait toutefois démenti. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait accusé le Hezbollah de "jouer avec le feu" après la tentative imputée au parti chiite, alors que les autorités libanaises avaient condamné une "dangereuse escalade militaire".
commentaires (30)
Je pense que le ministre n'est pas démissionnaire mais plutôt du "gouvernement démissionnaire"
Shou fi
19 h 55, le 27 août 2020