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Économie - Liban

"Nous ne fermerons plus nos portes" : le secteur touristique se rebelle contre le nouveau confinement

"Nous ne paierons plus un sou avant la mise en place d'un État nouveau qui sache utiliser notre argent", a affirmé le président du syndicat des restaurateurs, annonçant une "désobéissance civile".

Le président du syndicat des propriétaires de restaurants, cafés, boîtes de nuit et pâtisseries au Liban, Tony Rami (centre), à l'occasion d'une conférence de presse le 25 août 2020 dans le quartier de Mar Mikhaël, à Beyrouth, le 25 août 2020. Photo Julie Ricour-Brasseur

Les propriétaires d'établissements touristiques au Liban, mis à genoux par une longue crise économique aggravée par la récente explosion meurtrière à Beyrouth, ont annoncé mardi que ces établissements rouvriront leurs portes dès mercredi, malgré le bouclage partiel du pays jusqu'au 7 septembre sur décision des autorités qui tentent d'enrayer la propagation du coronavirus.

"Nous ne fermerons plus nos portes que sur la base d'une entente entre les secteurs public et privé, et nous ne paierons plus un sou avant la mise en place d'un Etat nouveau qui sache utiliser notre argent", a lancé le président du syndicat des propriétaires de restaurants, cafés, boîtes de nuit et pâtisseries au Liban, Tony Rami, lors d'une conférence de presse dans le quartier beyrouthin de Mar Mikhaël, l'un des plus dévastés par la double explosion meurtrière du port de Beyrouth le 4 août dernier. Il s'exprimait également au nom de syndicats du secteur du tourisme, regroupant les hôtels et établissements balnéaires. Plusieurs dizaines de personnes scandant les slogans traditionnels du mouvement de contestation contre la classe dirigeante du 17 octobre dernier ont assisté à cette conférence de presse. "Les décisions démagogiques de bouclage partiel ou total ne nous concernent plus. Nous ne nous sentons concernés que par des décisions sages et justes", a poursuivi le responsable syndical. "Que personne ne fasse de surenchères en utilisant le prétexte du coronavirus", a-t-il ajouté.

Dans l'après-midi, le ministre libanais de l'Intérieur, Mohammad Fahmi, a toutefois exprimé ses regrets face aux appels à ne pas respecter les mesures de précaution. "Certains commerçants et propriétaires d'entreprises privées ont pris des positions abusives contre l’État et les mesures du gouvernement pour enrayer la propagation du coronavirus. Comprenant les difficultés des entreprises privées, nous nous sommes entendus sur la poursuite des contacts pour trouver une solution commune", indique un communiqué de M. Fahmi. "Malheureusement, certains ont utilisé un langage de menace et de défi, et appelé à ne pas respecter les mesures de précaution", a déploré le ministre. Des représentants du secteur touristique ont notamment appelé à la désobéissance civile. "Nous ne transigerons pas sur l'application de la loi, qui prévoit des sanctions allant des procès-verbaux aux poursuites judiciaires", a-t-il prévenu. De son côté, le comité de suivi des mesures de précaution contre le coronavirus a mis en garde contre une "réouverture aléatoire des secteurs économiques sans un plan de prévention clair".

En soirée, l'Association des commerçants de Beyrouth a annoncé qu'au vu des nouveaux chiffres "choquants et sans précédents des décès et contaminations dus au coronavirus, elle a décidé de surseoir quelques heures à sa décision de rouvrir les magasins et établissements commerciaux, afin de tenir demain des réunions intensives pour discuter des modalités de réouverture".

Un nouveau confinement a été déclaré le 21 août et s'étendra jusqu'au 7 septembre. Il a pour objectif de lutter contre la propagation du Covid-19, alors que les autorités sanitaires semblent avoir perdu le contrôle de la situation, notamment depuis les explosions meurtrières du 4 août à Beyrouth. Le bouclage du pays ne concerne pas les quartiers sinistrés. Il est assorti d'un couvre-feu quotidien de 18h à 6h. L'aéroport international de Beyrouth reste de son côté ouvert.

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Les sociétés privées et commerciales, les magasins, les centres commerciaux et les marchés populaires, les restaurants, les cafés et les boîtes de nuit, les corniches maritimes, les centres touristiques, les terrains et les clubs de sport, les piscines, les parcs d'attraction et les salles de jeu électroniques sont fermés durant cette période. Les rassemblements et les événements sociaux sont également interdits. Pour les restaurants, seuls les services de livraison à domicile et les commandes de plats à emporter sont autorisés entre 6h et 17h. Les banques, elles, restent ouvertes.

"Désobéissance civile touristique"
"La désobéissance civile touristique est désormais un droit acquis et légitime", avait aussi dit Tony Rami, appelant à une "révolte des tables et des chaises" et à cesser le paiement des impôts et autres dûs à l'Etat "corrompu". "Nos pertes s'élèvent autour d'un milliard de dollars. La situation ne pourra s'améliorera qu'avec la tenue d'une conférence internationale, sur le modèle de la CEDRE, que l'on pourrait intituler 'Le tourisme, le pouls du Liban', consacrée au soutien de notre secteur, car un financement interne ne suffira pas pour compenser les pertes", a encore estimé le président du syndicat des propriétaires de restaurants. Le président du syndicat des hôteliers, Pierre Achkar, et le président du syndicat des propriétaires d’établissements balnéaires, Jean Beyrouthi, ont également pris la parole.

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Plus de la moitié des restaurants du Grand Beyrouth endommagés

Selon des chiffres publiés il y a 10 jours, le syndicat des propriétaires de restaurants, cafés, boîtes de nuit et pâtisseries avait indiqué que 1 408 des 2 103 établissements ont été endommagés dans le Grand Beyrouth par l'explosion du 4 août dernier. En février, le syndicat des restaurateurs avait indiqué que 785 établissements avaient mis la clé sous la porte entre septembre 2019 et janvier 2020 suite à la crise économique et financière que traverse le pays depuis plusieurs mois.

Lundi, le président de l’Association des commerçants de Beyrouth (ACB), Nicolas Chammas, a annoncé que les commerces souhaitent rouvrir dès mercredi, qualifiant d'"injustes pour le secteur commercial" les mesures de fermeture des magasins prévues dans le cadre du bouclage partiel du pays.


Les propriétaires d'établissements touristiques au Liban, mis à genoux par une longue crise économique aggravée par la récente explosion meurtrière à Beyrouth, ont annoncé mardi que ces établissements rouvriront leurs portes dès mercredi, malgré le bouclage partiel du pays jusqu'au 7 septembre sur décision des autorités qui tentent d'enrayer la propagation du coronavirus. "Nous ne...

commentaires (8)

Les seuls à ne pas sentir les effets du confinement sont les fonctionnaires d’état (avec un E minuscule, c’est voulu), eux qui ont l’habitude de toucher leur salaire sans rien foutre... Ça me doit pas les changer beaucoup. Le seul changement éventuel c’est que comme il y a moins de formalités qui se font, ils peuvent de moins en moins racketter le citoyen qui a besoin d’un tampon ici ou là... Mais sinon, ça va pour eux.

Gros Gnon

21 h 25, le 25 août 2020

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Commentaires (8)

  • Les seuls à ne pas sentir les effets du confinement sont les fonctionnaires d’état (avec un E minuscule, c’est voulu), eux qui ont l’habitude de toucher leur salaire sans rien foutre... Ça me doit pas les changer beaucoup. Le seul changement éventuel c’est que comme il y a moins de formalités qui se font, ils peuvent de moins en moins racketter le citoyen qui a besoin d’un tampon ici ou là... Mais sinon, ça va pour eux.

    Gros Gnon

    21 h 25, le 25 août 2020

  • BRAVO....BRAVO.....B R A V O O O O

    Gebran Eid

    21 h 03, le 25 août 2020

  • Et tac ! En plein dans le mille à l’encontre du génial technocrate de l’intérieur démissionnaire

    Lecteur excédé par la censure

    16 h 45, le 25 août 2020

  • Le gouvernement a eu 5 mois pour s’organiser pour la pandémie! Ils ont parlé d’ouvrir l’hôpital canadien qui est fermé et de le transformer en hôpital exclusif pour la COVID-19! Et que s’est-il passé depuis ?? Toujours des paroles en l’air et rien ne se passe! Tous les commerces devraient appliquer la désobéissance civile, cesser de payer les taxes, la TVA que les politichiens empochent directement ds leurs poches! Et les particuliers devraient cesser de payer la municipalité et les taxes foncières! BASTA!!!

    T Myriam

    14 h 53, le 25 août 2020

  • oh ! oh ! désobéissance civile !!!!!!voila une idée nouvelle au Liban mais pleine d'espoir si on veut faire bouger les choses!!!! à qui le tour? J.P

    Petmezakis Jacqueline

    14 h 25, le 25 août 2020

  • Dans tous les pays du monde qui ont confiné leur population, l’état a versé des indemnités aux entreprises petites, moyennes ou grandes et ont pris en charge les salaires de toutes les personnes qui étaient restées chez elles. Des primes ont été accordées à tous salariés qui ont assuré les services indispensables tels que le corps médical, les caissières des supermarchés, les éboueurs et beaucoup d’autres. Au Liban l’état se contente d’imposer sa loi qui n’a ni queue ni tête et de demander aux citoyens de se débrouiller comme ils peuvent pour arriver à régler des problèmes que lui même a causé. Le rapatriement en pleine crise de contamination en est la meilleure preuve et c’est toujours les citoyens qui doivent nettoyer leurs saletés et payer le prix fort. COVID, Eau, électricité, destruction du port et de la ville et on attend la suite.

    Sissi zayyat

    14 h 20, le 25 août 2020

  • LE TYPE IL PREFERE SON PROFIT ET NON LA VIE DES GENS. ILS DEVRAIENT TOUS RESPECTER LE CONFINEMENT JUSQU,AU 7 SEPTEMBRE S,ILS S,INTERESSENT A LA VIE DES GENS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 00, le 25 août 2020

  • La désobeïssance civile ne doit pas être que touristique mais générale,jusqu'à la démission du chef de "l'état" jungle, du chef inamovible et des membres de ce qu'on appelle "parlement" ainsi que le départ des ministres (sous fifres) du pseudo-gouvernement, démissionnaire qui se chargent de gérer les affaires courantes bouchées.

    DJACK

    13 h 56, le 25 août 2020

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