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Politique - Verdict du TSL

"Trahison", "marché politique" : les partisans du Futur se disent déçus

Des tirs en l'air et des feux d'artifice ont été entendus après l'énoncé du jugement dans la banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah.


La sœur de Rafic Hariri, Bahia, entourée de membres et de partisans du Courant du Futur, devant la tombe de l'ancien Premier ministre, mardi 18 août 2020, dans le centre-ville de Beyrouth. AFP / JOSEPH EID

Les partisans du courant du Futur, fondé par Rafic Hariri et dirigé aujourd'hui par son fils Saad, étaient plutôt déçus mardi après l'énoncé du verdict du Tribunal spécial pour le Liban. Ce dernier a rendu coupable un des quatre membres présumés du Hezbollah jugés pour leur participation à l'attentat qui a coûté la vie à l'ancien Premier ministre et de 21 autres personnes, le 14 février 2005 à Beyrouth, et acquitté trois autres.

Le principal suspect dans l'affaire, Salim Ayyash, 56 ans, a été reconnu coupable d'"homicide intentionnel" et d'avoir été à la tête de l'équipe qui a mené l'attaque. Les trois autres hommes, Hussein Oneissi, 46 ans, Assad Sabra, et Hassan Habib Merhi ont, eux, été acquittés. Moustapha Badreddine, le principal suspect décrit comme le "cerveau" de l'attentat par les enquêteurs, est mort depuis et n'a donc pas été jugé. Les juges du TSL ont prononcé leur décision en l'absence des suspects. Aucun d'eux n'ayant été remis au tribunal, ils ont été jugés par contumace.

A Tariq Jdidé, l'un des fiefs beyrouthins du Futur, la déception est immense, selon notre journaliste sur place Suzanne Baaklini. Certaines personnes parlent de "trahison" à l'encontre de Rafic Hariri, d'autres de "marché politique". "Même le poste de gendarmerie de Tarik Jdidé aurait fait mieux", explique un militant interrogé. "Tout le monde sait qui a tué Rafic Hariri, et cela ne peut pas être un seul homme", dit un autre.

"Il y a une certaine déception chez les gens. Nous nous attendions à des sanctions plus importantes", explique Wissam, un militant du Futur, originaire de Békaa-Ouest, près de la tombe de Rafic Hariri dans le centre-ville de Beyrouth, saluant le fait que "c'est la première fois que les responsables d'un assassinat politique sont jugés". "Cela montre que le TSL est apolitique et indépendant, et se base sur des preuves (...) malgré les critiques contre le TSL du Hezbollah, du 8 Mars et de tous ceux qui gravitent autour de l'axe syro-iranien", a-t-il ajouté. "Le fait que des individus du Hezbollah aient été reconnus coupables fait porter au parti chiite une responsabilité morale, politique, sécuritaire et politique dans ce qui s'est passé", a-t-il déclaré.

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"Nous savions que le TSL n'avait pas pour objet de lancer des accusations politiques contre des pays ou des organisations, mais de juger des personnes", explique Ines, une autre partisane du Futur. "Le tribunal a certes expliqué qu'il n'avait pas assez de preuves contre certains, mais Salim Ayyache a été reconnu coupable pour cinq chefs d'accusation. Si Moustapha Badreddine avait pu être jugé, on aurait peut-être trouvé des preuves contre lui. Ces deux hommes ne viennent pas de nulle part. Ce sont des membres du Hezbollah", a-t-elle déclaré, saluant néanmoins une "décision importante pour la vérité et la justice".

Un membre "ne prend pas de décision de ce type tout seul"
"Ce verdict a acté qu'il s'agissait d'un assassinat politique", a déclaré à L'Orient-Le Jour l'ancien ministre de l'Environnement, Mohammad Rahhal, membre du Futur, qui se trouvait avec d'autres responsables du parti, à l'instar de la sœur de Rafic, Bahia Hariri, mais aussi des partisans devant la tombe de l'ancien Premier ministre, dans le centre-ville de Beyrouth. "Depuis le début, le TSL a été clair en expliquant qu'il ne portait pas des accusations politiques, mais il est évident que le membre d'un parti ne prend pas de décision de ce type tout seul", a-t-il ajouté, dénonçant les projets de l'axe syro-iranien.

Maya, 30 ans, réside dans la Békaa. "Je considère que 15 ans, c'est long pour le verdict, et je ne suis même pas sûre que le verdict soit juste car j'ai l'impression qu'on a beaucoup parlé d'absences de preuves suffisantes", a déclaré cette militante du Futur à notre correspondante dans Sarah Abdallah, écartant l'éventualité d'une sédition ou d'une guerre interne. Selon notre correspondant à Saïda (Liban-Sud), Mountasser Abdallah, qui a interrogé des partisans du Futur, ces derniers ont eux aussi exprimé une grande déception quant au verdict.

Les partisans du Hezbollah satisfaits

Dans la banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah, c'est une ambiance complètement différente. Des tirs de joie et des feux d'artifice ont ainsi été entendus après l'énoncé du verdict. Selon notre journaliste sur place, le verdict y a été bien accueilli, d'aucuns estimant que ce jugement a "rendu justice à la vérité". Les personnes interrogées ont expliqué qu'elles savaient que le Hezbollah n'avait rien à voir avec l'assassinat de Rafic Hariri, accusant Israël, l'Arabie saoudite ou d'autres pays du Golfe qui avaient intérêt à sa mort car il s'était rapproché du leader du parti chiite, Hassan Nasrallah, quelques temps avant l'attentat.

Rafic Hariri, chef de file de la communauté sunnite qui avait des liens étroits avec les Etats-Unis, des pays occidentaux et des alliés sunnites dans le Golfe, était considéré comme une menace pour l'influence de l'Iran et de la Syrie au Liban. Lors de la séance du prononcé du verdict, à Leidschendam, près de La Haye, le tribunal a cependant estimé qu'il n'y avait pas de "preuves" de la responsabilité directe des dirigeants de la Syrie et du Hezbollah dans l'assassinat. Le tribunal estime "que la Syrie et le Hezbollah auraient pu avoir des raisons d'éliminer M. Hariri et ses alliés politiques cependant, il n'existe aucune preuve de quelque implication que ce soit de la direction du Hezbollah dans le meurtre de M. Hariri et il n'y a pas non plus de preuve directe d'une implication syrienne", a déclaré le juge président David Re, en lisant un compte-rendu de la décision.

Les partisans du courant du Futur, fondé par Rafic Hariri et dirigé aujourd'hui par son fils Saad, étaient plutôt déçus mardi après l'énoncé du verdict du Tribunal spécial pour le Liban. Ce dernier a rendu coupable un des quatre membres présumés du Hezbollah jugés pour leur participation à l'attentat qui a coûté la vie à l'ancien Premier ministre et de 21 autres personnes, le 14...

commentaires (14)

Ce monsieur a donc commis ce crime en solitaire Et ce selon le verdict du tribunal pour le Liban Avec plusieurs kilos de TNT ... parodie de justice Je conseille à ces juges la lecture de la pièce de théâtre « la panne «  De Friedrich Dürrenmatt Fadi Labaki

fadi labaki

11 h 12, le 20 août 2020

Tous les commentaires

Commentaires (14)

  • Ce monsieur a donc commis ce crime en solitaire Et ce selon le verdict du tribunal pour le Liban Avec plusieurs kilos de TNT ... parodie de justice Je conseille à ces juges la lecture de la pièce de théâtre « la panne «  De Friedrich Dürrenmatt Fadi Labaki

    fadi labaki

    11 h 12, le 20 août 2020

  • Wissam Eid une pieuse pensée pour toi car c’est mots pour te dire que tu as défendu le Liban la Vérité et transmis à notre révolution l’esprit de dévouement au mouvement du 17 Octobre

    PROFIL BAS

    23 h 21, le 18 août 2020

  • La Justice est une vertu et non un métier. Le TSL vient de démontrer le contraire

    Lecteur excédé par la censure

    22 h 33, le 18 août 2020

  • C’est un jugement fondé sur des preuves prononcé par un tribunal indépendant. L’homme condamné est un membre du Hezbollah. L’absence de preuves de culpabilité du Hezbollah et de la Syrie n’est pas une preuve d’innocence... La vérité connue est objectivée par ce jugement. Le Hezbollah et l’Iran sont les assassins d’Hariri et cela s’inscrit dans un projet global de contrôle de la région (Irak Syrie et Liban...). Il ne faut pas confondre la géopolitique et le droit pénal. Ce jugement est aussi une preuve que le Tribunal n’est pas instrumentalisé les les USA comme prétendu par le Hezbollah...

    Alexandre Husson

    20 h 47, le 18 août 2020

  • LA MAIN N,AGIT PAS SANS LA TETE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 47, le 18 août 2020

  • MARCHE POLITIQUE. ENTRE QUI ET QUI ? ON LE VERRA TRES PROCHAINEMENT.

    LA LIBRE EXPRESSION

    20 h 42, le 18 août 2020

  • C'est dire qu'il a fallu attendre 15 ans pour pondre un tel jugement. Très professionnel , je n'en doute pas. Le TSL aurait du dés le début se considérer non apte a s'occuper d'une telle procédure.

    DRAGHI Umberto

    20 h 39, le 18 août 2020

  • Quelle mascarade! Et dire que le peuple Libanais, qui meurt de faim, aurait financé, à coups de millions, une grande partie de ce carnaval. Et aujourd’hui le gouvernement n’est même pas capable d’envoyer des balais pour nettoyer sa capitale meurtrie, sinistrée, endeuillée, éventrée. Quid des autres alors? Quid des victimes collatérales de tous ces assassinats? Le sang de Hariri vaut peut-être des millions(?!), mais les autres alors? Le sang des autres ne vaut-il pas quelques Livres Libanaises dévaluées? Elle a fière allure notre justice. TOUS COUPABLES min kbiron la zghiron. Cravatés, enturbannés, ensoutanés, TOUS! Jusqu’à preuve du contraire. Allah yirham w Allah yssemih; Parce que nous n’avons ni le pouvoir de l’un ni le courage de l’autre.

    Marc C.

    20 h 37, le 18 août 2020

  • Le TSL nous donne l'exemple d'un professionalisme certain. En droit pénal, le doute profite à l'accusé. Ce dernier est innocent jusqu'à preuve du contraire. Pas de condamnation sans preuve IRRÉFUTABLE. Les mécontents ou ceux qui jubilent en ce moment, n'ont rien compris malheureusement. Je réïtère ma pensée à Wissam Eïd dont le travail et la motivation ont permis à l'enquête de prendre le bon rail. À bon lecteur, salut !

    DJACK

    19 h 48, le 18 août 2020

  • Et qu'en est-il des attentats perpétrés contre May Chidiac, Samir Kassir, Gebran Tuéni et tous les autres ? Est-ce l'œuvre d'un seul et même homme ... dans ce cas on devrait crier au génie. Ce TSL probablement au vu des problèmes annoncés à préféré reculer , et c'est vrai qu'il eut mieux valu économiser ces millions de dollars engagés afin de les distribuer à nos hommes politiques plutôt que les allouer à ce tribunal d'exception.. Au risque de me répéter cet homme est un génie !!! L'on devrait lui confier les clés du camion il saurait où nous emmener

    C…

    19 h 44, le 18 août 2020

  • Tout ça pour ça ! Notre martyr le Président Rafiq Hariri est mort une deuxième fois aujourd’hui. Honte au tribunal de la haie qui a eu peur de l’avertissement du 4 août 2020 envoyé clairement par les mêmes assassins qui tuent le Liban depuis plus de 30 ans. Condoléances à la famille Hariri et a tous les Libanais sans exception de toutes confessions. Notre cœur pleur cette injustice infligée au Liban et aux vrais Libanais. Vive le Liban libre !

    Le Point du Jour.

    19 h 43, le 18 août 2020

  • La montagne a accouché d'une souris

    Zeidan

    19 h 41, le 18 août 2020

  • "... Des tirs en l'air et des feux d'artifice ont été entendus après l'énoncé du jugement dans la banlieue sud de Beyrouth ...", ce qui tout le monde le sait est le signe d’une intelligence supérieure à la normale...

    Gros Gnon

    19 h 40, le 18 août 2020

  • En bref une vraie mascarade au nom de la Justice et qui encourage les coupables de continuer leur jeu et imposer leur domination politico-militaire .

    Antoine Sabbagha

    19 h 21, le 18 août 2020

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