
Le Grand Sérail, siège de la présidence du Conseil, à Beyrouth. Photo REUTERS/Mohamed Azakir
Le Courant patriotique libre de Gebran Bassil et le groupe parlementaire affilié au président du Parlement Nabih Berry, deux des principaux parrains du gouvernement de Hassane Diab qui a démissionné lundi soir, ont appelé mardi à la formation rapide d'un nouveau cabinet. Le chef de l'Etat, Michel Aoun, qui a accepté la démission du gouvernement Diab chargé à présent d'expédier les affaires courantes, n'a pas encore fixé de date pour les consultations parlementaires contraignantes afin de laisser, selon certains milieux, le temps aux formations politiques de s'entendre.
Lundi soir, Hassane Diab avait annoncé la démission de son gouvernement, après le départ de plusieurs membres de son équipe sous la pression de la rue qui accuse la classe politique d'être responsable de l'explosion dévastatrice au port de Beyrouth mardi dernier qui a fait plus de 160 morts et des milliers de blessés.
"Maintenant que le cabinet a démissionné, la priorité est de former rapidement un gouvernement productif et efficace, et de restaurer la confiance en l'Etat", a écrit dans la journée sur Twitter le chef du CPL, Gebran Bassil, l'une des figures politiques les plus conspuées par la rue et gendre du chef de l'Etat et fondateur du CPL, Michel Aoun. "Nous, au CPL, serons les premiers à faciliter les choses et à coopérer", a-t-il ajouté.
A l'issue de sa réunion hebdomadaire, le groupe parlementaire aouniste a également appelé à la formation d'un gouvernement "productif et efficace qui concentre son attention sur la résolution des crises, financière, économique et sociale, que traverse le Liban". "Nous ferons tout pour faciliter la naissance du nouveau cabinet et serons en première ligne de la coopération pour y parvenir", ajoute le communiqué des députés aounistes.
De son côté, le groupe parlementaire de Nabih Berry, qui forme avec le Hezbollah le tandem chiite, a appelé lors d'une réunion à Aïn el-Tiné à la formation rapide d'un gouvernement "rassembleur", au vote d'une nouvelle loi électorale avec le Liban comme circonscription unique sans contrainte communautaire, ainsi qu'à la formation d'un Sénat représentant les différentes communautés du pays, comme le prévoit l'accord de Taëf.
"Il faut un gouvernement qui traite de la situation économique, s'occupe de la reconstruction de Beyrouth et mette en œuvre des réformes. Je n'ai pas de candidat au poste de Premier ministre ni de conditions pour y participer, et je me coordonnerai avec M. Berry", a déclaré le leader druze Walid Joumblatt depuis Aïn el-Tiné. "Malgré l'énormité de la douleur, il y a un risque de propagation de l'épidémie du coronavirus et les hôpitaux sont incapables d'accueillir (tous les patients)", a-t-il ajouté.
Concernant la double explosion au port de Beyrouth qui a ravagé la capitale libanaise la semaine dernière, le bloc a appelé les autorités judiciaires chargées de l'enquête à "œuvrer pour découvrir la vérité complète et à punir toutes les personnes impliquées dans ce dossier, directement responsables ou coupables de négligence, quelle que soit leur fonction".
Dès lundi soir, le chef de la diplomatie française, Jean-Yves le Drian, avait appelé le Liban à la "formation rapide d'un gouvernement qui fasse ses preuves auprès de la population".
Selon les observateurs, deux personnalités font figure de favoris pour devenir le chef du prochain gouvernement. Il s'agit de l'ex-Premier ministre Saad Hariri, poussé à la démission il y a plusieurs mois à la faveur du soulèvement populaire, et l’ancien représentant du Liban aux Nations unies Nawaf Salam. Citant des sources politiques, le quotidien al-Akhbar, proche du Hezbollah, assure que les États-Unis, l'Arabie saoudite mais aussi la France poussent pour la nomination de M. Salam, qui a également occupé les fonctions de juge à la Cour internationale de justice (CIJ). à la tête d'un "gouvernement neutre".
La position de Aoun
Selon des sources citées par notre correspondante à Baabda Hoda Chedid, les concertations politiques autour de la formation du prochain cabinet ont débuté. Dans ce contexte, le chef de l’État souhaiterait la formation d'un gouvernement le plus rapidement possible. Selon ces sources, ces concertations sont nécessaires avant la tenue des consultations parlementaires afin que les chefs des groupes parlementaires arrêtent leur choix, ajoutant qu'il était encore trop tôt pour parler de l'identité du prochain Premier ministre.
Réagissant aux bruits selon lesquels le président serait d'accord pour que Nawaf Salam préside le prochain gouvernement, ces sources indiquent que le climat général est à la formation d'un gouvernement d'union nationale, mais le format du prochain cabinet, son rôle et sa mission ne peuvent être tranchés avant que soit pris le pouls des différents blocs parlementaires. Ces sources indiquent également que Michel Aoun et son homologue français Emmanuel Macron avaient insisté lors de leur entretien à Baabda jeudi dernier, dans le cadre de la visite du président français au Liban, sur la formation d'un gouvernement d'union, assurant qu'aucun nom n'avait été évoqué. Sur un éventuel veto de Michel Aoun à un retour de Saad Hariri à la tête du gouvernement, ces sources précisent que le chef de l'Etat respecte la Constitution et attendra les résultats des consultations parlementaires.
Fortement mobilisée pour apporter des aides d'urgence aux Libanais après la tragédie, la communauté internationale réclame également des réformes structurelles dans un pays déjà éprouvé par une crise économique aiguë.
Dans ce contexte, l'ancien ministre Wi'am Wahhab a fait état sur Twitter d'une "pression internationale en faveur d'un gouvernement de sauvetage économique". "Ceux qui ne faciliteront pas sa formation s'exposent à des sanctions américano-européennes et au gel de leurs comptes", ajoute M. Wahhab.Lors de sa visite au Liban jeudi dernier, M. Macron a affirmé lors d'une conférence de presse à la Résidence des Pins qu'il n'excluait pas des sanctions contre les responsables politiques libanais qui s'obstineraient à s'opposer aux réformes réclamées par le peuple et la communauté internationale.
La colère des Libanais ne semblait pas retomber au lendemain de la démission du gouvernement, une réaction jugée insuffisante à la catastrophe du port de Beyrouth et au rejet de l'ensemble d'une classe politique considérée comme corrompue et coupable des multiples crises dont souffre le pays. Une manifestation avec pour mot d'ordre "Enterrez d'abord les autorités" est prévue en fin d'après-midi près du port, où ont explosé le 4 août quelque 2.750 tonnes de nitrate d'ammonium.
Le Courant patriotique libre de Gebran Bassil et le groupe parlementaire affilié au président du Parlement Nabih Berry, deux des principaux parrains du gouvernement de Hassane Diab qui a démissionné lundi soir, ont appelé mardi à la formation rapide d'un nouveau cabinet. Le chef de l'Etat, Michel Aoun, qui a accepté la démission du gouvernement Diab chargé à présent d'expédier les...
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Berri et Bassil , serpent à 2 tetes
Robert Moumdjian
22 h 52, le 12 août 2020