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Économie - Explosions de Beyrouth

Une hausse de la production d’électricité en août

Des pannes persistantes sur le réseau empêchent plusieurs quartiers de la capitale de profiter de la baisse du rationnement.


Une hausse de la production d’électricité en août

L’immeuble d’Électricité du Liban endommagé en raison de la double explosion qui a eu lieu mardi passé à Beyrouth. Photo P.H.B.

Meurtris, les habitants de Beyrouth en ont encore pour très longtemps à panser leurs plaies et réparer les dégâts provoqués par la double explosion survenue, mardi, au port et qui a soufflé des quartiers entiers de la capitale, tuant au moins 158 personnes pour 6 000 blessés.

Comble de l’ironie, la seule nouvelle à peu près positive de cette semaine dramatique concerne Électricité du Liban (EDL), l’établissement public chargé de fournir du courant à tout le pays et qui est régulièrement présenté comme le symbole de l’échec de l’État libanais. Alors que le bâtiment abritant le siège de l’institution, qui jouxte la zone portuaire, a été partiellement détruit, la production au sein des différentes centrales du pays est assurée à un régime quasiment jamais atteint cette année, selon plusieurs sources proches du dossier.

Livraisons de carburant

« Toutes les livraisons de carburant programmées par le fournisseur algérien Sonatrach et qui étaient en suspens ou en retard ont finalement été effectuées, et EDL est actuellement capable de déployer 1 500 mégawatts (MW). C’est moins que le maximum possible (qui est d’environ 2 000 MW, pour une demande de plus de 3 000 MW pendant cette période, NDLR) mais plus que la moyenne depuis le début de l’année », assure une des sources interrogées.

Selon deux sources, EDL a récemment réceptionné – ou fini de réceptionner – deux navires de fuel-oil de « grade B », destiné aux unités de production les plus modernes des centrales de Zouk (Kesrouan) et Jiyeh (Chouf) ainsi que les navires-centrales situés sur ces deux sites ; ainsi que deux autres bâtiments, de 60 000 tonnes chacun pour le reste des unités de productions du pays, l’un transportant du fuel-oil de « grade A » et un autre de gas-oil, en comptant les centrales de Deir Ammar (Liban-Nord) et Zahrani (Liban-Sud).

Pour mémoire

Après l'explosion à Beyrouth, EDL, en première ligne, fonctionne sans réelle direction

« Il s’agit de livraisons prévues en dehors des éventuelles aides qui pourront être débloquées. Si ces quantités sont bien utilisées, nous pourrons maintenir la production, voire l’augmenter de 200 MW supplémentaires à ce niveau pendant le mois d’août », expose la première source. Elle affirme ne pas savoir précisément ce qui a décidé le fournisseur à accélérer les livraisons. Elle ajoute que les 800 000 litres de gas-oil offerts par le gouvernement irakien et qui ont été livrés samedi soir à Zahrani, par 22 camion-citernes, ne représentent qu’une quantité marginale du carburant. Sans rentrer dans les détails, le ministre de l’Énergie et de l’Eau, Raymond Ghajar, a, lui, assuré dans une déclaration relayée par l’Agence nationale d’information qu’il n’aurait pas de pénurie de carburant pour EDL, ni de mazout destiné aux générateurs privés au mois d’août. Il a en parallèle souligné que les quantités d’ammonium stockées à la centrale de Zouk ne présentaient aucun risque d’explosion ou d’incendie, répondant aux inquiétudes légitimes qui ont résonné dans l’opinion publique.

La direction d’EDL est, elle, indisponible, son directeur général Kamal Hayek comptant parmi la quinzaine de blessés que déplore l’institution, tandis que sa responsable de communication, Marie Tawk, fait partie des trois victimes dénombrées au sein de l’institution. « Il est difficile d’avoir un aperçu complet de l’état du rationnement dans tout le pays, surtout depuis que le centre de contrôle du réseau électrique national, qui est situé au siège d’EDL, a été détruit par l’explosion », insiste la seconde source. « C’est grâce au savoir-faire des employés les plus anciens de l’institution, dont certains qui étaient en service pendant la guerre civile (1975/1990), que nous avons pu éviter toute panne majeure sur le réseau », ajoute-t-elle.

Station d’Achrafieh

Mais l’amélioration de la production ne profite pas à tous les habitants sinistrés de la capitale. Dans certains quartiers parmi les plus touchés, comme à Gemmayzé, les habitants ne peuvent compter que sur le générateur de quartier, l’électricité d’EDL ne leur parvenant pas suite à des pannes sur le réseau. À Geitaoui, les habitants ont dû attendre trois jours avant que le courant de la ville ne soit rétabli. Dans un communiqué publié hier, le ministre de l’Énergie et de l’Eau, Raymond Ghajar, a notamment annoncé que la « station » de transformation de courant alimentant le quartier d’Achrafieh avait subi des dégâts et que les réparations dureraient au moins deux semaines.

Les réparations sur les stations incombent aux fonctionnaires d’EDL, tandis que celles sur le réseau de distribution doivent être assurées par les employés de KVA, le prestataire privé en contrat avec EDL depuis 2012 et chargé des réparations à Beyrouth ainsi que dans la Békaa. L’efficacité du prestataire a été souvent remise en question ces dernières années, tandis que plusieurs voix dénoncent la mise en place de ces contrats de sous-traitances, imaginés par le plan Bassil pour l’électricité en 2010 et qui ont permis à quatre sociétés (National Electricity Utility Company, BUS et KVA depuis 2012, à qui s’est ajouté Mrad en 2018) de se partager la gestion et la maintenance du réseau.

L’année 2020 comptera certainement parmi les pires années du Liban de l’après-guerre civile en matière de rationnement en électricité. En décembre dernier, EDL (dont les tarifs sont subventionnés) a réduit ses capacités de production d’un quart, pour ne déployer que 1 500 MW, en raison des problèmes d’approvisionnement en carburant – via Sonatrach ou Kuwait Petroleum Company (KPC), les deux fournisseurs d’EDL – liés à la dégradation de la situation économique et financière du pays. Ce niveau de production n’a cessé de baisser au cours des mois qui ont suivi. D’abord parce que l’enveloppe des avances au Trésor à EDL pour l’année 2019 votée par le Parlement fin janvier a été drastiquement réduite par rapport à celles débloquées les années précédentes. Ensuite en raison d’une perturbation majeure de l’approvisionnement au printemps, suite à une affaire de carburant défectueux livré à EDL. Les coupures ont atteint un pic au début de l’été, suite à de nouveaux retards dans les livraisons de carburant. Le mois de juillet, marqué par un climat chaud et humide, a été particulièrement dur pour les Libanais en matière de rationnement, avec notamment après deux jours de panne totale liée à une importante panne sur le réseau.

Meurtris, les habitants de Beyrouth en ont encore pour très longtemps à panser leurs plaies et réparer les dégâts provoqués par la double explosion survenue, mardi, au port et qui a soufflé des quartiers entiers de la capitale, tuant au moins 158 personnes pour 6 000 blessés. Comble de l’ironie, la seule nouvelle à peu près positive de cette semaine dramatique concerne...

commentaires (4)

Donc le gouvernement compte sur la pourriture totale de l'économie et sur des explosions massives pour améliorer les chiffres de l'électricité sans mentionner qu'il n y a plus grand chose à électrifié ou à faire tourner...

Wlek Sanferlou

17 h 15, le 10 août 2020

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Commentaires (4)

  • Donc le gouvernement compte sur la pourriture totale de l'économie et sur des explosions massives pour améliorer les chiffres de l'électricité sans mentionner qu'il n y a plus grand chose à électrifié ou à faire tourner...

    Wlek Sanferlou

    17 h 15, le 10 août 2020

  • Qualifier ce pouvoir de poulailler Ou d’étable est une insulte aux animaux qui s’y trouve. Lorsque le mazout est assuré à profusion, on ne peut fournir les citoyens d’électricité pour cause de panne. Et lorsque les pannes arrivent à être réparées c’est le mazout qui manquerait.

    Sissi zayyat

    12 h 56, le 10 août 2020

  • DIFFICILE A CROIRE.

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    11 h 03, le 10 août 2020

  • Ce n’est pas la production qui s’améliore, c’est la demande qui a diminué. Les hotels sont HS, les industries locales n’ont plus de matières premières, les magasins ont fermé, la moitié de Beyrouth n’existe plus... A ce rythme, ce qui reste aura finalement effectivement de l’électricité 24h/24h, c’est mathématique. Et M.Bassil dira qu’il a tenu sa promesse...

    Gros Gnon

    08 h 24, le 10 août 2020

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