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Société - Explosions de Beyrouth

Quatre corps retrouvés dans les décombres du port

Le bilan provisoire revu à la hausse, avec 154 victimes. 
Quatre corps retrouvés dans les décombres du port

Une équipe de secouristes russes cherchant des survivants dans les décombres du port de Beyrouth, le 7 août 2020. Photo AFP / JOSEPH EID

Quatre corps, dont ceux de trois employés qui travaillaient dans les silos du port de Beyrouth, ont été retrouvés dans la nuit de jeudi à vendredi par les secouristes libanais et internationaux travaillant dans les décombres de la double explosion meurtrière du 4 août. Les corps sans vie de Joe Akiki, Ali Machik et Ibrahim el-Amine ont été sortis des débris, selon plusieurs médias, alors que les secouristes français font état d'une quatrième victime. Avec ces tristes découvertes, le bilan humain de la tragédie monte à 154 morts, a annoncé le ministre libanais de la Santé, Hamad Hassan. Le ministère a pour sa part publié une liste avec les noms et nationalités de 152 victimes.

Les recherches se poursuivent toujours dans la région du port, afin de retrouver plusieurs disparus parmi les employés des silos, notamment Ghassan Hasrouty, Joe Andoun, Chaouki Allouche, Hassan Bachar et Khalil Issa. Plusieurs sapeurs-pompiers de Beyrouth, Charbel Karam, Charbel Hitti et Nagib Hitti, sont également recherchés par les équipes de secours. Les pompiers avaient été envoyés dans le port, où un incendie avait pris dans un entrepôt, dont les autorités disent qu'il contenait des feux d'artifice, quelques minutes avant l'explosion de 2.750 tonnes de nitrate d'ammonium stockées à proximité, depuis 2014. Celles-ci étaient entreposées tout près du départ du feu, "sans mesures de précaution".

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Jeudi, l'armée avait annoncé avoir décidé d'intensifier ses recherches afin de trouver les personnes toujours portées disparues depuis mardi, soulignant que ces opérations de recherche sont très délicates. De leur côté, les Forces de sécurité intérieure ont appelé les parents au premier degré des disparus à passer effectuer un prélèvement ADN afin d'identifier les victimes qui ne l'ont pas encore été. Les proches des disparus sont appelés à se rendre soit à la tente de la Croix-Rouge dans laquelle se trouvent les dépouilles des victimes non-identifiées, sur la place des Martyrs au niveau du quartier de Saïfi, dans le centre-ville de Beyrouth, soit dans les différents bureaux centraux des accidents des FSI, situés dans chaque mohafazat.

120 états critiques
La catastrophe qu'a vécue la capitale libanaise a fait 154 morts, a indiqué dans la journée le ministre de la Santé, Hamad Hassan qui recevait une délégation algérienne venue aider aux opérations de secours. Il a encore indiqué que 20 % des 5.000 personnes blessées dans la déflagration nécessitait une hospitalisation. Par ailleurs, 120 blessés sont dans un état critique, notamment après avoir été grièvement blessé par des bris de verre, et nécessitent des opérations chirurgicales "délicates" selon le ministre. Le ministère a dans ce contexte mis à disposition de la population une ligne verte, le 1214, et le numéro 01-832700, afin d'informer notamment les citoyens des hôpitaux disponibles pour les traitements.

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Les funérailles des victimes se poursuivaient vendredi, notamment les obsèques émouvantes du jeune Joe Akiki, dont le cercueil était porté au milieu d'une fanfare, dans son village natal de Kfardebiane.

Dans les rues ravagées de la capitale, où près de 8.000 bâtiments ont été détruits selon le Haut comité de secours, des centaines de volontaires équipés de pelles, sacs de jute et balais s'affairaient toujours vendredi pour venir en aide aux sinistrés. Le ministre de l'Education, Tarek Majzoub, qui est venu prêter main forte aux volontaires, a été hué par les personnes présentes qui lui ont demandé de quitter les lieux.

Le président de la Chambre de commerce de Beyrouth, l'ancien ministre Mohammad Choucair, a annoncé que cette institution couvrirait tous les frais d'installation de nouvelles vitrines des établissements privés (commerces, restaurants, cafés, etc.) dont les devantures se sont effondrées sous le coup de l'explosion. "Cette initiative s'adresse aux entreprises qui n'ont pas la capacité de supporter des frais supplémentaires", a souligné M. Choucair, qui a précisé que les coûts de matériaux et d'installation seraient couverts.

Et dans les différentes régions du pays, des funérailles continuaient d'être organisées pour rendre hommage aux nombreuses victimes. La municipalité de Beyrouth a de son côté annoncé avoir déployé 400 gardiens dans toutes les régions de la capitale, et ce 24h/24. Ces gardiens doivent prêter main forte à l'armée et aux forces de sécurité déjà déployées.

Appels urgents aux dons

Par ailleurs, après la destruction des silos du port, le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé se préparer à importer de la farine et des céréales au Liban pour approvisionner les meuneries et les boulangeries du pays, une initiative venant s'ajouter aux nombreux soutiens envoyés par la communauté internationale. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a, elle, demandé 15 millions de dollars, tandis que l'Unicef a dit vouloir recueillir au moins 8,25 millions de dollars, lors d'une conférence de presse en ligne, réunissant également le PAM, le Haut-Commissariat aux droits de l'homme et le Haut-commissariat aux Réfugiés.

De leur côté, les ministres de l'Industrie Imad Hobballah et des Travaux publics et des Transports, Michel Najjar, ont effectué une tournée dans les ports de Saïda et Tyr, dans le sud du pays, afin d'évaluer leur capacité d'exploitation.

Depuis mercredi, l'aide internationale afflue à Beyrouth, où le président français, Emmanuel Macron, s'est rendu jeudi, réclamant une enquête internationale sur cette explosion. Plusieurs pays parmi lesquels la France ont dépêché du matériel médical et sanitaire ainsi que des hôpitaux de campagne. L'Union européenne a débloqué 33 millions d'euros en urgence et l'armée américaine a envoyé trois cargaisons d'eau, de nourriture et de médicaments. Des aides de l'Iran, des Emirats arabes unis et de l'Arabie saoudite commençaient à arriver vendredi. Dans l'immense cité sportive de Beyrouth, la Russie a installé un hôpital de campagne, dressant une vingtaine de tentes médicales où les premiers patients ont commencé à arriver, les hôpitaux de la capitale étant saturés. Washington a enfin annoncé octroyer une aide humanitaire d'une valeur de 15 millions de dollars, et Le Caire un pont aérien humanitaire qui a déjà permis l'arrivée de douze tonnes de matériel médical. Le président du Conseil européen Charles Michel a pour sa part prévu de se rendre samedi à Beyrouth, pour témoigner de la "solidarité" des Européens "choqués et attristés".

"Pendez-les"

La déflagration de mardi, d'une puissance inouïe, la plus dévastatrice vécue par le Liban, a alimenté la colère de la population, qui avait déclenché en octobre 2019 un vaste mouvement de protestation contre la classe dirigeante. L'indignation est d'autant plus grande que le gouvernement s'est avéré incapable de justifier la présence du nitrate d'ammonium au port "sans mesures de précaution" de l'aveu même du Premier ministre, Hassane Diab. Jeudi soir, les forces de l'ordre ont eu recours aux gaz lacrymogènes dans le centre-ville pour disperser des dizaines de manifestants enragé par l'incompétence et la corruption des autorités. Des appels circulent sur les réseaux sociaux pour une manifestation anti-gouvernementale samedi, sous le thème "Pendez-les". Places des Martyrs, dans le centre-ville, certains activistes ont déjà érigé une potence.

La potence et sa corde érigée sur la place des Martys, dans le centre-ville de Beyrouth. Capture d'écran LBCI

Les autorités libanaises affirment que l'entrepôt a explosé après un incendie. Autorités du port, services des douanes et certains services de sécurité étaient tous au courant que des matières chimiques dangereuses y étaient entreposées mais ils se sont rejeté mutuellement la responsabilité. Outre le nitrate d'ammonium, le procureur militaire a évoqué la présence de "matériaux hautement inflammables et des mèches lentes" selon un communiqué. Seize fonctionnaires du port et des autorités douanières ont été arrêtés et placés en détention dans le cadre de l'enquête.

Quatre corps, dont ceux de trois employés qui travaillaient dans les silos du port de Beyrouth, ont été retrouvés dans la nuit de jeudi à vendredi par les secouristes libanais et internationaux travaillant dans les décombres de la double explosion meurtrière du 4 août. Les corps sans vie de Joe Akiki, Ali Machik et Ibrahim el-Amine ont été sortis des débris, selon plusieurs médias,...

commentaires (2)

Ce qui me frappe le plus, c'est que le Hezbollah, qui gère le bassin numéro 12 comme sa zone militaire, n'est que très rarement mentionné. Tous les articles se pressent de dénoncer la corruption et le gouvernement. Evidement qu’il y a corruption criminelle. Mais le grand coupable, c’est le Hezbollah qui a stocké 3000 tonnes de Nitrate Hautement Explosifs dans un port civil dans une zone résidentielle au sus de l’armée libanaise sans aucune considération de sécurité. Il faut arrêter de le dédouaner.

Nadim Audi

14 h 41, le 07 août 2020

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Commentaires (2)

  • Ce qui me frappe le plus, c'est que le Hezbollah, qui gère le bassin numéro 12 comme sa zone militaire, n'est que très rarement mentionné. Tous les articles se pressent de dénoncer la corruption et le gouvernement. Evidement qu’il y a corruption criminelle. Mais le grand coupable, c’est le Hezbollah qui a stocké 3000 tonnes de Nitrate Hautement Explosifs dans un port civil dans une zone résidentielle au sus de l’armée libanaise sans aucune considération de sécurité. Il faut arrêter de le dédouaner.

    Nadim Audi

    14 h 41, le 07 août 2020

  • FAUT D,URGENCE QU,ON LES DEGAGE DE BONGRE... SINON... DE MALGRE ! PLUS D,ALTERNATIVE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 00, le 07 août 2020

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