- Où tu vas ?
- Je ne sais pas encore.
- Mais je viens d’arriver !
- Et moi je t’ai beaucoup attendu.
- Tu n’es pas juste !
- Tu l’as été toi ?
- Bien sûr ! je t’ai été fidèle. Bon d’accord, pas tout le temps. Viens, on reprend.
- C’est trop tard.
- Mais non ; ce n’est jamais trop tard. Ne me laisse pas seule. Je ne suis rien sans toi. Tu m’as connue toute petite et tu m’as vue grandir. On a partagé de si bons moments. Tu te souviens ? Je t’aime. Reste
- C’est vrai. Je t’ai donné tout ce qui peut être donné. Je t’ai emmenée dans tous les endroits magiques, à travers le temps. À la montagne, en bord de mer, à toutes les saisons. Rien n’était assez beau pour toi…
- Oh oui ! Je me rappelle du jour où j’ai planté des arbres !
- Après avoir brûlé ma forêt et saccagé ma terre…
- Oh la la ! Qu’est-ce qui te prend ? C’était un accident.
- Comme pour chaque chose… tu m’as lâché !
- Moi ? Jamais. Je ne pouvais rien faire. Ils m’ont dit que je trouverais quelqu’un d’autre.
- Et tu es partie. Tu as fui. Tu voulais sauver ta peau ; tu voulais grandir dans un autre environnement. Ce que je te donnais n’était pas assez bien pour toi. Tu m’as vendu !
- Non ! je ne t’ai pas vendu ! je cherchais à me retrouver ; je pensais qu’ailleurs c’était mieux. Je pensais revenir plus forte pour toi. Reste. J’ai peur !
- De quoi tu as peur ? Tu m’as malmené. Trahi. Tu trouvais toujours des excuses. Le temps est passé et il a fait beaucoup de ravages. J’ai vu beaucoup comme toi. Égoïste, hypocrite, égocentrique …
- Je t’ai déjà dit ! Ils ne m’ont pas laissée…
- Tu devais te battre. Tu devais être plus intelligente et ne pas te faire acheter…
- Je me suis disputée avec eux tous. Tu es content ? Je les déteste !
- C’est ça le problème. Au lieu de t’unir pour expliquer ma cause, tu n’as fait qu’enfoncer les clous. Chaque fois plus violemment !
- J’ai mal, arrête s’il te plaît. Je n’ai plus de larmes.
- Et moi je saigne. À force de me tirer dessus, tu m’as déchiré.
- Je porte ton nom, ton identité !
- Tu n’en es pas digne ! Je m’en vais !
- Liban, mon amour, ma patrie… Reste. Je ne suis rien sans toi. Ne t’en va pas
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