
Il a fallu 7 ans et 20 tonnes d’ail pour que les frères Geagea arrivent au résultat recherché. Photo João Sousa
« Il nous a fallu 7 ans et 20 tonnes d’ail pour arriver là où nous sommes aujourd’hui », lance, amusé, Georges Geagea. Cet homme âgé de 52 ans et son frère Charbel, de 10 ans son cadet, viennent de mettre au point une pâte d’ail sans effets secondaires. Ces derniers étant : l’odeur qui plombe l’haleine pendant des heures, la soif, les ballonnements et tous les autres inconvénients digestifs que produit cet ingrédient pourtant plein de bienfaits pour la santé. C’est dans leur usine toute neuve installé à la Quarantaine que Georges et Charbel reçoivent ceux qui veulent prendre des nouvelles de leur invention. « Nous n’avons pas inventé une recette, mais une technique pour enlever les effets secondaires de l’ail à partir de sa gousse », précise Charbel Geagea, relevant qu’une telle technique, à l’instar de tout ce qui se rapporte aux métiers de bouche, ne peut pas être brevetée. Les deux frères et leur partenaire, Khalil Aboulrousse, gardent donc précieusement le secret de leur recette qui pourrait devenir aussi précieux que la recette de la Sacher Torte, du Coca Cola ou du Nutella. Leur création, baptisée Garlidoux, a remporté l’année dernière le prix de la meilleure innovation en matière d’ingrédients, au concours de l’innovation alimentaire asiatique (Asia Food Innovation Awards). Aujourd’hui, les deux frères visent l’exportation de leur produit. Rien ne prédestinait pourtant Georges et Charbel Geagea à une telle aventure. Originaire de Bécharré, Georges Gagea a un salon de coiffure place Sassine depuis 38 ans, tandis que son frère Charbel, diplômé en marketing, avait un magasin de vêtements, qu’il a fermé pour se consacrer à sa nouvelle entreprise.
Garlidoux, l’ail sans effets secondaires. Photo João Sousa
Tout a commencé il y a sept ans, quand Charbel est rentré trop tôt d’un premier rendez-vous avec une femme qui lui plaisait. Celle-ci avait mangé de l’ail, et il fut impossible pour Charbel de prolonger la soirée auprès d’elle après le dîner... Déçu, il rentre à la maison, mais reste obnubilé par cette plante-racine et ses gousses antioxydantes qui relèvent le goût des aliments, mais qui sont difficiles à digérer, et peuvent gâcher un rendez-vous amoureux, voire condamner la naissance d’une éventuelle grande histoire d’amour. Charbel en parle à son frère Georges et l’aventure commence.
Les frères Geagea souhaitent développer l’exportation de leurs produits Garlidoux. Photo João Sousa
Fins gourmets
Les deux frères sont de fins gourmets et de très bons cuisiniers. Charbel confectionne ses propres pâtes tandis que Georges aime créer des sauces. « J’ai plus de 480 livres de cuisine à la maison, et quand mes clientes partent en voyage, je leur demande de me rapporter des épices. J’aime les saveurs nouvelles et la découverte en matière de nourriture », note Georges. C’est après ses journées de travail qu’il effectuait ses expérimentations sur l’ail. Les deux frères lisent, cherchent des informations, entrent en contact avec des centres de recherche en Europe, tentent des techniques…
« Pour la petite histoire, nous avons découvert que les banques interdisent à leurs employés de manger de l’ail lors de leur pause déjeuner et que les plats à base d’ail ne sont pas servis dans les aéroports ou à bord des avions. Juste quelques mois avant le confinement, Garlidoux a commencé à être servi dans l’un des restaurants de l’aéroport de Beyrouth », raconte Charbel Geagea.
Durant sept ans donc, les deux hommes ont testé des techniques, et tous les jours ou presque, Georges préparait une sauce à l’ail qu’il faisait goûter à ses clientes dans le salon de coiffure. Ce sont elles les premières critiques du produit.
« Je ne faisais que servir de l’aïoli avec des pommes de terre, des frites, du poulet… Nous allions bien finir, à un moment ou à un autre, à un résultat adéquat ! » lance Georges. De fait, les deux frères y sont parvenus. Leur pâte onctueuse ne présente aucun des effets secondaires connus de l’ail, notamment en ce qui concerne sa digestion. Mieux encore, l’odeur et le goût de l’ail disparaissent du palais au bout d’une dizaine de minutes.
Aujourd’hui, au goût, impossible de faire la différence entre leur pâte Garlidoux ou un autre aïoli. Peut-être un peu quand même car les deux frères Geagea ont mis au point un produit qui a un meilleur goût que beaucoup de pâtes à base d’ail disponibles sur le marché. Aujourd’hui, l’aïoli de Garlidoux est en vente dans de nombreux supermarchés. Les gousses d’ail « préparées selon notre technique » suivront bientôt, assurent les deux frères. À tester...
Bravo pour nos compatriotes. Je me pose simplement une question, si pour annuler l'effet de l'odeur ou pour rendre l'ail plus digeste il n'y aurait pas dans le garlidoux des composantes chimiques. Si seulement ils peuvent nous rassurer sur ce point, nous serons heureux d'encourager leur production. Encore une fois bravo
14 h 06, le 31 juillet 2020