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Nos Lecteurs ont la Parole

Lettre ouverte à Jean-Yves Le Drian

Monsieur le Ministre,

J’ai hésité à un moment de vous adresser ces quelques lignes pour deux raisons. La première est que bien de Libanais vont le faire et répéter les mêmes propos. La deuxième, il devient chose courante d’appeler toujours à la rescousse des amis de l’étranger plutôt que de rechercher la vraie raison qui va « conduire à l’effondrement de l’État », comme vous l’avez bien souligné devant le Sénat à Paris.

J’appartiens à la génération de la guerre du Liban de 1975 et je souffre, comme tant d’autres, de ses stigmates. Ma plus grande hantise est de faire revivre la même expérience que j’ai subie et essayé par mon engagement d’antan de transcender, à la jeunesse d’aujourd’hui. La situation politique dans laquelle la caste de nos dirigeants nous a enfouie fait plutôt fuir nos enfants vers les terres d’immigration et vide notre tissu social de toutes ses valeurs.

Monsieur le Ministre,

La démocratie a été annihilée et l’on a instauré non pas la kleptocracie mais la mafiocratie.

Le système de dilapidation des deniers publics et des richesses naturelles et financières du pays a pris ses quartiers depuis plus de trente ans, doublé d’un régime d’oppression policière et mafieuse. Nous vivions dans un semblant d’État de droit. Aujourd’hui, l’État de droit n’existe plus.

Il est vrai que nous en sommes, d’une certaine manière, responsables par notre laisser-faire. Toutefois, le rôle destructeur de la Syrie et de l’Iran à travers leurs acolytes ne laisse point de chance à un quelconque espoir d’entente. La caste de nos dirigeants mafiocrates, toutes confessions confondues, se charge de faire prévaloir la dégénérescence et la faillite socio-économique et financière. À l’aube du centenaire de l’État du Grand Liban, ces derniers cherchent à imploser le « vivre ensemble ».

La France, qui a été l’instigatrice de l’instauration de l’État du Grand Liban, ne peut rester les bras croisés et voir le dernier bastion de la francophonie au Levant se désintégrer et disparaître. Il est vrai que nous devons réfléchir à la manière de refonder le « vivre ensemble » dans l’intérêt de toutes les parties et factions libanaises, mais dans la sérénité et la liberté d’expression et de pensée.

La révolte, l’« intifada du 17 octobre », a fait ses premiers pas avec un succès même timide.

Une réflexion des intellectuels et forces vives s’engage depuis quelques mois dans ce sens. Les mafiocrates de tous bords, de toutes confessions, acolytes au système en place, se chargent de l’annihiler par tous les moyens.

Mon appel est de laisser au peuple libanais, dans sa majorité silencieuse et combattante, pacifiste et libre-penseur, la chance de recouvrer sa démocratie et les valeurs sur lesquelles l’État du Grand Liban a été fondé.

La France peut et doit jouer ce rôle de modérateur à travers le concert des nations. Dans l’espoir de voir renaître le Liban, État de droit, de « vivre ensemble » dans l’intérêt de toutes les parties et factions libanaises, de paix et de prospérité, selon le système politique choisi librement par ses citoyens.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.

Monsieur le Ministre, J’ai hésité à un moment de vous adresser ces quelques lignes pour deux raisons. La première est que bien de Libanais vont le faire et répéter les mêmes propos. La deuxième, il devient chose courante d’appeler toujours à la rescousse des amis de l’étranger plutôt que de rechercher la vraie raison qui va « conduire à l’effondrement de...

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