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Culture - La Compagnie des films

Nagy Souraty : Le jour où je ferai du cinéma, je le ferai comme je fais du théâtre

Homme de théâtre, il est aussi enseignant, membre du conseil d’administration du théâtre al-Madina ainsi que cofondateur et président de l’AFPA (AGONISTIK for Performing Arts). Si son expérimentation théâtrale est reconnue comme étant celle d’un « théâtre de l’extrémité », sa flamme pour le cinéma ne s’est jamais éteinte.

Nagy Souraty : Le jour où je ferai du cinéma, je le ferai comme je fais du théâtre

Nagy Souraty : « Le cinéma est entré dans ma vie avant le théâtre. » Photo Anwar Azzi

Enseignant à la Lebanese American University (LAU) entre 2001 et 2011 où vos productions ont porté le théâtre universitaire au Liban au niveau des scènes professionnelles, vous enseignez actuellement à l’Université Saint-Esprit de Kaslik (USEK) depuis 2014 et à l’ALBA depuis 2017. Vous êtes également coordinateur de l’enseignement artistique au Collège protestant français, où vous donnez des cours de cinéma et de théâtre depuis 1992. À quel âge la passion du cinéma est-elle née chez vous et comment ? Quel a été le film déclencheur ?

Le cinéma est rentré dans ma vie avant le théâtre. J’avais fait des études de cinéma en licence. C’est au niveau des études supérieures que je suis passé au théâtre (maîtrise ès arts en études dramatiques et théâtrales de la Royal Holloway University de Londres en 1998). Je pense que les deux films qui ont fait que j’ai porté un regard différent sur le cinéma sont Otto e mezzo (Huit et demi) de Federico Fellini et Persona de Bergman.

Que représente pour vous exactement le cinéma ? Du délassement ? De l’évasion ? Du divertissement ? Ou de la réflexion ?

Je pourrais dire le tout à la fois mais j’ajouterais également qu’il est pour moi rêve et magie. La passion que j’ai pour le cinéma n’est pas différente de celle que j’ai pour le théâtre. Pour moi, je m’exprime par le théâtre comme je m’exprimerais par le cinéma. Est-ce que je crée et construis mes spectacles comme je construirais et créerais un film ? Est-ce que j’éclaire mes spectacles comme j’éclairerais un film ? Est-ce que je dirige mes comédiens au théâtre comme je les dirigerais au cinéma ? Bien sûr que oui. Et le jour où je ferai du cinéma, je le ferai comme je fais du théâtre.

Si vous étiez un réalisateur, lequel auriez-vous aimé être ? Et quels interprètes (acteur et actrice) auriez-vous choisi ?

Je n’aime pas l’idée d’être quelqu’un d’autre. Si j’avais été réalisateur, j’aurais sûrement été imprégné par tous les réalisateurs dont les films m’ont marqué, mais être ou aimer être l’un d’eux serait pour moi un grand échec.

La liste des comédiens avec qui j’aimerais travailler serait trop longue. Mais je pense surtout que ce sont les comédiens qui choisissent les réalisateurs et pas le contraire. Surtout que c’est le réalisateur qui est porteur de projet. Donc cela dépendrait du projet que je porterais mais aussi du contact qu’il y aurait avec le(s) comédien(s). Je peux avoir envie de travailler avec Juliette Binoche ou Denis Lavant, mais le jour où je les rencontrerais, le courant pourrait ne pas passer, et le projet ne serait pas réalisable. Ceci dit, je préfère Denis Lavant sur scène qu’à l’écran.

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Avez-vous une bibliothèque de films ? De combien de titres est-elle composée ? Avez-vous succombé à la tentation des copies ?

Je suis trop à cheval sur la question des droits d’auteur pour succomber à la tentation des copies ! D’où ma petite collection de films (rien que 5 étagères de 2 mètres chacune). La moitié est constituée de films vidéo ! J’ai encore ma collection de 33 tours en musique...

Quel est le film que vous avez vu le plus de fois et toujours avec le même plaisir ?

J’aime à revoir les deux films qui ont changé ma vision du cinéma. C’est-à-dire Huit et demi (Otto e mezzo) et Persona. Et c’est toujours le même plaisir, surtout quand je les visionne avec des personnes qui ne les ont pas encore vus.

Vous avez fait plusieurs résidences d’artistes théâtrales. Vous connaissez donc l’influence que cela peut avoir sur votre parcours. De votre part, avez-vous initié quelqu’un à l’amour du cinéma ? Comment ?

J’aime penser et croire que je l’ai fait. Que ce soit avec des amis ou des étudiants. En les poussant à voir un film qu’ils n’auraient pas nécessairement vu. En partageant l’expérience de visionner un film ensemble, et surtout en prenant le temps d’en discuter après.

Y a-t-il un genre de films que vous n’aimez pas du tout ? Et pour quelle raison ?

Je suis peut-être moins sensible à certains genres qu’à d’autres, mais ça reste quand même du cinéma. Je ne pense pas qu’il y a de bons genres et de mauvais genres de cinéma. Par contre, il y a du bon et du mauvais cinéma. Il m’est impossible de dire je n’aime pas les films de science-fiction quand je vois un film de Christopher Nolan ou de George Lucas. Et pourtant, je ne suis pas particulièrement sensible à ce genre.

Cinéma coréen ou chinois ? Français ou italien ? Espagnol ou danois ? Si on vous donnait à choisir parmi ces nationalités de films vers lesquels iriez vous en premier ? Et quelle époque préférez vous : les années 50, 60, 70, 80 ?…

J’irais de facto vers les films qui m’ont marqué davantage et que je connais donc le mieux. Espagnol, danois, italien, français. Peu importe les années ou les époques. J’ai tendance à me souvenir plus de l’année durant laquelle j’ai vu le film que de l’année de sa production.

Un film pour vous, ça se voit dans une salle de cinéma seulement ou également sur écran à la maison ?

Un film de cinéma, ça se voit dans une salle de cinéma. Et ça se discute à la sortie ! Si nous n’avons pas le choix et qu’il doit être vu sur écran à la maison, il doit y a voir une atmosphère propice : il ne faut pas être seul ;

les téléphones doivent être éteints et on n’arrête le film sous aucun prétexte !

Cette dernière question : quel est le top 5 de vos films préférés ?

C’est une question beaucoup trop difficile. J’opterais plutôt pour le top 1 (5 fois) de mes réalisateurs préférés : Ingmar Bergman, Federico Fellini, Pedro Almodóvar, Andrei Tarkovski, Pier Paolo Pasolini. Et la liste peut s’allonger....

Enseignant à la Lebanese American University (LAU) entre 2001 et 2011 où vos productions ont porté le théâtre universitaire au Liban au niveau des scènes professionnelles, vous enseignez actuellement à l’Université Saint-Esprit de Kaslik (USEK) depuis 2014 et à l’ALBA depuis 2017. Vous êtes également coordinateur de l’enseignement artistique au Collège protestant français, où...

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