Face à l’envolée du dollar, qui provoque une hausse vertigineuse des prix de tous les produits à l’exception de ceux des médicaments, les pharmaciens élèvent le ton pour réclamer une solution qui leur permettrait de continuer à faire fonctionner leurs officines dans ce contexte inédit d’inflation.
En vertu de la subvention accordée par la Banque du Liban (BDL) à l’importation des médicaments au taux officiel de 1 507,5 livres pour un dollar, le prix des produits pharmaceutiques est, rappelle-t-on, resté le même qu’avant la crise économique, entraînant une chute libre des revenus des pharmaciens. Pour protester contre la situation déplorable dont ils pâtissent, des dizaines d’entre eux ont observé dimanche un sit-in devant le siège du ministère de la Santé. Le mouvement de protestation n’a pas été initié par le président de l’ordre, Ghassan el-Amine. Mais interrogé par L’Orient-Le Jour, ce dernier affirme comprendre « parfaitement » la démarche de ses collègues, même si, dit-il, ils n’ont pas attendu les résultats des tractations entamées il y a dix jours entre le conseil de l’ordre et les responsables au sein du ministère de la Santé. « Nous espérons que les pourparlers pourront bientôt aboutir, sinon ce sera l’escalade », avertit M. el-Amine, évoquant « des grèves et des sit-in », auxquels il pourrait faire appel. « Les pharmaciens dépensent désormais plus qu’ils ne gagnent », note-t-il, regrettant qu’ils « commencent maintenant à puiser dans leurs réserves ». « Avoir des revenus basés sur le taux officiel et dépenser selon un taux six fois plus élevé expose les pharmaciens à une faillite inévitable », met-il en garde, précisant que certaines officines « risquent de fermer dans six mois ou un an si par exemple les propriétaires ne veulent plus renouveler des loyers basés sur le taux de 1 500 LL ». On sait du reste que, selon des informations crédibles, quelque 200 pharmacies auraient mis la clé sous la porte durant les deux dernières années.
Pharmacien et société
Pour M. el-Amine, l’intérêt de sauver le secteur ne concerne pas seulement les professionnels, mais aussi la société. « Lorsque la pharmacie est menacée, c’est la société dans son ensemble qui est en danger », prévient-il, soulignant que « le cas échéant, l’alternative serait la falsification ou la contrebande de médicaments ». « Il est important de préserver notre métier pour que la santé des gens puisse être protégée », martèle-t-il.
Dans une intervention télévisée, le ministre de la Santé Hamad Hassan avait affirmé lundi être conscient des pertes graves subies par les pharmacies, mais il avait déclaré dans le même temps qu’il est très difficile pour le moment d’augmenter les prix des médicaments, sachant le fardeau économique sous lequel ploie le citoyen. Le président de l’ordre des pharmaciens répond à cela en se voulant rassurant. « Nous ne réclamons pas une hausse des prix, sauf à la rigueur une augmentation de 1 000 ou 2 000LL de produits peu chers qui ne dépassent pas par exemple 12 000LL », indique-t-il, estimant que « ce léger écart ne nuirait pas au client mais ferait la différence pour un pharmacien ».
M. el-Amine propose en outre un amendement de la loi interdisant aux pharmaciens de conseiller aux clients l’achat de génériques, soulignant que cela est autorisé en Europe et aux États-Unis. Il motive sa suggestion par le fait que le pourcentage perçu pour la vente d’un médicament original n’est que de 22,5 %, alors que celui gagné pour un générique est de 30 %. Selon lui, si une nouvelle loi est adoptée, elle serait bénéfique également au citoyen puisqu’il paierait son médicament moins cher. De même qu’elle profiterait à l’État puisqu’on éviterait ainsi de sortir des centaines de millions de dollars nécessaires à l’importation de produits pharmaceutiques, sachant que les génériques peuvent être fabriqués au Liban.
À la question de savoir par ailleurs si la vente des produits parapharmaceutiques ne couvrait pas les frais de fonctionnement et les pertes essuyées dans la vente des médicaments, M. el-Amine affirme que la parapharmacie est en net recul en raison de la baisse du pouvoir d’achat des gens.
Interrogée par L’OLJ, une pharmacienne se désole de ce que son pouvoir d’achat est à présent au plus bas. « Tous les prix ont sextuplé, alors que ceux des médicaments sont restés invariables. » Outre la dévaluation de la livre, elle déplore qu’après déduction des taxes et des frais de fonctionnement, il ne reste que 10 % des 22 % de bénéfices. « Quel commerce peut-il vivre avec un bénéfice de 10 % ? » interroge-t-elle. « Il est nécessaire que notre marge bénéficiaire soit élargie », clame-t-elle, proposant en outre que « les prestations des pharmaciens soient rémunérées ».
Il ne s’agit pas du seul secteur confronté au décalage entre les prix imposés pour la vente de médicaments et les coûts de fonctionnement et des dépenses quotidiennes : les importateurs de produits pharmaceutiques subissent le même problème. « Il devient de plus en plus difficile de tenir face à l’explosion de frais et l’inflation, alors que les médicaments sont toujours tarifés au taux de change de 1 500 LL », affirme un importateur de médicaments, interrogé par notre journal.
commentaires (3)
TOUT LE PEUPLE LIBANAIS S,INQUITE DE NE POUVOIR TENIR LE COUP ET TROP DEJA NE TIENNENT PLUS LE COUP ET TOUS SONT INQUIETS POUR LEUR AVENIR ET CELUI DE LEURS FAMILLES. LE PEUPLE SOUFFRE ET UNE TRES GRANDE PARTIE AGONISE... ET LES ABRUTIS CORROMPUS ET VOLEURS SONT ENCORE PRESENTS ET TIRENT LES FICELLES DE CE SIMULACRE DE GOUVERNEMENT.
JE SUIS PARTOUT CENSURE POUR AVOIR BLAMER GEAGEA
14 h 20, le 22 juillet 2020