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Moyen-Orient - Entretien express

La démission du Premier ministre tunisien Fakhfakh déstabilise la scène politique

Chokri Bahria, politologue et directeur du département politique et géostratégique de Joussour, répond aux questions de « L’Orient-Le Jour ».

La démission du Premier ministre tunisien Fakhfakh déstabilise la scène politique

Le Premier ministre tunisien démissionnaire Elyes Fakhfakh. Fethi Belaïd/Files/AFP

Le chef du gouvernement tunisien Elyes Fakhfakh, nommé en février dernier suite aux élections législatives d’octobre 2019, a rendu sa démission au président Kaïs Saïed hier mercredi. Cette démission volontaire intervient alors même que le parti islamo-conservateur Ennahda a déposé une motion de défiance contre le Premier ministre, en raison d’accusations de conflits d’intérêts portées contre lui. La démarche inquiète et risque de faire trembler la scène politique tunisienne, tandis que le pays fait face à une montée des contestations sociales ainsi qu’à des retombées économiques dues à la baisse du tourisme, notamment dans le contexte de la pandémie du Covid-19. L’Orient-Le Jour a interrogé Chokri Bahria, directeur du département politique et géostratégique de Joussour, un think tank tunisien créé en 2015 spécialisé dans l’élaboration de politiques publiques et focalisé sur les aspects stratégiques de la Tunisie nouvelle.

Pourquoi Ennahda a-t-il déposé une motion de défiance contre le chef du gouvernement tunisien ?

Ennahda invoque officiellement deux raisons principales : les soupçons de conflit d’intérêts qui pèsent fortement sur le Premier ministre et font l’objet d’enquêtes administratives et judiciaires. Elles se rapportent à des contrats réalisés par le gouvernement avec des sociétés où le Premier ministre est actionnaire. Ennahda affirme que cela décrédibilise le gouvernement.

La seconde raison invoquée est le manque de solidarité entre les composantes de la coalition gouvernementale, notamment entre Ennahda et les deux partis alliés al-Tayyar (Courant démocrate) et al-Chaab, le Premier ministre n’ayant pas réussi à conforter cette solidarité. Ce qui n’est pas dit, c’est que le chef du gouvernement choisi par le président de la République après l’échec d’Ennahda à former le cabinet après les dernières élections en 2019 est perçu comme trop aligné sur les choix du président. Cela isole Ennahda dans l’équilibre du pouvoir entre les institutions et assure une mainmise de fait du président sur tout l’exécutif.

Comment décririez-vous les relations entre Elyes Fakhfakh et le parti Ennahda ?

Les rapports avec Ennahda sont tendus, d’autant qu’Elyes Fakhfakh a symboliquement démis tous les ministres du mouvement islamiste, juste avant sa démission. Un non-sens puisque tout le gouvernement partait avec lui.

Que va-t-il se passer si le nouveau Premier ministre désigné par le président échoue à former une coalition obtenant la confiance du Parlement ?

Il revient maintenant au président de la République d’engager des concertations avec les partis et de choisir dans un délai de dix jours le candidat qui serait à même de constituer un gouvernement pouvant gagner la confiance du Parlement. Si la Chambre lui refuse la confiance, le chef de l’État peut alors appeler à des élections législatives anticipées.

La Tunisie à la recherche d’un nouveau Premier ministre

De nouvelles négociations marathon ont débuté hier, au lendemain de la démission du gouvernement, pour trouver un Premier ministre qui obtienne la confiance du Parlement d’ici à septembre, faute de quoi la Tunisie devra encore organiser des législatives. Après des mois de dissensions entre le président de la République, Kais Saied, et le président du Parlement, Rached Ghannouchi, chef du parti d’inspiration islamiste Ennahda, le feuilleton politique s’est emballé mercredi. Le chef du gouvernement nommé par M. Saied, Elyes Fakhfakh, fragilisé par une affaire de conflits d’intérêts, a démissionné sous la pression d’Ennahda, qui avait déposé une motion de défiance contre lui. C’est au président Kais Saied, un universitaire indépendant très largement élu en octobre, mais dépourvu de parti, que revient la lourde tâche de désigner dans les dix jours un candidat. Ce dernier aura ensuite un mois pour rassembler une majorité au sein d’un Parlement profondément fragmenté. Cela augure d’une nouvelle série de pourparlers ardus, cinq mois après la formation laborieuse du gouvernement sortant.

Le chef du gouvernement tunisien Elyes Fakhfakh, nommé en février dernier suite aux élections législatives d’octobre 2019, a rendu sa démission au président Kaïs Saïed hier mercredi. Cette démission volontaire intervient alors même que le parti islamo-conservateur Ennahda a déposé une motion de défiance contre le Premier ministre, en raison d’accusations de conflits...

commentaires (1)

Voilà ce qui se passe lorsqu'une bonne dictature laique ,souverainiste et indépendantiste comme celle de Bourguiba s s'affaiblit et n'a pas de légatire ! Le pays s'ouvre , comme le Liban , aux funestes influences de la Turquie qu appuie les Frères Musulmans de El Nahda , de l'Arabie wahabite qui appuie les islamistes , au risque de voir la Tunisie devenir une girouette instable . La France qui conserve toujours son prestige devrait savoir pousser vers plus de laicisation car les partis laiques existent encore envers et malgré tout . Il ne faut pas que la Tunisie sombre dans l'islamisme , ce serait l'exemple et la preuve définitive que le monde musulman n'a pas de place dans le monde moderne !

Chucri Abboud

14 h 17, le 17 juillet 2020

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Commentaires (1)

  • Voilà ce qui se passe lorsqu'une bonne dictature laique ,souverainiste et indépendantiste comme celle de Bourguiba s s'affaiblit et n'a pas de légatire ! Le pays s'ouvre , comme le Liban , aux funestes influences de la Turquie qu appuie les Frères Musulmans de El Nahda , de l'Arabie wahabite qui appuie les islamistes , au risque de voir la Tunisie devenir une girouette instable . La France qui conserve toujours son prestige devrait savoir pousser vers plus de laicisation car les partis laiques existent encore envers et malgré tout . Il ne faut pas que la Tunisie sombre dans l'islamisme , ce serait l'exemple et la preuve définitive que le monde musulman n'a pas de place dans le monde moderne !

    Chucri Abboud

    14 h 17, le 17 juillet 2020

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