Le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, s'est alarmé de la crise économique et sociale qui frappe le Liban, affirmant que la situation au pays du Cèdre est "extrêmement dangereuse". "La situation au Liban est extrêmement dangereuse et dépasse la simple crise économique ou l'inflation", a estimé le chef de la Ligue arabe dans des déclarations à l'Agence d'information du Moyen-Orient, basée en Egypte. "Il s'agit d'une crise globale qui a des conséquences sociales et politiques dangereuses, et cela peut malheureusement déraper vers quelque chose de plus dangereux", a mis en garde le diplomate égyptien.
"Paix civile menacée"
Le Liban fait face à la pire crise économique et financière de son histoire moderne, une crise qui a provoqué une révolte populaire déclenchée contre le pouvoir le 17 octobre 2019. Dans ce contexte explosif, Beyrouth, qui se retrouve de plus en plus isolé sur la scène internationale, a fait défaut sur le remboursement de sa dette souveraine en dollars, une première dans son histoire. Il a ensuite fait appel à l'aide financière du Fonds monétaire international (FMI) mais les négociations patinent depuis des semaines à la suite de dissensions internes sur le montant exact des pertes financières du pays. La livre libanaise a, elle, perdu plus de 80% de sa valeur depuis octobre dernier. Ces derniers jours, Beyrouth déploie des efforts diplomatiques en direction de plusieurs Etats arabes, notamment l'Irak, le Qatar et le Koweït, afin de tenter d'obtenir un soutien financier de leur part. Mais aussi bien les Arabes que les Occidentaux attendent que le gouvernement libanais opère les réformes économiques et politiques exigées pour débloquer les aides promises au pays du Cèdre.
Le secrétaire général de la Ligue arabe a également fait part de "sa crainte que la paix civile du pays soit menacée en raison des pressions économiques et sociales immenses auxquelles font face les Libanais", rapporte l'Agence d'information du Moyen-Orient.
"En vérité, et loin de toutes considérations politiques, je ressens la souffrance du citoyen libanais qui s'est soudainement retrouvé sous le seuil de pauvreté et avec un salaire gravement amputé, en raison de circonstances dont il n'est pas responsable", a regretté M. Aboul Gheit. "(...) La situation est extrêmement inquiétante dans ce pays à la composition particulière que nous connaissons tous. C'est pour cela que je compatis avec la souffrance des Libanais et que je suis peiné en voyant les drames sociaux comme les suicides en raison de la pauvreté et l'incapacité à assurer les besoins basiques aux enfants", a ajouté le diplomate égyptien.
"Pas à la hauteur de nos attentes"
"J'espère sincèrement que la classe politique prendra en considération cette souffrance inédite, car jusqu'à présent, je trouve que la réponse de la classe politique, de manière globale, n'est pas à la hauteur de nos attentes (...)", a fait savoir le chef de la Ligue arabe. "Malheureusement, les intérêts particuliers priment encore sur l'intérêt de la nation, et c'est ce qui aggrave la crise", a-t-il ajouté.
Ahmed Aboul Gheit a enfin lancé un appel "à toutes les instances et tous les pays donateurs afin qu'ils ne laissent pas les Libanais seuls dans ces circonstances difficiles". "Il doit y avoir une solution à la situation économique car les conséquences de ce qui se passe vont toucher tout le monde, au Liban, comme à l'extérieur du pays", a-t-il prévenu.
commentaires (7)
Classe politique??? Au Liban nous n’avons pas de classe politique, juste Ali Baba et ses 40 voleurs, qui, depuis qu’il ne reste plus rien à voler sont tous passés à l’opposition pour mieux s’acharner contre ce bouc-émissaire de gouvernement qui risque de les démasquer! Tout d’un coup, ils sont devenus tous propres, ils demandent des réformes qu’ils ont toujours soigneusement évitées, critiquent le gouvernement actuel comme si eux étaient innocents et surtout souffrent pour le peuple! Mr. Aboul Gheit, le Liban n’a besoin que d’une chose: une figure comme Mohammed Bin Salman qui leur passe les menottes et leur fasse cracher leur butin. On aurait aimé voir Michel Aoun dans ce rôle plutôt que de conduire d’interminables et inutiles conciliabules.
Fady Abou Hanna
10 h 10, le 17 juillet 2020