Le Liban a connu durant le week-end écoulé un record en matière de contaminations au coronavirus depuis la déclaration de l’épidémie le 21 février, avec 252 cas enregistrés en deux jours : 86 le samedi et 166 hier. Des chiffres qui confirment la flambée de la pandémie dans le pays, avec le déconfinement achevé et la réouverture de l’aéroport le 1er juillet, au terme de près de quatre mois de fermeture.
Selon le bilan du ministère de la Santé, 225 cas ont été enregistrés localement et 27 parmi les personnes venant du Qatar, du Koweït, d’Arabie saoudite, d’Irak, des Émirats arabes unis, d’Égypte, de Syrie, de Côte d’Ivoire, d’Allemagne, du Royaume-Uni, du Congo et du Brésil. Parmi les contaminations locales, 140 ont été enregistrées dans le Metn, 42 dans le caza de Baabda, 11 à Tyr, 12 à Aley, 4 à Beyrouth, 2 à Nabatiyé et 2 à Baalbeck. Un cas a été enregistré dans chacun des cazas du Chouf, Békaa-Ouest, Koura, Akkar, Saïda et Bint Jbeil. Il reste à déterminer dans quel caza ont été enregistrés six autres cas.
Au total, 2 334 cas cumulés de contaminations au coronavirus ont été signalés au Liban depuis février, dont 36 décès et 1 420 guérisons. Actuellement, 878 cas sont actifs, au nombre desquelles 35 personnes sont hospitalisées, dont 9 aux soins intensifs.
Face à cette flambée des cas, la commission nationale chargée de lutte contre le Covid-19 tiendra aujourd’hui une réunion au Grand Sérail, pour décider des mesures à suivre. Pétra Khoury, conseillère du Premier ministre pour les affaires de santé et membre de cette commission, explique à L’Orient-Le Jour que « ces chiffres étaient prévus avec la réouverture du pays ». « C’est la seconde flambée dont nous avons parlé au début du déconfinement », ajoute-t-elle.
À la question de savoir pourquoi les personnes testées positives ne sont pas mises dans les centres d’isolement comme c’était prévu au début du confinement, d’autant que nombre de ces personnes asymptomatiques ne respectent pas les règles de quarantaine, Mme Khoury souligne que cette solution est valable pour le moyen terme, « surtout pour isoler les foyers endémiques qui sont toujours actifs et qui s’élargissent ». Comme cela a été le cas hier avec les employés de la société Ramco, dont 131 de nationalité syrienne déclarés positifs ont été transportés par la Croix-Rouge libanaise à un des centres d’isolement dans le secteur de la Quarantaine. Onze autres employés, de nationalité libanaise, également positifs doivent observer la quarantaine à domicile. Une mesure qui a suscité l’indignation de la députée Paula Yacoubian. Dans une vidéo partagée sur sa page Facebook, on l’entend, devant le centre d’isolement, protester de l’avoir utilisé pour des cas contaminés à Roumieh. « Les cas ont eu lieu à Roumieh, il y a des centres à Roumieh, dit-elle. Ce centre est pour les habitants de Beyrouth. »
Transmission communautaire
« Nous allons toujours avoir des cas positifs, poursuit Mme Khoury. Sur le long terme, les centres d’isolement ne peuvent pas constituer une solution. Le coronavirus est omniprésent dans le monde. On doit apprendre à vivre avec ». Pour elle, il est nécessaire d’imposer des sanctions à toute personne déclarée positive qui ne respecte pas les règles de la quarantaine. Elle rappelle en outre que près de cent locaux destinés à être transformés en centres d’isolement ont été identifiés sur l’ensemble du territoire, mais les communautés locales n’ont accepté d’en transformer que quarante. « La société locale n’aide pas », déplore-t-elle, notant qu’actuellement une trentaine de centres ont été aménagés dans les différentes cazas.
« Les mesures que nous prenons visent à ne pas engorger les hôpitaux, insiste encore Mme Khoury. Tant qu’ils ne le sont pas, ce qui est le cas aujourd’hui, nous pouvons dire que notre situation est bonne. Mais si nous continuons à enregistrer un si grand nombre de cas au quotidien, je crains que la situation ne dépasse nos capacités. »
C’est ce que craint également le Dr Walid Ammar, président du comité national de lutte contre les maladies infectieuses. « Il faut que tous les cas déclarés positifs soient mis dans les centres d’isolement, sinon la situation va nous échapper, martèle-t-il. Cela fait plus d’un mois que j’appelle à prendre cette mesure. Nous sommes sur le point de passer à la phase 4, c’est-à-dire celle de la transmission communautaire. La situation est encore contrôlable, à condition d’agir vite. Sinon, ce sera trop tard. »
Face à cette recrudescence du nombre de cas, le ministre de la Santé Hamad Hassan a annoncé samedi soir, dans une interview à la chaîne al-Manar, avoir demandé aux hôpitaux gouvernementaux de préparer à partir de lundi (aujourd’hui) leurs unités destinées aux personnes contaminées. Il a ajouté que les personnes présentant des symptômes devront se rendre dans les hôpitaux et que les asymptomatiques seront mis à l’isolement dans des centres prévus à cet effet. Dans ce contexte, une campagne de tests aléatoires sera menée aujourd’hui dans la localité de Zrariyé, près de Zahrani au Liban-Sud, alors qu’un enfant rentré récemment de l’étranger a été testé positif au virus.
Malgré cette flambée des cas de contamination, M. Hassan s’est voulu rassurant. Dans une interview à la chaîne LBCI, il a souligné que « l’origine des cas et les foyers sont connus ». Il a noté que tout au long de cette semaine, le Liban continuera à enregistrer un nombre élevé de cas, parce que les employés de deux grandes compagnies qui comptent chacune plusieurs centaines d’employés ont été en contact avec ceux de la société Ramco, qui compte environ 900 employés. « Toutes ces personnes doivent être testées », avance-t-il. Il a une fois de plus insisté sur la nécessité de respecter les gestes-barrières, c’est-à-dire d’observer la distanciation sociale, porter les masques et se laver fréquemment les mains pour empêcher la propagation du virus.
Des cas parmi le corps infirmier
Par ailleurs, parmi les cas signalés durant le week-end, au moins sept ont été enregistrés au sein du corps infirmier de deux hôpitaux de Beyrouth. Ils auraient contracté le virus en dehors de l’hôpital et cela est dû « au relâchement observé au sein de la population dans les mesures de protection », selon la présidente de l’ordre des infirmières et des infirmiers du Liban, Mirna Doumit.
De plus, trois cas de Covid-19 ont été signalés parmi les habitants du camp de réfugiés palestiniens de Rachidiyé, situé au Liban-Sud. Dans cette dernière région, le conseil municipal de Nabatiyé, où deux cas ont été signalés durant le week-end, a annoncé que le marché de la ville qui se tient régulièrement les lundis sera fermé aujourd’hui. Des tests de dépistage seront effectués aujourd’hui à toute personne entrée en contact avec les patients.
Enfin, l’Université libanaise a démenti les informations selon lesquelles un étudiant à la faculté de la santé publique a été contaminé. Elle a précisé dans un communiqué « qu’une des personnes contaminées fait partie des héros du corps médical dans un hôpital (...) et son frère est étudiant à la faculté, mais il ne s’y est pas rendu depuis le 26 juin, soit douze jours avant la date de la contamination de son frère ».
commentaires (4)
Les chrétiens n'auront plus qu'à déguerpir !
Chucri Abboud
14 h 22, le 13 juillet 2020