Le chef sunnite du courant du Futur, l'ex-Premier ministre Saad Hariri, a affirmé jeudi qu'il avait ses conditions pour revenir à la tête du gouvernement, alors que des rumeurs insistantes sont apparues ces derniers jours sur un possible remaniement ou changement du cabinet actuel, qui semble être lâché par ses parrains.
En octobre dernier, le mouvement de contestation contre la classe dirigeante avait poussé le gouvernement d'union nationale de Saad Hariri à la démission, auquel a succédé un cabinet dirigé par Hassane Diab, parrainé par le Hezbollah et ses alliés. Ce gouvernement a été rejeté par le mouvement de la contestation et aujourd'hui critiqué même par ses parrains politiques pour son incapacité à enrayer la pire crise économique, financière et monétaire qui frappe le Liban.
"Le vide détruirait le Liban et l'opportunité de sauver le pays existe, a déclaré M. Hariri lors d'une conversation à bâtons rompus avec des journalistes. J'ai des conditions pour revenir à la présidence du Conseil, point à la ligne. Et je ne couvrirai aucune personne proche de moi". Et de poursuivre : "Le pays a besoin d'une toute nouvelle façon de travailler. Si nous ne sortons pas de la logique des quotes-parts, rien ne changera". "Il y a un camp qui est responsable de ce gouvernement. S'il le lâche, c'est son affaire pas la nôtre. La nomination du prochain Premier ministre ne sera pas liée à la démission du cabinet actuel", a ajouté M. Hariri.
Selon l'ancien Premier ministre, "nous faisons face à une crise économique et financière qui exige que nous menions des réformes. Et le Fonds monétaire international est prêt à aider". Et de lancer : "Mais où sont les réformes (promises) ? Dans ses propos aujourd'hui, le Premier ministre Diab n'a pas évoqué les réformes et le secteur de l'électricité. Il s'est contenté de s'attaquer au corps diplomatique dont nous avons besoin pour aider le Liban". "Je suis choqué par les propos de M. Diab qui a parlé d'un complot. C'est au gouvernement de s'aider", a poursuivi M. Hariri.
Plus tôt dans la journée, Hassane Diab avait accusé en ouverture du Conseil des ministres "des parties locales et étrangères" de vouloir "assiéger les Libanais". "Il s'agit d'un siège politico-financier destiné à affamer les Libanais alors que dans le même temps, ils disent vouloir aider le peuple libanais. Ils nous demandent des réformes, mais de l'autre côté, ils fournissent une protection à la corruption et aux corrompus, et nous empêchent d'avoir accès aux dossiers des fonds volés", avait le Premier ministre, dénonçant des "intérêts personnels, politiques et communautaires". M. Diab a en outre laissé entendre qu'il ne démissionnerait pas.
En coulisses, pourtant, les contacts s'intensifient. Dans la matinée, le vice-président du Parlement Élie Ferzli s'est entretenu avec Saad Hariri puis a affirmé que "revoir la composition du gouvernement est devenu obligatoire". "Il n'y a pas de signes rassurants. Il est temps de s'activer pour réfléchir à des moyens pour le salut du Liban", a déclaré M. Ferzli. "La porte d'entrée principale pour mettre le pays sur la voie du salut est de prendre contact avec les leaders politiques", a-t-il ajouté, estimant que M. Hariri constitue "la principale porte d'entrée" pour "sauver le pays", étant donné sa capacité à "rassembler les Libanais".
Hariri s'entretenant avec Ferzli. Photo Dalati et Nohra.
Le chef du Courant patriotique libre Gebran Bassil s'est pour sa part entretenu avec le président du Parlement et leader du mouvement Amal Nabih Berry. Ils sont, avec leur allié du Hezbollah, les principaux parrains du gouvernement. Aucune déclaration n'a été faite à l'issue de cet entretien. Mais, selon notre correspondante Hoda Chedid, les deux hommes se sont accordés sur les mesures qui constitueraient, selon eux, une issue à la crise : que la BDL prenne des dispositions pour réguler le taux de change afin de prévenir une déflagration sociale, et que le gouvernement mène les réformes requises en coordination avec le Parlement là où c'est nécessaire.
Bassil reçu par Berry. Photo Ani
De son côté, l'ancien ministre druze prosyrien et chef du parti Tawhid, Wi'am Wahhab, a appelé Hassane Diab à "démissionner avant qu'il ne soit renversé par la rue".
commentaires (10)
Mr Hariri... laissez tomber vous n’allez pas avoir le soutien de la rue si vous aviez pu faire quelque chose vous l’auriez fait avant de démissionner mais maintenant trop tard ... le libanais vous voies comme faible et surtout que vous acquiescez à toutes les demandes de ces mêmes partis ... Oui vous avez un bon cœur (c’est les moumana3iste qui le disent) mais cela ne suffit pas Et je ne pense pas que vous détenez l’aura Vis à vis des paye occidentaux comme avant LAISSEZ FAIRE LE PEUPLE SVP
Bery tus
14 h 11, le 03 juillet 2020