Le soutien de la communauté internationale aux réfugiés syriens a été confirmé mardi, malgré la crise provoquée par la pandémie, avec la levée de 7,7 milliards de dollars au cours d'une conférence des donateurs organisée par l'UE et les Nations unies.
"Les engagements totalisent 6,9 milliards d'euros, soit 7,7 milliards de dollars, dont 4,9 milliards d'euros pour 2020 et 2 milliards d'euros supplémentaires pour 2021", a annoncé le commissaire européen Janez Lenarcic à l'issue de la conférence. La précédente conférence des donateurs pour la Syrie en 2019 avait permis de lever 7 milliards de dollars en engagements.
Le secrétaire général adjoint de l'ONU pour les Affaires humanitaires Mark Lowcock a salué ce succès obtenu à "un moment difficile pour trouver des financements". "Si nous obtenons 5,5 milliards de dollars, ce ne sera pas un mauvais résultat", avait-il déclaré à l'ouverture de la conférence. Les institutions de l'UE ont promis "2,3 milliards d'euros pour cette année et l'année prochaine".
Les Etats membres ont ajouté des contributions nationales. L'Allemagne a ainsi promis 1,58 milliards d'euros, l'Italie 45 millions, l'Irlande 25 millions, le Luxembourg 7,5 millions d'euros. Le Royaume-Uni a pour sa part annoncé une contribution de 300 millions de livres (328 millions d'euros) et la France s'est engagée pour 845 millions d'euros sur trois années, dont 637 millions d'euros en prêts. Les engagements des pays donateurs ont été complétés par des prêts des institutions financières internationales pour un montant de 6 milliards d'euros (6,7 milliards de dollars), a indiqué le commissaire Lenarcic.
Conflit chronique
"Je tiens à souligner que l'événement d'aujourd'hui arrive à un moment particulièrement difficile, car l'impact de la pandémie de Covid-19 se traduit par une augmentation énorme des besoins humanitaires dans le monde entier et il est évident qu'elle a un impact profond sur les économies des donateurs", a-t-il souligné. "Dans ce contexte, nous devons être d'autant plus satisfaits de la promesse de soutien global", a-t-il conclu.
Les fonds promis doivent permettre d'aider les quelque 12 millions de Syriens réfugiés dans des pays voisins ou déplacés dans leur pays, a précisé le représentant du HCR Filippo Grandi. Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a insisté sur la charge qui pèse sur la Turquie, le Liban, la Jordanie, l'Irak et l'Egypte, pays d'accueil des réfugiés. "La Turquie accueille 3,5 millions de Syriens depuis des années. C'est un lourd fardeau", a-t-il affirmé en saluant "la solidarité" montrée par Ankara.
Filippo Grandi, Haut Commissaire des Nations unies pour les réfugiés, a précisé que les réinstallations de réfugiés dans d'autres pays ont chuté en 2020. Cette situation fait peser une "pression très forte sur les pays d'accueil", a insisté M. Grandi. "La pandémie a par ailleurs durement frappé les économies des pays de la région et si son impact négatif n'est pas contré, tous les progrès de l'aide humanitaire seront annulés", a-t-il averti. "Nous ne voyons pas de solution politique au conflit", a-t-il déploré. "Il y a plus de régions qui sont devenues plus stables, mais il y a encore des zones en conflit". "Les retours de réfugiés doivent se faire de manière volontaire. Or, il n'y aura pas de programme de reconstruction tant qu'il n'y aura pas de paix", a-t-il averti. "Le conflit en Syrie est devenu chronique", a déploré Josep Borrell. "Nous ne pouvons pas l'accepter". "Nous avons besoin d'un processus politique qui permette une Syrie pacifiée, démocratique et stable", a-t-il rappelé.
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