Le juge des référés de Tyr, qui avait émis une décision le 27 juin d'interdire aux médias au libanais d'interviewer l'ambassadrice américaine au Liban Dorothy Shea, après des propos qu'elle avait tenus au sujet du Hezbollah, a présenté mardi sa démission au Conseil supérieur de la magistrature (CSM), comme il avait menacé de le faire, indiquent plusieurs médias locaux.
Le juge Mazeh avait plus tôt dans la journée finalement accepté de se rendre à sa convocation devant le Conseil supérieur de la magistrature car, selon des propos rapportés par la chaîne locale LBCI, "la convocation ne porte pas sur sa décision, mais sur les déclarations qu'il a accordées à la presse après avoir émis cette décision, contrairement à son devoir de réserve imposé par la justice".
Selon la chaîne LBCI, le juge Mazeh a présenté sa démission avant de passer devant le CSM, et en raison du transfert du dossier "aux autorités compétentes par la ministre de la Justice, Marie-Claude Najm". Toutefois, selon la chaîne MTV et le site el-Nashra, le juge a présenté sa démission après avoir été déféré devant l'Inspection judiciaire.
De son côté, Marie-Claude Najm a rappelé qu'en raison de son "respect de l'indépendance de la justice, elle n'évalue pas les décisions judiciaires", appelant "ceux qui se sentent lésés par une décision de justice à emprunter les voies judiciaires pour faire appel d'une telle décision". Toutefois, "par souci pour la liberté d'expression et la liberté de publier, consacrées par la Constitution (...)", elle a annoncé avoir demandé lundi "aux autorités compétentes de se pencher sur l'affaire et de prendre les mesures nécessaires en vertu des lois afin que cette affaire soit réglée dans le cadre des institutions".
Le juge Mazeh avait estimé samedi que les propos de Mme Shea, qui avait notamment qualifié le Hezbollah de terroriste dans un entretien à la chaîne saoudienne al-Hadath vendredi, étaient de nature à "semer la discorde et à mettre en danger la paix civile". Le magistrat avait ensuite émis le jour-même un jugement interdisant aux médias libanais d'interviewer et de diffuser tout propos de la diplomate américaine. Une décision qui avait provoqué une polémique sur le plan local et poussé l'ambassadrice américaine et Washington à critiquer cette décision. Mais la tension est retombée lundi à l'issue d'un entretien entre Dorothy Shea et le chef de la diplomatie libanaise, Nassif Hitti. Au sortir de cette entrevue, Mme Shea avait affirmé dans une très brève déclaration que "la page est tournée".
commentaires (8)
Il paie cher sa politisation de la justice.
Esber
22 h 14, le 30 juin 2020