Rechercher
Rechercher

Nos Lecteurs ont la Parole

Lettre d’un jeune Libanais

Cher peuple libanais,

J’écris en ce jour cette lettre les mains tremblantes, les larmes chaudes ruisselant sur le papier. Je me sens si lâche, je me sens si faible.

En un seul instant, mes idéaux, mes rêves, mes promesses sont soudainement abandonnés à chaque gouttelette de sang offerte à ce pays, à chaque grain de terre perdu, cette terre dont la valeur est égale à celle des plus grands trésors du Paradis, à chaque valeur et chaque réflexion héritées des plus grands de ce pays avec lesquels j’ai grandi. Est-ce si simple d’être poignardé du fond du coeur ? Est-ce si simple de ne plus admirer le soleil couchant sur la côte ou de ne plus vivre au rythme des soirées estivales de Beyrouth, de ne plus sentir les champs d’agrumes du Sud, de ne plus toucher les pierres milliénaires des sites archéologiques de Baalbeck, de Byblos, de Tyr, de ne plus entendre chanter le fleuve Berdaouni en dégustant un bon arak, d’oublier tous ses soucis, ses peines, ses remords au pied d’un cèdre qui, malgré tout, fut et resta là, bercé par le chant de l’éternité ?...

Tenter un « J’accuse » à la manière de Zola ne servirait à rien. Vous savez tous déjà qui est le coupable – ou plûtot les coupables. Je voudrais seulement, de tout mon cœur, de toutes mes forces, que justice nous soit faite, nous, les milliers de jeunes aux potentiels énormes qui vont être de manière si barbare éloignés de ce pays, comme un enfant qui, par force, fut éloigné de sa mère et de tous ceux qu’il aime et chérit. En combattant jusqu’à la fin pour un Liban libre, souvrain, majestueux, rayonnant, florissant... En punissant ceux qui ont, par corruption, transformé ce pays paradisiaque en un vrai cauchemar où reignent, en maître, misère, faim et malheur, où guette, d’un œil obscur, un sombre avenir.

Enfin, j’espère un jour que tous ceux qui sont partis à l’étranger emportant tant de souvenirs, tant de regrets, reviendront, unis par une même flamme, un même désir, celui de rebâtir ce pays qui a enduré tant de douleur, tant de catastrophes, tant de déchirures...

Que Dieu protège notre patrie intemporelle et immortelle, le Liban, phénix qui renaîtra toujours de ses cendres, et cela jusqu’à la fin des temps.

14 ans

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour. Merci de limiter vos textes à un millier de mots ou environ 6 000 caractères, espace compris.


Cher peuple libanais, J’écris en ce jour cette lettre les mains tremblantes, les larmes chaudes ruisselant sur le papier. Je me sens si lâche, je me sens si faible. En un seul instant, mes idéaux, mes rêves, mes promesses sont soudainement abandonnés à chaque gouttelette de sang offerte à ce pays, à chaque grain de terre perdu, cette terre dont la valeur est égale à celle des plus grands trésors du Paradis, à chaque valeur et chaque réflexion héritées des plus grands de ce pays avec lesquels j’ai grandi. Est-ce si simple d’être poignardé du fond du coeur ? Est-ce si simple de ne plus admirer le soleil couchant sur la côte ou de ne plus vivre au rythme des soirées estivales de Beyrouth, de ne plus sentir les champs d’agrumes du Sud, de ne plus toucher les pierres milliénaires des sites archéologiques de...
commentaires (0) Commenter

Commentaires (0)

Retour en haut