La juge d'instruction militaire, Najat Abou Chakra, a émis mercredi un mandat d'arrêt contre la militante Kinda el-Khatib, dans le cadre des poursuites lancées contre cette dernière par le parquet militaire pour collaboration avec Israël.
Ce mandat d'arrêt a été publié après l'interrogatoire mené par la juge Abou Chakra, qui a duré plus de deux heures, selon l'Agence nationale d'Information (Ani, officielle).
Plus tôt dans la journée, des proches de la militante avaient organisé un sit-in devant le tribunal militaire à Beyrouth, appelant à ce qu'elle soit innocentée et libérée. Un rassemblement similaire a été organisé en parallèle devant le palais de justice de Beyrouth, afin de réclamer la libération de tous les militants arrêtés ces derniers mois par les forces de sécurité.
Demande de transfert devant un tribunal civil
De son côté, le bureau de l'ONG Amnesty International au Liban a critiqué les procédures lancées par la justice libanaise contre la militante, et notamment le fait qu'elle soit jugée par un tribunal militaire. "Le droit international refuse le jugement de civils devant les tribunaux militaires, quelles que soient les accusations lancées contre eux", écrit l'ONG dans un communiqué publié notamment sur sa page Facebook. Amnesty International a dans ce cadre demandé à ce que les autorités judiciaires libanaises "défèrent immédiatement" cette affaire devant la justice civile.
Mme el-Khatib, est connue pour sa position hostile au Hezbollah et au chef de l’État Michel Aoun. Elle fait l’objet de poursuites lancées lundi par le parquet, après avoir été arrêtée à son domicile à Halba (Akkar) par la Sûreté générale, jeudi dernier.
Suivant des informations qui ont fuité, la jeune militante aurait profité de ses relations présumées avec un journaliste israélien pour faciliter à un expert économique, Charbel Hajj, une intervention dans une émission télévisée israélienne, selon des sources médiatiques, qui affirment que ce dernier ferait l’objet d’un mandat d’arrêt par défaut. Selon les mêmes sources, Kinda el-Khatib serait quant à elle entrée en Palestine occupée en janvier dernier par l’intermédiaire du journaliste précité.
Certains observateurs n'ont pas manqué de faire le lien entre cette affaire et celle du dramaturge et acteur libanais Ziad Itani, arrêté en 2017 pour avoir, selon la sécurité libanaise, "collaboré et communiqué" avec l'Etat hébreu. Détenu pendant plusieurs mois, il avait été finalement innocenté et relâché en mars 2018. Une responsable de la police libanaise avait alors été inculpée pour son rôle présumé dans la falsification d'accusations à l'encontre de l'acteur.
commentaires (3)
J appelle avec respect le bâtonnier de Beyrouth Me Khalaf De protéger cette militante et de faire valoir le droit international à savoir ,transférer ce dossier à un tribunal civil et non militaire . Bientôt on aura peut être une Stasi. Au Liban ......
Robert Moumdjian
04 h 02, le 25 juin 2020