Malgré les intentions de boycott annoncées par plusieurs représentants politiques invités à la réunion de dialogue convoquée jeudi à Baabda sous la houlette du chef de l'Etat, Michel Aoun, la présidence persiste, jusqu'à nouvel ordre, à la maintenir.
Convoquées à l'initiative du président de la République et inspirées notamment par le président de la Chambre Nabih Berry, les assises nationales de Baabda sont destinées à "examiner et débattre de la situation politique générale pour sauvegarder la stabilité et la paix civile, dans le but de prévenir tout débordement aux conséquences graves et destructrices pour la patrie, spécialement à l’ombre d’une situation économique, financière et sociale sans précédent au Liban", relèvent les invitations adressées la semaine dernière par la présidence. Toutefois, cette initiative ne fait toujours pas l'unanimité parmi les personnalités et formations conviées.
Au lendemain du boycott de la réunion officiellement annoncé par les anciens Premiers ministres sunnites, c'est le chef des Marada, le leader maronite du Nord Sleimane Frangié, qui a ainsi fait part mardi de son intention de ne pas prendre part à cette réunion. "Nous ne participerons pas à la rencontre de Baabda après-demain jeudi", a écrit le leader chrétien sur son compte Twitter. Cependant, a-t-il nuancé, "nos vœux de réussite accompagnent ceux qui s'y rendront, dans leurs efforts pour redresser la situation économique, sécuritaire et les conditions de vie, ainsi que pour trouver les solutions espérées".
Peu avant, l'ancien chef de l'Etat Amine Gemayel, qui avait précédemment fait savoir qu'il ne participerait pas à ces assises, a appelé au report de la rencontre, dont il faut revoir, selon lui, les "priorités".
Pour sa part, le chef des Kataëb, Samy Gemayel, a annoncé lors d'une conférence de presse qu'il ne participerait pas à la réunion, estimant que ses objectifs sont "déplacés" face à la crise. "Le président aurait dû lancer une invitation avec un ordre du jour socioéconomique qui répond aux questions des gens", a-t-il estimé.
De leur côté, les Forces libanaises de Samir Geagea ont fait savoir qu’elles se prononceraient mercredi sur leur participation.
Les préparatifs se poursuivent
Ces retraits annoncés font craindre un report, voire une annulation de cette réunion. Baabda a toutefois affirmé dans la journée que les préparatifs se poursuivaient. "Les équipes du palais présidentiel poursuivent les préparatifs en vue de la 'rencontre nationale'", a affirmé la présidence de la République sur son compte Twitter, rappelant que la réunion a été convoquée par le président Aoun après les "inquiétants développements sécuritaires qui se sont produits à Beyrouth et Tripoli il y a deux semaines et qui ont failli menacer la stabilité et la paix civile dans le pays", en référence à des émeutes et des actes de vandalisme qui ont secoué les deux villes.
Selon la chaîne LBCI, plusieurs visiteurs qui ont été reçus par le chef de l'Etat mardi ont affirmé que "la réunion se tiendra à midi, jeudi, et ceux qui la boycottent en assument la responsabilité". Ces visiteurs ont affirmé qu'"il s'agit d'une occasion nationale et non d'un événement social, pour plancher sur un sujet qui inquiète les Libanais, à savoir les développements sécuritaires à Beyrouth et Tripoli". Ils ont ajouté que la rencontre sera divisée en trois grands axes : le suivi de la situation politique générale dans le pays, la nécessité d'un apaisement dans tous les domaines et l'importance de préserver la paix civile. Et de préciser que les participants pourront également proposer d'autres sujets complémentaires aux objectifs annoncés.
Le groupe parlementaire aouniste, principalement constitué de députés du Courant patriotique libre (CPL) fondé par le président Aoun, a regretté les désistements de certaines figures politiques, estimant que ces assises sont "une bonne opportunité de discuter de questions essentielles". "L'invitation lancée par le président Michel Aoun constitue une bonne opportunité pour discuter de questions essentielles liées à la stabilité de l’État et à la préservation de la paix civile", ont estimé les députés. Dans un communiqué publié à l'issue de leur réunion hebdomadaire, ils se sont désolés de l'absence à cette réunion de certains responsables "qui jugent négativement cette rencontre avant même qu'elle n'ait lieu, au lieu de penser qu'elle permettra d'élaborer des solutions aux crises". "Nous espérons que le chef de l’État mettra tout le monde devant ses responsabilités nationales" lors de ces assises, a ajouté le groupe parlementaire.
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La bande d’Ali Baba a eu une idée lumineuse de se réunir avec elle même pour donner son accord à ses propres décisions dans un pays dit démocratique. On applaudit des deux mains les personnes qui seront présentes pour enterrer le peu qui reste de notre souveraineté et de notre dignité. Nous avons la liste des noms ils ne pourront pas le nier à l’heure des comptes.
Sissi zayyat
15 h 17, le 24 juin 2020